On ne saura jamais combien la timidité peut rendre vertueux, et niais.
L'amour, c'est le physique, c'est l'attrait charnel, c'est le plaisir reçu et donné.
Il y a une « cristallisation » physique : une maîtresse absente, dont on est privé, qu'on pare, sous l'effet du désir, de plus de beautés (physiques) qu'elle n'a.
L'amour n'a que faire des qualités morales.
L'avantage du matérialiste en amour, c'est de ne pas donner dans la « cristallisation » et parer celle qu'il aime, sous l'influence de sa passion, de mérites et qualités qu'elle n'a pas. Son jugement reste entier. Il la voit telle qu'elle est. S'il lui vient des déceptions, elles ne seront pas de cet ordre.
Un voisinage mortuaire, une action équivoque partagée, un risque auquel on vient d'échapper, la présence la plus proche de celui qu'on trompe, si c'est le cas, peuvent être des excitants au plaisir.
Je n'ai jamais eu de goût pour l'amour passade ni mis les pieds au bordel.
J'aime mieux rêver que je fais l'amour avec la femme que j'aime que de faire l'amour avec une femme que je n'aime pas.
Le bonheur de celui qui vit seul, c'est le bonheur le plus vrai et le plus sûr.
Quand on fait la cour à une femme, dont le visage vous séduit, il faudrait ne pas voir que son visage. Il faudrait voir sa peau, son ton et la sensation au toucher, connaître son odeur, ses parties pileuses : soyeuses ou rêches, sa conformation sexuelle : maigre ou charnue, confortable ou étriquée, facilement émotive ou lente ou insensible. Tout le plaisir, — et par suite l'amour, — selon les goûts, peut tenir à l'un de ces détails.
Je ne suis pas pour le changement, la nouveauté. Il me faut l'intimité, la liberté physiques les plus grandes. Au contraire de tant d'autres, l'habitude est une condition de mon plaisir. Plus j'ai de souvenirs, d'images de mes plaisirs passés, plus grand est mon plaisir du moment.
L'amour est gai, vif, sans retenue. C'est l'esprit pendant le plaisir, et le rire quand on en sort. Piètres amants, les muets, les graves, les figés, les cérémonieux. Misère d'une partenaire de ce genre.
La jalousie est une affreuse maladie.
C'est une singulière manie qu'ont la plupart des gens de se voir les uns les autres, d'aller faire des visites, d'en recevoir, de se retrouver sans cesse dans tels ou tels endroits, de se faire des protestations de sympathie ou d'amitié, pour échanger des propos niais sur des sujets sans intérêts.
De s'écrire des lettres de six pages — de se téléphoner à propos de rien. Faut-il que ces gens s'ennuient, n'aient rien à faire, ne puissent rien tirer d'eux-mêmes, soient aussi vides d'esprit que de cœur, car aimer tant de gens et se plaire avec tant de gens, c'est, au fond, n'aimer personne et ne se plaire vraiment avec personne.
La trahison est la seconde nature des femmes.
Et dire que depuis des siècles les femmes parlent, sans jamais rien comprendre à ce qu'elles disent.
Chacun est persuadé que ce qu'il fait, un autre ne s'en tirerait pas aussi bien.
J'écris sur l'amour, et j'ai passé la moitié de ma vie à être privé de le faire !
La bonhomie, le naturel, ont des charmes, mais il ne faut pas exagérer.
Dans la vie, ce qui compte uniquement, c'est de n'être pas médiocre.
La prudence est une médiocrité ; la hardiesse est une supériorité.
La moyenne en tout est haïssable comme égale médiocrité.
Pour bien écrire, sans pédantisme, le sûr instinct de la langue vaut mieux que la connaissance.
Qui dit prévalence dit bientôt rivalité.
Rien ne vaut rien, ni l'amour, ni l'amitié, ni le travail, ni aucun plaisir : Tout est médiocre, passager !
L'hypocrisie : Compliments par-devant, dénigrement par-derrière.
C'est l'illusion qui fait les mariages et qui fait aussi les divorces : on prend une femme croyant qu'on va être heureux avec elle et on la quitte dans l'espoir de retrouver le bonheur. Mais il n'y a pas que dans le mariage et le divorce que l'illusion règne.
