Le bonheur de la vie c'est apprendre, et l'on apprend toujours. Plus on sait, et plus on est capable d'apprendre. D'où le plaisir d'être latiniste, qui n'a point de fin, mais qui plutôt s'augmente par le progrès.
Faire et non pas subir, tel est le fond de l'agréable.
L'homme qui ne fait rien n'aime rien. Apportez-lui des bonheurs tout faits, il détourne la tête. Le difficile est ce qui plaît. Toutes les fois qu'il y a quelque obstacle sur la route, cela fouette le sang et ravive le feu. Qui voudrait d'une couronne olympique si on la gagnait sans peine ? Personne n'en voudrait.
Le bonheur suppose toujours quelque inquiétude, quelque passion, une pointe de douleur qui nous éveille à nous-même. Il est ordinaire que l'on ait plus de bonheur par l'imagination que par les biens réels. Cela vient de ce que, lorsque l'on a les biens réels, on croit que tout est dit, et l'on s'assied au lieu de courir.
L'égoïste manque à sa destinée par une erreur de jugement. Il ne veut avancer un doigt que s'il aperçoit un beau plaisir à prendre ; mais dans ce calcul les vrais plaisirs sont toujours oubliés, car les vrais plaisirs veulent d'abord peine.
Les plaisirs de l’amour font oublier l’amour du plaisir.
Il n'y a de redoutable au monde que l'homme qui s'ennuie.
Nous nous donnons bien du mal pour fabriquer nos regrets et nos craintes.
Toute l'enfance se passe à oublier l'enfant qu'on était la veille.
Dans tout contrat et dans tout échange, mets-toi à la place de l'autre, mais avec tout ce que tu sais, et, te supposant aussi libre des nécessités qu'un homme peut l'être, vois si, à sa place, tu approuverais cet échange ou ce contrat.
L'esprit juste est celui qui ne met point trop d'importance aux petites choses ni aux petits malheurs, ni aux flatteries, ni au tumulte humain, ni à la plainte, ni même au mépris, ce que l'esprit droit ne sait pas toujours faire.
La vie est toujours triste, si chacun attend le bonheur comme quelque chose qui lui est dû.
Ce qu'on appelle la première impression, c'est souvent une somme de préjugés.
Qui n'arrive pas à aimer ses ennemis est celui qui attend un mouvement d'amitié ou de compassion.
Désordre dans le corps, erreur dans l'esprit, l'un nourrissant l'autre, voilà le réel de l'imagination.
Il faut s'appliquer à se consoler, au lieu de se jeter au malheur comme au gouffre. Et ceux qui s'y appliqueront de bonne foi seront bien plus vite consolés qu'ils ne pensent.
Le travail a des exigences étonnantes, et que l'on ne comprend jamais assez. Il ne souffre point que l'esprit considère des fins lointaines ; il veut toute l'attention. Le faucheur ne regarde pas au bout du champ.
On demande pourquoi la facilité ne plaît pas ; c'est qu'elle persuade trop ; et, surtout, c'est qu'elle ne persuade que la partie souple. Il est trop ordinaire que le comprendre ne change rien à l'homme, et n'y remue rien.
Réfléchir, c'est nier ce que l'on croit.
Quand on se demande ce qu'on va faire, sans y mettre du sien : c'est l'état des fous.
Le bonheur est une récompense qui vient à ceux qui ne l'ont pas cherchée.
Ce n'est pas grand-chose d'avoir des idées, le tout est de les appliquer, c'est-à-dire de penser par elles les dernières différences.
Voir, c'est vouloir voir ; vivre, c'est vouloir vivre : toute vie est un chant d'allégresse.
Qu'est-ce qu'un poème, sinon l'insoutenable soutenu ?
Les vrais problèmes sont d'abord amers à goûter ; le plaisir viendra à ceux qui auront vaincu l'amertume.
Il n'y a de bonheur possible pour personne sans le soutien du courage.
Un travail réglé et des victoires après des victoires, voilà la formule du bonheur.
Pour être libre par rapport à l'argent, il faut n'en point désirer au-delà du nécessaire.
Le génie, c'est l'action aisée, sans délibération, sans erreur et imprévisible.
La vie est un travail qu'il faut faire debout.
La paix, c'est la reconnaissance du semblable.
Il faut instruire l'enfant si l'on veut le connaître.
C'est en se mettant à l'œuvre qu'on découvre ce qu'on vaut, ce qu'on sait, en un mot ce qu'on est.
Le premier fruit de la sagesse est le travail.
Dans tout sourire il y a de l'enfance, c'est un oubli et un recommencement.
L'amour est un poème, quelque chose que l'on fait, que l'on compose, que l'on veut.
Celui qui s'ennuie a une manière de s'asseoir, de se lever, de parler, qui est propre à entretenir l'ennui.
L'amitié est une société libre où la contradiction plaît par la pensée commune qu'elle fait ressortir.
Un cœur sans amour est une vie sans plaisirs.
Aimer, c'est trouver sa richesse hors de soi.
Gouverner, c'est suivre les nécessités et s'en remettre aux compétences.
Le rire est le propre de l'homme, car l'esprit s'y délivre des apparences.
L'intelligence, c'est ce qui dans un homme reste toujours jeune.
Le vrai désespoir est sans réflexion.
J'aime mieux une pensée fausse qu'une routine vraie.
Sage, le sourire est sensible ; fou, le rire est insensible.
Le propre du travail, c'est d'être forcé.
Dès que nous tenons une opinion, elle nous tient.
Le métier de surveiller rend stupide et ignorant ; cela est sans exception.
Les sentiments vrais sont des œuvres.