La médisance dérive de l'amour-propre plus que de la méchanceté. C'est pour nous élever que nous abaissons le voisin.
L'Histoire est la grande consolatrice. C'est elle qui nous enseigne à envisager sans appréhension l'avenir et sans amertume le présent. Si elle nous parle des douloureuses épreuves que notre chère patrie a trop souvent traversées, elle nous rappelle que la France s'est toujours relevée glorieuse après les plus terribles revers. Si elle nous dit que de tout temps on a vu la force opprimer le droit, la persécution frapper les humbles et les justes, le crime et la duplicité s'emparer de la puissance, elle nous montre aussi les aspirations éternelles des hommes vers la justice.
Regarder le passé console parfois des tristesses et des misères du présent.
Quand une jolie femme vous offre son amitié, c'est qu'elle ne vous aime pas.
En ce monde il faut oublier ou pardonner.
Il faudrait avoir de l'esprit pour s'apercevoir qu'on est bête.
L'esprit des gestes fait valoir l'esprit des paroles.
On confesse volontiers les péchés flatteurs.
Un amoureux est un homme qui se met à quatre pattes en croyant n'être qu'à genoux.
On n'a pas d'amour-propre vis-à-vis de soi-même : on sait trop à quoi s'en tenir !
Nous montrer flatté, c'est laisser voir qu'au fond nous ne croyons pas mériter l'hommage qui nous flatte.
Il entre toujours dans l'orgueil un peu de vanité.
Dans une confession on raconte ses péchés ; dans une confidence on raconte ceux des autres.
Les contemporains jugent un ouvrage comme un auteur juge son œuvre en s'y recherchant eux-mêmes. Ils s'y plaisent s'ils s'y retrouvent.
Lire un livre, c'est broder sur le thème proposé par l'auteur des variations que l'on tire de soi, et qui seules font l'intérêt de la lecture. Les livres dont il faut s'assimiler les données sans y rien ajouter de soi, on les consulte, on ne les lit pas.
Un homme qui nous ressemble nous parait notre caricature.
La musique d'amateurs ravit ceux qui l'exécutent et fait souffrir ceux qui l'entendent. L'exécutant écoute avec son imagination, les auditeurs avec leurs oreilles.
Notre sympathie instinctive est comme un verre coloré à travers lequel notre raison +entrevoit les hommes. Aussi notre jugement sur eux est-il toujours un portrait flatté ou une caricature : c'est une étude où l'on retrouve plus encore le peintre que le modèle.
C'est pour soi qu'on se sacrifie. On prétend choisir et mesurer soi-même son sacrifice.
C'est pour soi qu'on aime. Nous voulons que l'objet de notre affection impérieuse soit heureux, non selon ses goûts, mais selon les nôtres. Nous souffrons quand il est heureux sans nous, ou par un autre que nous.
Notre moi déborde jusque dans nos bienfaits.
L'amour est l'exaspération féroce de l'égoïsme.
L'amour et la haine font souffrir, mais l'amour est préférable il passe plus vite.
La sottise se croit très habile, et ne doute de rien.
Pour guérir ta haine, fais du bien à ton ennemi.
L'habitude est une douce amie qui devient vite une ennemie.
En morale comme en comptabilité je dois ce que j'ai reçu, j'ai ce que j'ai donné.
Il faut aimer les autres malgré leurs défauts, comme on s'aime soi-même malgré les siens.
Celui qui n'agit que dans la crainte d'être méprisé, est un être méprisable.
Il peut y avoir des génies sans talent, mais ils restent stériles.
Styliste : Écrivain plus occupé de sa phrase que de sa pensée.
L'art pour l'art, c'est parler pour ne rien dire.
Toute révolution se résume dans un déplacement de propriété et un déplacement de vanité.
Le droit a pour première origine un fait imposé par la force, accepté par la résignation et consacré par le temps. Quand les privilégiés qui possèdent le droit sont devenus faibles et que les déshérités sont devenus forts, une révolution rétablit un instant l'état de nature, et crée, en faveur de ceux qui sauront le conquérir et le défendre, un nouveau droit, bientôt aussi légitime que celui qui résultait des luttes antérieures.
Il y a des polichinelles pour tous les âges.
Le vieillard tient à être choyé plus qu'à être aimé.
On n'est ridicule que quand on l'est sans le savoir.
On devient gênant quand on est gêné, comme quand on ne se gène pas.
Qu'est-ce que le succès ? Un peu de bruit autour du héros, qui croit l'univers occupé de lui ; plus loin, quelques mots indifférents ; au-delà, le silence.
Faire la leçon aux autres n'est pas de la franchise, mais de l'orgueil.
Entrez sans être attendu dans un salon où l'on parle de vous. Chacun se tait avec inquiétude, et si la maîtresse de la maison essaie de vous répéter ce qui vient d'être dit, elle ne manque jamais de l'arranger un peu, tant il semble impossible que vous puissiez, sans en être froissé, entendre les réflexions que font sur vous en votre absence vos meilleurs amis.
Quand les amis de notre ami nous parlent de lui, c'est pour gémir avec nous de ses défauts.
De toutes les formes repoussantes que peut prendre l'amour de l'or, la plus haïssable, parce qu'elle est la plus dangereuse pour les autres, ce n'est pas l'avarice, c'est l'avidité.
On croit donner mieux quand on donne beaucoup.
Le pauvre est plus volontiers secourable que le riche, on ne lui demande que sa peine.
Quand tout a changé autour d'un homme, c'est lui que le monde accuse d'avoir changé.
La pudeur, c'est le sentiment du papillon qui ne veut pas que son aile soit même effleurée.
Quand un homme dit souvent « Je ne sais pas cela » il y a des chances pour qu'il soit très instruit.
Le théoricien se perd dans ce qui devrait être : l'homme pratique se préoccupe de ce qui est.
L'esprit paradoxal saisit dans une question le côté le plus imprévu,l'isole de tous les autres, et en tire imperturbablement des conséquences logiques et fausses.
L'amour de Dieu est la seule affection qui ne dépende que de nous. Aussi est-ce la seule qui ne nous trompe jamais.
Sachons voir à travers les choses de la terre ce qu'elles laissent transparaître du ciel.
Pour connaître l'homme, regardons l'enfant, que l'éducation n'a pas encore dressé à déguiser son égoïsme.
Il y a plus de lacunes dans un grand esprit que dans un grand cœur.
La première punition du coupable est la nécessité d'accepter la faute, pour l'expier ou pour la continuer.
Toute faute oblige le coupable à parler autrement qu'il ne pense, à agir autrement qu'il ne veut. Elle le condamne au mensonge, jusqu'au moment où elle est acceptée, soit par la chute complète, soit par l'expiation.
La vie se passe à choisir : malheur à qui manque de décision, la vie choisit pour lui.
Il y a des gens qui ne sont que des reflets.
Le rêve, c'est le Moi qui pense oublié par le Moi qui veut.
Rarement l'amitié se change en amour, mais dans l'amour il y a toujours un peu d'amitié, qui survit si la flamme s'est éteinte doucement.
L'amitié est le charme de la vie ; l'amour est la vie même.
Savoir aimer, ce serait aimer pour ce qu'on aime au lieu d'aimer pour soi.
Chaque fois qu'on aime, on croit être à son premier et à son dernier amour.
Sans illusions il n'y aurait pas d'amours. Sans illusions il n'y aurait pas de mariages, pas même de mariages de raison.
Le pardon a vu et mesure la faute ; l'indulgence refuse de la voir.
On se fait un mérite d'être indulgent ; on ne se fait aucun scrupule de ne pas être bienveillant.