Les prières et les supplications ont quelquefois le pouvoir d'appeler l'amour, mais elles n'ont jamais celui de le rappeler.
Les femmes sont quelquefois moins décidées à aimer par le mérite de leurs amants que par celui de leurs rivales.
La paresse étouffe plus de talents que l'activité n'en développe.
La paresse est la clé de la pauvreté.
Le véritable scepticisme est de douter du scepticisme même.
Quand on croit aimer une personne, c'est sa présence qui nous trompe ; quand on l'aime véritablement, c'est son absence qui nous en instruit.
Il ne sert de rien de taire un secret lorsqu'on le montre.
Un défaut ne nuit qu'à nous ; un vice nuit à nous et aux autres ; une qualité ne sert qu'à nous, une vertu sert à nous et aux autres.
Quand on a le secret d'être heureux, il ne faut pas le garder.
Défions-nous du bonheur : il faut agir avec un pareil ami, comme s'il devait être un jour notre ennemi.
Hommes qui calomniez les femmes ! ah ! sans doute, une mère ne prit point soin de votre enfance.
La flexibilité vient plus de force que de faiblesse, puisqu'elle nous fait ployer quand nous le voulons, et la faiblesse, quand les autres le veulent.
Notre siècle est si éclairé que nous avons cessé de croire aux sibylles et aux oracles ; il n'y a plus que les tireuses de cartes qui fassent fortune.
Voulez-vous être vengés d'un méchant homme ? Prenez patience.
Il est rare qu'il ne manque pas quelque chose aux qualités de ceux qui se plaignent qu'elles leur sont funestes.
On ne jouit qu'une fois du plaisir de se venger, on jouit toujours de l'idée de ne s'être pas vengé.
Il est faux de dire qu'on ne se donne jamais la constance ; et comme il en est une qui vient du tempérament ou de l'habitude, il en est une autre que nous pouvons tirer des lumières de notre raison et de cette connaissance des personnes et des choses, qui fait qu'on s'attache aux meilleures, et qu'on s'y tient.
Ce n'est pas avec des paroles que la confiance doit se demander.
Celui qui, après avoir été homme de bien, a cessé de l'être, est plus dangereux que celui qui ne l'a jamais été.
Nous sommes moins souvent conduits à nous aimer exclusivement par un égoïsme qui nous soit propre, que par celui que nous supposons dans les autres.
L'esprit ne peut être juste, si le cœur n'est droit.
Personne ne se croit plus d'esprit que celui qui n'a rien de mieux.
On n'a pas toujours de la reconnaissance pour les services qu'on a acceptés, mais il est bien rare qu'on en manque pour ceux qu'on a refusés.
Quand les grandes passions dorment, les petites se mettent en mouvement.
Les hommes aiment qu'on leur dise leurs vérités, mais un homme n'aime pas qu'on lui dise les siennes.
Dans l'extrême jeunesse, on vit trop hors de soi ; dans la vieillesse, trop en soi : l'âge mûr allie ces contraires.
Le silence est la parure et la sauvegarde de la jeunesse.
La plus grande étendue d'esprit ne met pas à l'abri des préventions.
La difficulté que nous avons à nous condamner devrait nous guérir de notre facilité à blâmer les autres.
C'est toujours un travers d'esprit que d'affecter des qualités qu'on n'a pas, mais c'en est un plus grand encore que d'affecter celles qu'on ne devrait pas avoir.
La morale est l'hygiène de l'âme.
Celui à qui l'expérience a appris à se défier des autres est malheureux ; celui qui a puisé cette leçon dans son cœur est coupable.
Celui qui craint de reprendre un défaut dans son ami s'est emparé d'une profession dont il ignorait les devoirs.
Le plus grand effort du jugement est d'en refuser à qui nous loue.
Un ennemi est un précepteur qui ne nous coûte rien.
Si Dieu n'a pas écrit dans les nuages : Espérez ou craignez, il l'a écrit dans nos cœurs.
Les sots servent bien moins aux plaisirs des gens d'esprit que les gens d'esprit aux plaisirs des sots.
Au fond du cœur des méchants est dressé leur échafaud.
On ne peut jamais trop se presser de se taire devant l'homme toujours pressé de parler.
Le ridicule se montre à le chercher en toutes choses.
La véritable reconnaissance n'attend que des occasions importantes pour éclater.
La raison est une montre dont l'aiguille marche sans qu'on s'en aperçoive ; si quelquefois elle s'arrête, il y a toujours au-dedans de la montre un ressort qu'il suffit de mettre en action pour donner du mouvement à l'aiguille.
L'erreur de ceux qui n'ont que de la prudence est de la croire supérieure à tout.
Le droit que nous avons de nous plaindre de quelqu'un nous ôte le pouvoir de le juger.
Nul ne peut se flatter de n'avoir jamais donné à personne de justes sujets de se plaindre.
Comptons moins sur les remords des méchants pour nous venger d'eux que sur leurs passions.
La paresse émousse toutes les armes dont on pourrait la combattre.
L'utilité morale d'une opinion est la plus forte présomption de son évidence.
La pensée de la mort, qui décourage les hommes ordinaires, n'est pour les grands hommes qu'un avertissement de se hâter.
Rien de plus opposé à l'esprit que la moquerie, puisque rien n'annonce plus l'ignorance de ce qu'on doit aux autres et à soi-même.
Ceux qui, pour faire croire à leur modestie, ou éprouver l'opinion d'autrui, affectent d'avouer des défauts qu'ils ne se croient pas, ne méritent pas qu'on les démente.
Il y a deux sortes de modestie : l'une naturelle, qui est l'effet de notre ignorance sur ce qui nous distingue ; et l'autre, que produisent nos lumières en nous éclairant sur ce qui nous manque.
On s'occupe rarement de ceux qu'on méprise, mais on veut toujours paraître mépriser ceux qu'on hait.
Ce qui empêche les menteurs de pouvoir se corriger, c'est qu'ils tirent vanité de leurs mensonges.
Le menteur ne trompe habituellement que lui.
Quoiqu'on se plaigne de la mémoire en général, on veut toujours, dans les occasions particulières, en avoir plus qu'un autre.
Le mécontentement que nous avons quelquefois de nous-mêmes devrait diminuer notre surprise du mécontentement que les autres ont souvent de nous.
Lors même que nous sommes convaincus du peu de sincérité de ceux qui nous louent, nous leur savons gré du désir de nous plaire qu'ils montrent, et de l'exemple qu'ils donnent.
Ce qui diminue quelquefois l'impression qu'on reçoit des louanges ingénieuses, c'est qu'elles louent plus ceux qui les donnent que ceux à qui elles sont adressées.
C'est un danger d'être trop loué, on ne fait plus rien pour l'être.