Les vains déguisements d'un pénible artifice bientôt laissent percer les grimaces du vice.
La vertu d'elle-même est partout respectable ; vous doublez son empire en la rendant aimable.
On sent que la justice est un besoin de l'âme ; la défense est de droit, la vengeance est infame.
Un injuste soupçon peut tromper votre cœur, et la prudence humaine est sujette à l'erreur.
Si la loi peut jamais verser du sang humain, c'est quand le criminel en a souillé sa main.
Il faut en venir tard à des coups de vigueur, et l'on doit condamner l'excès de la rigueur.
Ah ! que de la raison les importants avis, malgré tous nos efforts sont lentement suivis.
Montrez-vous moins injuste envers la Providence : elle aura soin de vous ; comptez sur sa clémence.
Détruisez, renversez ces abus sacrilèges, tous ces vols décorés du nom de privilèges !
La voix du préjugé se fait moins écouter : l'esprit humain s'éclaire ; il commence à douter.
Les Dieux, les lois, c'est par là qu'on séduit ; et c'est avec des mots que le peuple est conduit.
Chaque peuple a sa loi, ses dogmes, ses martyrs, ses prophètes, sa foi.
Craignez ces passions qu'un long remords expie ; l'ambition, l'orgueil, le fanatisme impie.
Ah ! l'orgueil est à plaindre ! il ne sait pas aimer : dans l'homme son égal, l'homme doit s'estimer.
Il faut mépriser ces vains droits de noblesse que la force autrefois conquit sur la faiblesse.
La pitié qu'on inspire adoucit les malheurs.
La nature aux mortels n'a point donné d'entraves ; elle n'a point créé des tyrans, des esclaves.
Dans le champ de la vie il faut semer des fleurs ; et c'est nous, trop souvent, qui faisons nos propres malheurs.
Les lois, les mœurs antiques, sont l'appui de l'Etat dans les choses publiques.
Que la loi règne seule et fonde parmi nous, le bonheur de l'Etat sur la grandeur de tous.
Ah ! des plus vils tyrans si le sort est complice, que devient désormais l'éternelle justice ?
Deux cœurs infortunés qu'a séparés l'orage, se rapprochent encore au sein de leur naufrage.
N'oublions jamais que, sans l'humanité, il n'est point de loi juste et point de liberté.
On ne fait point la paix un poignard à la main ; et l'intérêt d'un homme est toujours d'être humain.
Ce n'est point d'un hasard que doit rougir mon front ; mon sort est un malheur et non pas un affront.
Près du peuple, souvent, quand la haine dénonce, la haine écoute encor, la haine encor prononce.
Ah ! parmi ces flatteurs, émules d'infamie, une tête innocente est bientôt ennemie.
Hélas ! à chaque instant, sur la moindre apparence, un cœur infortuné ressaisit l'espérance.
L'erreur n'est pas un crime aux yeux de l'Eternel ; n'exigez donc pas plus que n'exige le ciel.
Sur la plus noble cause vainement quelquefois l'équité se repose.
On hait et l'on méprise un fantôme de roi qui craint et qui se venge en répandant l'effroi.
Penser est dangereux ; raisonner, inutile ; croire c'est ce qu'il faut, croire est bien plus facile.
La vertu des mortels n'est pas dans leur croyance ; elle est dans la justice et dans la bienfaisance.
La conscience est libre : on ne peut rien sur elle ; quand la bouche obéit, l'âme est encore rebelle.
Le fer des assassins, le glaive de la loi, à des conspirateurs n'inspirent point d'effroi.
Tout citoyen doit librement user et du droit de défendre et du droit d'accuser.
Le bienfait pieux est le plus pur encens qu'on puisse offrir aux dieux.
De l'oubli des bienfaits pourquoi faire une étude ? Pourquoi sanctifier jusqu'à l'ingratitude ?
Le vaisseau pressé des vents et de l'orage sans un pilote habile est certain du naufrage.
Les censeurs sont des eunuques qui n'ont qu'un seul plaisir, celui de faire d'autres eunuques.
Le droit des citoyens est égal. Un citoyen doit être libre en ce qui ne nuit pas au droit d'autrui. Par conséquent, il doit être libre de publier sa pensée.
Empoisonner le fer qui vous perce le sein, c'est le talent d'un lâche et l'art d'un assassin. Les calomniateurs, je le sais bien, ne manquent point d'amis ardents à les défendre ; pour un esprit mal fait leur genre a des appas ; mentir est le talent de ceux qui n'en ont pas.
Le petit nombre d'hommes invariablement attachés aux principes ne peut vaincre par la raison les passions du plus grand nombre.
Que de gens par la haine et l'orgueil séparés vivraient fort bons amis s'ils s'étaient rencontrés !
L'amitié de mon frère est un besoin pour moi.
Quand un peuple asservi combat ses oppresseurs, aussi bien que la paix, la guerre a ses douceurs.
Quand le juste opprimé périt sans défenseur, la honte doit tomber sur le juge oppresseur.
Que la loi règne seule, et non pas la vengeance.
L'homme souffre, et toujours souffrira : c'est là son sort.
Il vaut mieux être enfin l'innocent abattu, mourant dans les tourments, mais avec sa vertu, épuisant les horreurs d'un arrêt tyrannique, que le juge souillé d'un jugement inique.