Au plus honteux état où jamais on puisse être, toujours tel que l'on est il est beau de paraître. Et, dût la vérité nous ouvrir le tombeau, quand on dénie un crime, on en fait un nouveau.
Le mouvement des yeux qui suit celui du coeur, se porte rarement vers un objet d'horreur.
La vertu que l'on quitte a toujours des appas ; et l'on n'aime rien tant que ce que l'on n'a pas.
On peut être à la guerre intrépide, invincible, et n'être que trop tendre ailleurs, et trop sensible.
Le sang, comme l'amour, inspire des transports, qui toujours, tôt ou tard échappent au dehors.
Le vrai bonheur n'est pas dans le rang le plus haut ; et tout ce qui sait plaire est toujours sans défaut.
Quand on cesse de vivre, on cesse de souffrir ; et quand on hait la vie il est doux de mourir.
Mépriser le mépris, rendre haine pour haine, est le parti qu'il faut qu'un honnête homme prenne.
Les maux invétérés et les vieilles amours ne finissent jamais qu'en terminant nos jours.
En tous temps, en tous lieux, et de toutes façons, un jaloux, malgré lui, découvre ses soupçons.
Le coeur d'un inconstant n'est pas un fort grand bien ; au moment qu'il échappe, on ne perd presque rien.
On partage un forfait qu'on ne condamne pas : un traître, quel qu'il soit, est digne du trépas.
Chaque état a ses lois, et, par quelque maxime, on condamne en un lieu ce qu'en l'autre on estime.
La plus parfaite estime a beau paraître au jour, elle tient lieu d'outrage à qui veut de l'amour.
Un acte d'équité ne se peut trop tôt faire, et souvent on le manque alors qu'on le diffère.
Un désir bien réglé doit toujours être égal : ce qui combat un bien ne peut être qu'un mal.
Un bien acquis sans peine est peu délicieux, et plus il a coûté, plus il est précieux.
La présence d'un bien ne donne de plaisir qu'autant que son absence a causé de désir.
L'amour a beau promettre, il sait peu se trahir, et céder son bonheur quand il en peut jouir.
De notre volonté l'amour tient le pouvoir, et pour cesser d'aimer on n'a qu'à le vouloir.
On n'est pas toujours sûr de feindre autant qu'on veut, et l'amour bien souvent promet plus qu'il ne peut.
Un coeur s'explique assez au moment qu'il soupire : quand on sent de l'amour, soupirer, c'est le dire.
Quand l'amour dans un cœur répand son doux poison, c'est toujours par caprice, et jamais par raison.
Plus un être est proche, et plus il est puissant ; et, sans en voir le charme, en secret on le sent.
L'amour surprend nos cœurs , et fait plus d'une voie pour y porter ses feux et troubler notre joie.
Dans l'estime et l'amour on voit tant de rapport, qu'on les prend l'un pour l'autre et qu'on s'y trompe fort.
Quand, pour avoir trop vu, l'on s'est laissé charmer, c'est en cessant de voir qu'on peut cesser d'aimer.
Quant au fond de son âme on sent un trouble extrême, dire je ne hais pas, n'est-ce pas dire : j'aime ?
Lorsqu'on peut approcher d'une personne aimée, l'émotion qu'on sent ne peut être exprimée.
Epouser par contrainte une femme odieuse, des peines d'un amant est la plus rigoureuse.
Un amant qui perd tout a peine à se défendre de dire quelquefois plus qu'on ne doit entendre.
Un amant qui perd tout, et n'espère plus rien, veut troubler le repos de qui trouble le sien.
Rarement on évite un être agréable, et l'on ne fuit jamais ce que l'on croit aimable.
Une belle action donne un plaisir secret : c'est ne pas l'achever que la faire à regret.
Aux absents comme aux morts nul ne prend intérêt ; bien plus, à les noircir souvent on est tout prêt.
De tous les maux d'amour le remède est l'absence : l'éloignement détruit ce que fait la présence.
On a beau de la guerre avoir éteint l'ardeur, on la trouve partout, quand on l'a dans le cœur.
