Quand on a trop souffert, on ne pense plus. La stupidité, c'est le coup de grâce de la misère.
Applique ton attention et ta volonté seulement à mériter ta propre estime à chacune de tes actions, et souviens-toi de cette double maxime : l'occasion de l'action n'importe guère.
La vie c'est souffrir d'un amour infini, c'est d'être torturé et de bénir sa souffrance.
Il n'y a pas de beauté sans voiles, et ce que nous préférons, c'est encore l'inconnu.
Il n'y a de loi sainte que dans l'amour ; il n'y a de justice que dans la charité.
Dans l'instinct est la seule vérité.
Sans argent, dit le proverbe, pas de suisse ! pas de suissesse, non plus.
Le seul abord d'une personne dépourvue de toute espèce d'imagination me glace jusqu'aux moelles. Ce qui vraiment attriste, ce n'est pas l'idée de l'injustice et de la haine. Ce n'est pas non plus le spectacle des douleurs humaines. Au contraire, les maux de nos semblables nous font rire pour peu qu'on nous les présente gaiement. Mais ces âmes mornes, qui ne reflètent rien, ces êtres en qui l'univers vient s'anéantir, voilà l'aspect qui désole et qui désespère.
Toutes nos misères véritables sont intérieures et causées par nous-mêmes. Nous croyons faussement qu'elles viennent du dehors, mais nous les formons au dedans de nous de notre propre substance.
L'avare est la proie de son or ; ceux-là seuls qui méprisent la richesse peuvent être riches sans danger, leur âme sera toujours plus grande que leur fortune.
Les chagrins, tout le monde en a, et ce qui peut les faire oublier ce n'est pas le vin qu'on boit, c'est le bonheur qu'on donne aux autres.
Il n'y a de bonnes leçons que celles qui sont données avec amour.
Il ne faut pas se plaire à quelque ouvrage d'esprit avant de savoir si l'on a raison de s'y plaire ; car, l'homme étant un animal raisonnable, il faut d'abord qu'il raisonne ; car il est nécessaire d'avoir raison et il n'est pas nécessaire de trouver de l'agrément ; car le propre de l'homme est de chercher à s'instruire par le moyen de la dialectique, lequel est infaillible ; car on doit toujours mettre une vérité au bout d'un raisonnement, comme un nœud au bout d'une natte.
Quand on est jeune, quand on a un bel avenir, il ne faut pas se laisser aller au découragement, à la tristesse ! On doit, au contraire, chasser les idées noires.
Un grand amour est bon, sans doute ; un bel amour est meilleur. Que le vôtre ait autant de douceur que de force ; que rien n'y manque, pas même l'indulgence, et qu'il s'y mêle un peu de pitié. Vous êtes jeunes, beaux et bons ; mais vous êtes hommes, et, par cela même, sujets à bien des misères. C'est pourquoi, s'il n'entre pas quelque pitié dans les sentiments que vous éprouvez l'un pour l'autre, ces sentiments ne seront pas appropriés à toutes les circonstances de votre vie commune ; ils seront comme des habits de fête qui ne garantissent point du vent et de la pluie.
Pour s'entendre, il n'est tel que de s'aimer.
La bêtise empêche souvent de faire des bêtises. Je l'ai remarqué bien des fois. Hommes ou femmes, ce ne sont pas les plus bêtes qui agissent le plus bêtement. Ainsi, il y a des femmes intelligentes qui sont stupides avec les hommes.
Il vaut mieux être bête comme tout le monde que d'avoir de l'esprit comme personne.
Notre connaissance de ce qui sera est en raison de notre connaissance de ce qui est et de ce qui fut. La science est prophétique. Plus une science est exacte, plus on en peut tirer d'exactes prophéties.
On gagne un homme par des flatteries, par des présents et surtout par des promesses. Les promesses coûtent moins que les présents, et valent beaucoup plus. Jamais on ne donne autant que lorsqu'on donne des espérances.
Permettez-moi de vous dire que, en général, l'opinion des fils sur leurs mères est insoutenable : Ils ne songent pas assez qu'une mère n'est mère que parce qu'elle aima et qu'elle peut aimer encore. C'est pourtant ainsi, et il serait déplorable qu'il en fût autrement. J'ai remarqué que les filles, au contraire, ne se trompent pas sur la faculté d'aimer de leurs mères ni sur l'emploi qu'elles en font : elles sont des rivales ; elles en ont le coup d'œil.
Les êtres heureux ne savent pas grand-chose de la vie. La douleur est la grande éducatrice des hommes. C'est elle qui leur a enseigné les arts, la poésie et la morale ; c'est elle qui leur a inspiré l'héroïsme avec la pitié ; c'est elle qui a donné du prix à la vie en permettant qu'elle fût offerte en sacrifice ; c'est l'auguste et bonne douleur qui a mis l'infini dans l'amour.
