J'ai connu la haine, le mépris, la décrépitude et différentes choses dans ma vie ; j'ai même connu de brefs moments d'amour. Rien ne survivra de moi, et je ne mérite pas que rien me survive ; j'aurai été un individu médiocre, sous tous ses aspects.
Chacun d'entre nous a beau avoir une certaine capacité de résistance on finit tous par mourir d'amour, ou plutôt d'absence d'amour, c'est au bout du compte inéluctablement mortel.
Qu'est-ce qu'un chien, sinon une machine à aimer ? On lui présente un être humain, en lui donnant pour mission de l'aimer – et aussi disgracieux, pervers, déformé ou stupide soit cet homme, le chien l'aime.
Il n'y a pas d'amour dans la liberté individuelle, dans l'indépendance, c'est tout simplement un mensonge, et l'un des plus grossiers qui se puisse concevoir ; il n'y a d'amour que dans le désir d'anéantissement, de fusion, de disparition individuelle, dans une sorte comme on disait autrefois de sentiment océanique, dans quelque chose de toute façon qui était, au moins dans un futur proche, condamné.
Dans la vie du couple, le plus souvent, il existe dès le début certains détails, certaines discordances sur lesquelles on décide de se taire, dans l'enthousiaste certitude que l'amour finira par régler tous les problèmes.
Le monde extérieur est dur, impitoyable aux faibles, il ne tient presque jamais ses promesses, et l'amour reste la seule chose en laquelle on puisse encore, peut-être, avoir foi.
Le monde social est une machine à détruire l'amour.
L'amour à une sorte de rêve à deux, avec des petits moments de rêve individuel, des petits jeux de conjonctions et de croisements, mais qui permet en tout cas de transformer notre existence terrestre en un moment supportable – qui en est même, à vrai dire, le seul moyen.
Chez la femme l'amour est une puissance, une puissance génératrice, tectonique, l'amour quand il se manifeste chez la femme est un des phénomènes naturels les plus imposants dont la nature puisse nous offrir le spectacle. Il est à considérer avec crainte, c'est une puissance créatrice du même ordre qu'un tremblement de terre ou un bouleversement climatique.
Les femmes comprennent mal ce qu'est l'amour chez les hommes, elles sont constamment déconcertées par leur attitude et leurs comportements, et en arrivent quelquefois à cette conclusion erronée que les hommes sont incapables d'aimer.
Les qualités intellectuelles n'ont guère d'importance dans une relation amicale, encore moins dans une relation amoureuse, elles ont bien peu de poids par rapport à la bonté du cœur.
Je ne suis pas traversé par des idées de suicide, la mort ne m'intéresse pas.
L'homme est un infirme affectif, incapable d'intérêt pour les autres, de compassion ou d'amour.
L'argent et le pouvoir sont des passions qui s'éteignent lentement.
J'ai bien des fois quand j'étais enfant (chaque fois en réalité que je me suis retrouvé au milieu d'un groupe de jeunes mâles) assisté à ce hideux processus de désignation d'une victime que le groupe va ensuite pouvoir humilier et insulter à volonté – et je n'ai jamais eu aucun doute sur le fait qu'en l'absence d'une autorité supérieure, celle plus précisément des profs ou des flics, les choses seraient allées beaucoup plus loin, jusqu'à la torture et au meurtre.
Les mouvements d'un unijambiste ont quelque chose de capricieux et d'imprévisible ; il est un peu au marcheur normal ce que le ballon de rugby est au ballon de football.
Marcher sur ses deux jambes, si l'on veut aller vite et loin, c'est préférable.
Il suffit d'avoir prévu de s'amuser dans une fête pour être certain de s'emmerder.
On continue de tutoyer ses anciennes copines, mais on remplace le baiser par la bise.
J'aime mon fils, s'il avait un accident, s'il lui arrivait malheur, je ne pourrais pas le supporter.
Il y a en moi une forme de sincérité perverse : je recherche avec obstination, avec acharnement, ce qu'il peut y avoir en moi de pire afin de le déposer, tout frétillant, aux pieds du public – exactement comme un terrier dépose un lapin ou une pantoufle aux pieds de son maître.
À force de provoquer le provocateur ne pense plus, n'est plus.