L'eau qui tombe goutte à goutte perce le plus dur rocher.
Les méchants bruits surtout ont cela de mauvais, que les taches qu'ils font ne s'effacent jamais.
Quand l'amour est extrême le moindre éloignement est un cruel tourment.
La sottise est sans excuse quand on se laisse tromper deux fois.
En amour, un rival n'est pas inutile ; il réveille l'ardeur et les soins d'un amant : Une conquête facile donne peu d'empressement, et l'amour tranquille s'endort aisément.
Si l'amour a des tourments, c'est la faute des amants. Plus les âmes sont rebelles, plus leurs peines sont cruelles ; les plaisirs doux et charmants sont les prix des cœurs fidèles. Et si l'amour a des tourments, c'est la faute des amants.
Vivez, heureux époux ! Jouissez des douceurs du nœud qui vous assemble ! Quand l'hymen et l'amour sont bien d'accord ensemble, que les nœuds qu'ils forment sont doux ! Vivez, vivez, heureux époux !
Qu'aisément le dépit dégage des fers d'une ingrate beauté ; après un long esclavage, il est doux d'être en liberté !
Moins on a de moments à donner à l'amour, et plus il faut qu'on en profite.
Contre d'aimables charmes la valeur est sans armes, et ce n'est qu'en fuyant qu'on peut vaincre l'amour.
L'amour a bien des maux, mais le plus grand de tous, c'est le tourment d'être jaloux.
L'amour n'est que plus doux après des démêlés, et l'on s'en aime mieux de s'être un peu brouillés.
L'amour perd la jeunesse, et pour une jeune âme rien n'est si dangereux qu'une trop belle femme.
La jeunesse n'est que légèreté. Au sortir de l'enfance une âme est peu capable de la solidité d'un amour raisonnable ; un cœur n'est pas encore assez fait à seize ans, et le grand art d'aimer veut un peu plus de temps.
Je ne fais pas grand fonds sur la foi d'un peut-être.
En amour, quand l'esprit s'égare, le goût d'une fille est quelquefois bizarre.
Les maux ignorés sont toujours les plus doux.
On a beau prendre un soin extrême, tout parle dans l'amour, jusqu'au silence même.
Qui cherche, avec bassesse, à se faire raison, n'aspire à régner que par la trahison.
Les Dieux punissent la fierté ! Il n'est point de grandeur que le ciel irrité n'abaisse quand il veut, et ne réduisent en poudre. Mais un prompt repentir peut arrêter la foudre toute prête à partir.
L'amour et ses chimères sont des amusements pour les âmes vulgaires.
Le bonheur des amants est d'être mutuel.
Ne méprisez pas tant les songes ; l'amour peut emprunter leurs voix, s'ils font souvent des mensonges, ils disent vrai quelquefois.
Apprends que dans une âme, avec peine rendue, rien ne fait mieux aimer que la fierté vaincue.
Le monde est si méchant, l'honneur si délicat.
On a beau déguiser une flamme secrète, les yeux sont éloquents quand la bouche est muette.
L'amour bien souvent trouble un peu la cervelle.
L'amour est inconstant ainsi que la fortune, son empire ressemble à celui de Neptune ; pour quiconque s'y trouve il n'est rien d'assuré, le plus heureux doit au malheur être préparé.
L'amour doit, quand il est extrême, tout séduire et tout vaincre, excepté l'amour même.
Qu'il est doux de mourir, quand on perd ce qu'on aime.
Les inégalités ne sont rien quand on aime ; et quelques rangs divers où deux cœurs soient placés, quand l'amour les unit, il les égale assez.
Mort, le dernier pas qu'on fait, et souvent un faux pas.
Le dépit est plus fort, moins il est apparent, et l'orage est à craindre où le calme est trop grand.
La gratitude, et se forme et s'exprime, par beaucoup d'amitié jointe à beaucoup d'estime.
Pour laisser qui nous fuit, il faut peu se contraindre : et quand l'espoir s'éteint, l'amour se doit éteindre.
