D'où vient que la vertu court, s'épuise et s'expose ? C'est pour guérir les maux dont le vice est la cause.
Tout trahit nos projets, tout sert à les confondre : de nos seules vertus nous pouvons nous répondre.
Le soupçon, dans les cœurs, n'est que trop légitime ; c'est là qu'un grand secret n'est souvent qu'un grand crime.
Nos songes sont souvent des délateurs secrets, de nos vœux les plus sourds confidents indiscrets.
Pour moi d'un long sommeil l'heure à grands pas s'avance ; il est terrible au crime et doux à l'innocence.
Hélas ! d'un malheureux la prudence est extrême ; et son secret souvent n'est que son malheur même.
Un revers peut soudain tromper notre espérance, et même contre nous tourner notre puissance.
Après de longs travaux notre âme et notre cœur ont besoin de repos.
Le sommeil, en calmant les plus violents transports, assoupit tout dans l'homme, excepté le remords.
L'homme de sa raison doit toujours faire usage : il doit faire céder la souffrance au courage.
Tout est soumis, pour plaire à des règles prescrites, et veut qu'on se renferme en de justes limites.
L'homme, au premier aspect des maux qu'il doit souffrir, se rejette en arrière, et demande à mourir.
Le droit des malheureux est de mêler leur peine et de gémir entre eux.
Qui sait lorsque le sort nous frappe de ses coups, si le plus grand malheur n'est pas un bien pour nous.
Le luxe corrupteur, de mollesse abattu, court d'excès en excès, foule aux pieds la vertu.
Sans un Dieu tout est mort, le monde est arrêté ; et mon premier besoin, c'est l'immortalité.
Un esprit vaste et fait pour l'immortalité, partout, dans l'univers, voit la divinité.
Souvenez-vous, mon fils, que c'est l'humanité qui sert de premier culte à la divinité.
L'homme des villes court, se plaint et se tourmente, mais j'entends au hameau la pauvreté qui chante.
L'homme est compatissant, il n'est point né barbare ; des monstres, grâce au ciel, la nature est avare.
Des vieux garçons mourants, des vieux célibataires, les fripons, de tous temps, sont nés les légataires.
O femmes ! quel pouvoir vous fut donné sur nous ! nous naissons vos amants, nous mourrons vos époux.
Il est des jours d'ennui, d'abattement extrême, où l'homme le plus ferme est à charge à lui-même.
Un mortel généreux connaît mal l'imposture ; aisément dans un autre il croit voir sa droiture.
Ayons dans la douleur la fermeté de l'homme et celle du malheur.
Partout de la douleur on trouve les images ; l'amour a ses tourments, l'amitié ses outrages.
Sans interpréter de bizarres mensonges, remplissons nos devoirs, et dédaignons les songes.
Au fond de son tombeau trop heureux le mortel qu'un jour de plus, peut-être, eût rendu criminel.
C'est pour ne craindre rien qu'il faut toujours songer que tout peut-être à craindre et cacher un danger.
Heureux celui qui peut consoler la vieillesse, et dans la force de l'âge assister la faiblesse.
Tant que nous respirons, le ciel, à nos alarmes, d'un bonheur quel qu'il soit laisse entrevoir les charmes.
D'être heureux en naissant l'homme apporte l'envie ; mais il n'est point, dit-on, de bonheur dans la vie.
Le bien qu'on croit caché sort de la nuit obscure, et le ciel tôt ou tard le paie avec usure.
Hélas ! de l'avenir vains juges que nous sommes ; ignorer et souffrir, voilà le sort des hommes.
Des pères irrités la menace est terrible, mais leur cœur, grâce au ciel, n'est jamais inflexible.
Veiller, régner sur soi, fuir ou vaincre le vice, voilà de la vertu le plus noble exercice.
Le Ciel, dans nos douleurs, sur nos jours passagers sème au moins quelques fleurs.
Mes malheurs m'ont appris à plaindre ceux des autres.
L'amour embellit tout, le présent, l'avenir.
Que l'aspect d'un ingrat fait souffrir la nature.
Tous les soins d'une femme ont un charme si doux !
Le cœur le plus tendre et le plus généreux ne nous préserve pas d'un destin malheureux.
Les malheureux sont des êtres sacrés vers lesquels sans efforts nos cœurs sont attirés.
L'enfance à des charmes si doux.
Du bonheur les jours purs et sereins rarement sur la terre ont lui pour les humains.
L'erreur de nos soupçons est souvent sans retour.
C'est cesser de souffrir que de quitter la vie.
L'amour, fier de ses droits, comme la liberté, rend l'homme à la nature, à son égalité.
Aux dépens de son peuple on n'est point généreux.
L'amour traîne souvent quelque crainte à sa suite.
Le bonheur est le but où tout mortel aspire, et le chemin des moeurs peut seul nous y conduire.
Jamais de leurs bienfaits les mortels généreux n'espèrent aucun prix, ils sont payés par eux.
Quand le sort une fois a marqué sa victime, rien ne change l'arrêt, injuste ou légitime.
Eh ! qui pourrait compter les bienfaits d'une mère ? À peine nous ouvrons les yeux à la lumière, que nous recevons d'elle, en respirant le jour, les premières leçons de tendresse et d'amour.
Les cœurs les plus ardents ont leur mélancolie.
L'immortalité, quand le juste succombe, comme un astre naissant se lève sur sa tombe.
Qu'il est doux, quand le cœur de ses ennuis pressé lève à peine le poids dont il est oppressé, de rencontrer un cœur qui sente nos alarmes, qui plaigne nos douleurs et s'unisse à nos larmes !
La jeunesse est souvent la saison des douleurs.
Le travail chasse l'ennui.
Si l'on plaint d'un vieillard le sort infortuné, on plaint également l'enfant abandonné.
La force trop souvent n'égale pas le zèle.
Il est certains moments à saisir dans la vie.
Mes bienfaits ont toujours cherché mes ennemis, et mon sort fut toujours d'accabler mes amis.
Notre bonheur n'est qu'un malheur plus ou moins consolé.
Heureux qui, entre sa femme et ses enfants, dans le sein de la paix voit écouler ses ans.
Sur sa propre innocence un mortel affermi a sa vertu pour juge, et le Ciel pour ami.
Les traits d'humanité sont écrits dans les cieux.
Pour vivre heureux, il faut sentir le prix du bien que l'on possède.
De l'affreux égoïsme est né le célibat.
Heureux les fils qui ont eu dans leur père un modèle.
Le bien rend en bonheur cent fois plus qu'il ne coûte.
Le grand art d'être heureux n'est que l'art de bien vivre.
Importuner ! voyez-vous comme ce mot est impropre entre deux amis !
Il n'y a point de plaisir qui n'ait sa douleur.
Heureux qui, dès l'enfance, n'a jamais séparé l'amour de l'innocence.
Tout cœur sensible et sage va droit au mariage. Vous soupirez : mais est-ce un si grand mal quand on aspire à l'anneau conjugal ?
Je suis libre, dit-il ; et la loi, juste et sage, n'a forcé jusqu'ici personne au mariage.