Mon désir de déplaire dissimule un insensé désir de plaire.
Il existe des amours parfaits, accomplis, réciproques et durables. Durables dans leur réciprocité. C'est là un état suprêmement enviable, chacun le sent ; pourtant, paradoxalement, ils ne suscitent aucune jalousie. Ils ne provoquent aucun sentiment d'exclusion, non plus. Simplement, ils sont. Et, du même coup, tout le reste peut être.
La sentimentalité améliore l'homme, même quand elle est malheureuse. Mais, dans ce dernier cas, elle l'améliore en le tuant.
Ceux qui ont peur de mourir ont également peur de vivre.
On passe beaucoup trop de temps à s'évaluer, à évaluer les autres. Il faut quand même oublier sa propre valeur pour faire l'amour. À partir du moment où le fait d'être séduisant est un but en soi, la sexualité devient impossible. Le déclin du sentimentalisme provoque aussi le déclin de la sexualité.
L'alcool à doses modérées produit un effet sociabilisant et euphorisant qui reste sans réelle concurrence.
L'homme n'a pas été construit au départ pour vivre quatre-vingts ou cent ans ; tout au plus trente-cinq ou quarante, comme dans les temps préhistoriques. Alors, il y a des organes qui tiennent le coup – remarquablement, même – et d'autres qui se cassent la gueule lentement – lentement ou vite.
L'amour chez l'homme n'est rien d'autre que la reconnaissance pour le plaisir donné.
Quand on vieillit on a besoin de penser à des choses rassurantes, et douces. De s'imaginer que quelque chose de beau nous attend dans le ciel. Enfin on s'entraîne à la mort, un petit peu. Quand on n'est pas trop con, ni trop riche.
Quand l'amour physique disparaît, tout disparaît ; un agacement morne, sans profondeur, vient remplir la succession des jours. Et, sur l'amour physique, je ne me faisais guère d'illusions. Jeunesse, beauté, force : les critères de l'amour physique sont exactement les mêmes que ceux du nazisme. En résumé, j'étais dans un beau merdier.
Finalement, le plus vulgaire en toi, c'est encore ton rire. C'est le dernier trait qui manquait à l'abjection de ton personnage, pauvre conne.
J'ai si peu vécu que j'ai tendance à m'imaginer que je ne vais pas mourir ; il paraît invraisemblable qu'une vie humaine se réduise à si peu de chose ; on s'imagine malgré soi que quelque chose va, tôt ou tard, advenir.
Vivre use.
C'est facile d'être optimiste quand on s'est contenté d'un chien, et qu'on n'a pas voulu d'enfants !
Pour faire jouir un homme, il suffit de se rappeler que les hommes ont des couilles !
Les hommes, au fond, s'en foutent de séduire, ils veulent surtout baiser.
À mesure que les femmes s'attacheront davantage à leur vie professionnelle, à leurs projets personnels, elles trouveront plus simple de payer pour baiser ; et elles se tourneront vers le tourisme sexuel.
La disparition de la tendresse suit toujours de près celle de l'érotisme.
Dans la vie, il faut se battre pour avoir quelque chose.
Même lorsqu'on a plus rien à espérer de la vie, il reste quelque chose à craindre.
De nos jours tout le monde a forcément, à un moment ou à un autre de sa vie, l'impression d'être un raté.
L'amour résout tous les problèmes.
L'intelligence n'aide en rien à écrire de bons poèmes, elle peut cependant éviter d'en écrire de mauvais.
On ne se rend compte de son bonheur qu'après l'avoir perdu.
Apprendre à devenir poète, c'est désapprendre à vivre.
La solitude à deux est l'enfer consenti.
L'absence d'envie de vivre, hélas, ne suffit pas pour avoir envie de mourir.
Dans un monde qui ne respecte que la jeunesse, les êtres sont peu à peu dévorés.
Tout peut arriver dans la vie, et surtout rien.
La possibilité de vivre commence dans le regard de l'autre.
L'amour, ça peut casser ; l'amitié, jamais.
Aimer sa femme, c'est s'aimer soi-même.
N'ayez pas peur du bonheur : il n'existe pas.
Toute grande passion débouche sur l'infini.
L'homme est un adolescent diminué.