Ne cherchez point dans l'avenir à séparer deux cœurs que l'amour veut unir.
Dans les grands cœurs, en dépit du trépas, l'amour a des liens que la mort ne rompt pas.
On ne doit à l'amour qu'un tribut à son choix, et c'est trop pour un cœur, que d'aimer plus d'une fois.
Mon cœur est à l'amour, et non à la fortune.
L'amour au désespoir ne voit rien d'impossible.
On ne fait pas toujours ce que l'on croit faire.
S'il est beau de se vaincre, il est doux d'être heureux.
Sans une aimable flamme, la vie est sans appas : qui peut toucher une âme qu'Amour ne touche pas ?
Qui peut empêcher l'amour d'unir deux cœurs qu'il a faits l'un pour l'autre ?
Redoutons nos soins, gardons-nous des périls agréables ; les enchantements les plus doux sont les plus redoutables.
Plus on connaît l'amour, et plus on le déteste.
Heureux qui peut être assuré de disposer de son cœur à son gré !
C'est aux jeux, c'est aux amours qu'il faut donner les beaux jours.
Quelle erreur, quelle folie de ne pas jouir de la vie !
La douceur d'un triomphe est extrême, quand on n'en doit tout l'honneur qu'à soi-même.
La chaîne de l'hymen m'étonne ; je crains les plus aimables nœuds. Ah ! qu'un cœur devient malheureux, quand la liberté l'abandonne.
Il est plus sûr de se venger par l'oubli que par la colère.
Au temps heureux où l'on sait plaire qu'il est doux d'aimer tendrement !
Un grand cœur doit toujours s'attacher à la gloire ; pour elle, avec raison, on peut tout dédaigner : et la plus grande gloire est celle de régner.
Un crime qu'on ignore est toujours excusable, et qui n'est qu'accusé n'est qu'à demi coupable.
D'une chose pour mieux t'en assurer, tu n'as qu'à l'aller voir.
Il faut examiner sans aigreur tout ce que d'un ami l'on a pu soupçonner.
Qui change d'opinion une fois peut mille fois changer.
On aime toujours le repentir quelque tard qu'il arrive.
À qui demande tout, on ne lui accorde rien.
C'est un crime égal dans un contraire effet de haïr qui vous aime, ou d'aimer qui nous hait.
Deux âmes, pour s'unir, sont souvent mal assorties ; l'amour perd son pouvoir dans les antipathies.
Ainsi que de l'amour l'amour même est le prix, la haine doit toujours attirer le mépris.
Tout proche du port on peut faire naufrage.
Un grand calme est souvent suivi d'un grand orage.
Le châtiment de près suit toujours l'insolence.
Un songe est souvent un trompeur, et toujours un mensonge.
L'entretien d'un ingrat cache un secret poison, et chaque mot d'un traître est une trahison.
Qui méprise en amour doit être méprisé.
Que l'absence de l'être aimé est rude en une âme amoureuse !
On ne doit jamais juger d'une offense qu'avec beaucoup de soin et beaucoup d'indulgence.
Les premières amours tiennent terriblement.
L'espoir le plus trompeur tient lieu de quelque bien, et le plus grand des maux est de n'espérer rien.
Chacun porte en son cœur son plus grand ennemi.
Les plus sages conseils, les meilleures leçons, à gens bien amoureux, sont des chansons.
L'excuse est inutile à qui n'est point coupable.
Aimer qui vous adore, et laisser qui vous quitte.
Un amant attendu mérite qu'on l'accuse ; il a toujours failli quand il faut qu'il s'excuse.
Sous l'habit d'un esclave, je sers un infidèle avec fidélité.
La sagesse a son temps, il ne vient que trop tôt : Ce n'est pas être sage qu'être sage plus qu'il ne faut.
Qu'il est doux de trouver dans un amant qu'on aime un époux que l'on doit aimer !
Dans l'hiver de nos ans ou l'amour ne règne plus, les beaux jours que l'on perd sont pour jamais perdus.