L'injustice n'est mauvaise qu'aux injustes.
Le vrai séjour des dieux en ce monde est l'âme des hommes vertueux.
Une grande passion ne laisse pas un moment de repos, c'est là son bienfait et sa vertu.
Le mensonge est une des constantes nécessités de la vie ; sans le mensonge, il n'y aurait au monde ni art, ni beauté, ni amour.
Je l'aime, et je n'ai de goût à rien au monde parce qu'elle ne m'aime pas.
Vous savez, mon cher maître, que je ne suis pas un animal destructeur. Je n'ai pas de goût pour le militarisme. J'ai même des idées humanitaires très avancées et je crois que la fraternité des peuples sera l'œuvre du socialisme triomphant. Enfin j'ai l'amour de l'humanité. Mais, dès qu'on me fiche un fusil dans la main, j'ai envie de tirer surtout le monde. C'est la joie innée de tirer des coups de fusil.
Sans être vieux, j'ai vécu déjà trop longtemps pour n'avoir pas quelquefois souffert. Mais mes souffrances, si profondes qu'elles fussent, étaient moins après que celles que j'éprouve aujourd'hui. La tendresse ou la pitié qui les causaient y mêlaient quelque chose de leur céleste douceur. Au contraire, je sens qu'à cette heure mon chagrin a la noirceur et l'âcreté d'un mauvais désir. Mon âme est aride, et mes yeux nagent dans leurs pleurs comme dans un acide qui les brûle.
Il ne faut point se laisser emporter par la haine des précieuses et des pédantes. Il est de fait que rien n'est odieux comme une pédante. Pour ce qui est des précieuses, il faudrait distinguer. Le bel air ne messied pas toujours, et un certain goût de bien dire ne gâte pas une femme.
Il faut douter du doute.
Toute bonne plaisanterie doit être courte.
Ce n'est pas assez de s'aimer beaucoup, il faut encore se bien aimer.
Il faut avoir la passion de son art, on ne fait bien que ce que l'on aime.
Faites l'amour la nuit, le jour, en hiver, en été, c'est pour cela que nous sommes au monde.
La grande absurdité est de confondre l'amour avec la jeunesse : la jeunesse est ivre d'elle-même.
L'amour, pour le bien faire, il faut l'avoir beaucoup fait : les novices n'y entendent rien.
La vie dans certaines conditions mérite d'être vécue. C'est une petite flamme entre deux ombres infinies, c'est notre part de divinité. Tant qu'un homme vit, un homme est semblable aux dieux.
Les sages, plus encore que le vulgaire, éprouvent le désir de percer l'avenir et de s'y jeter pour ainsi dire. C'est sans doute parce qu'ils espèrent de la sorte échapper au présent, qui leur apporte tant de tristesses et de dégoûts. Comment les hommes d'aujourd'hui ne seraient-ils pas aiguillonnés du désir de fuir leur temps misérable ? Nous vivons dans un âge fréquent en lâchetés, abondant en ignominies, fertile en crimes.
Le passé nous est caché comme l'avenir ; nous vivons entre deux nuées épaisses, dans l'oubli de ce qui fut et l'incertitude de ce qui sera. Et pourtant la curiosité nous tourmente de connaître les causes des choses et une ardente inquiétude nous excite à méditer les destinées de l'homme et du monde.
Certains hommes sont moins bons que certaines femmes, cela tient à ce que les deux sexes ne sont pas aussi distincts l'un de l'autre et séparés que l'on croit et que, tout au contraire, il y a de l'homme dans beaucoup de femmes, et de la femme dans beaucoup d'hommes.
L'homme amoureux de la gloire fait consister son bonheur dans l'activité d'autrui ; le voluptueux, dans ses propres sensations ; l'homme intelligent, dans sa propre conduite.
Le passé c'est notre seule promenade et le seul lieu où nous puissions échapper à nos ennuis quotidiens, à nos misères, à nous-mêmes. Le présent est aride et trouble, l'avenir est caché.
La maladie a du moins un avantage, elle nous fait connaître nos amis.
L'espérance et le désir sont meilleurs, bien souvent, que tout ce qu'on désire et tout ce qu'on espère.
L'avenir est un lieu commode pour y mettre des songes.
Les imbéciles ont dans la fourberie des grâces inimitables.
Si tu ne parles que pour dire des sottises, tu ferais mieux de te taire.
La femme sans poitrine, c'est un lit sans oreillers.
Les promesses qu'on fait à une jolie fille n'engagent que la peau.