Une jolie femme bête perd beaucoup.
Quand on est des gens sérieux, on ne cherche pas à épater les gens.
Merveilleuse jeunesse que redonne, au visage d'amants qui ne sont plus jeunes, le plaisir de l'amour.
L'amour des niais (empotés), des tièdes, des fades, des réservés, des muets, n'est pas l'amour.
Le véritable amour est exigeant, violent, exclusif, méchant, avec des moments de ressentiment.
Tout individu ne vaut un peu que par le sentiment de révolte qu'il porte en soi.
Un sot vaniteux n'est jamais jaloux.
Il y a une jouissance dans les ruptures, si on ne se laisse pas prendre par la pitié.
Dans le mariage, on fait l'amour par besoin, par devoir ; dans l'amour on fait l'amour par amour.
Chaque fois qu'une maîtresse me quitte, j'adopte un chat : une bête s'en va, une autre arrive.
Il est bien certain qu'il y a, dans la fréquentation des femmes, une question de veine. Mettons que je ne l'ai pas eue, cette veine : Je me permets de souhaiter que vous l'ayez, comme femme, dans la fréquentation des hommes.
Il n'est de plaisir qu'en imagination.
Tous les peuples sont pour la paix, aucun gouvernement ne l'est.
La confiance en soi et le grand ressort manquent toujours.
Trop de confiance est sottise ; trop de jalousie, dangereux.
La méfiance est une des formes de l'intelligence ; la confiance une des formes de la bêtise.
Donner des déceptions aux autres n'empêche pas d'être sensible à celles que les autres vous donnent.
Une femme peut aimer à la folie, elle garde toujours du sens pratique.
Rien ne fait mieux écrire que d'écrire sur ce qu'on aime.
Être grave dans sa jeunesse, cela se paie, souvent, par une nouvelle jeunesse dans l'âge mûr.
J'ai toujours commencé par le désir, le sentiment n'est venu qu'ensuite.
Qui n'est pas enchanté de ce qu'il écrit, et ne le trouve bien supérieur à ce qu'écrivent les autres ?
Le génie est une longue patience.
Il en est en amour comme en toutes choses : ce qu'on a eu n'est rien, c'est ce qu'on n'a pas qui compte.
Un homme se sent bien bête devant la canaillerie d'une femme.
Le charme des femmes n'est pas dans leurs qualités morales ni dans leur distinction d'esprit et de goût.
L'amour, sans la jalousie, n'est pas l'amour.
Il n'y a pas comme les femmes laides pour trouver les autres femmes affreuses.
Une femme ! Et il y en a des milliers d'autres ! Et on ne tient qu'à une ! Une seule compte ! Bêtise !
Il faut avoir diablement aimé les femmes pour les détester.
Tant et tant qu'on écrive sur l'amour, et tant et tant qu'on croie savoir à ce sujet, il y a toujours à dire et à apprendre, puisque chacun pense, juge et sent sur l'amour selon les expériences qu'il en a eues.
On s'adore pendant plus ou moins de temps, puis un jour, on s'étranglerait.
Il est plus difficile de rendre que de ne pas recevoir.
On croit qu'on sait tout sur l'amour, alors qu'on ne cesse d'apprendre.
C'est aux lettres qu'on reconnaît l'amour : celui qui n'aime pas, n'écrit pas.
Les hommes aiment, les femmes se laissent aimer.
L'amour amollit : L'homme qui n'aime pas a plus de virilité (morale)
Les femmes ne savent pas qu'avec une plume, de l'encre et du papier, on peut les oublier.
La trahison peut être le fait d'une intelligence supérieure, entièrement affranchie des idéologies civiques.
Alors qu'on se sait plaint, c'est presque un plaisir que de souffrir.
Il faut souvent dans les affaires plaider le faux pour savoir le vrai.
Les catins sont les seules femmes qui valent quelque chose.
Bien mal acquis profite toujours à quelqu'un.
On rit mal des autres quand on ne sait pas d'abord rire de soi-même.