Les passions sont à la nature humaine ce que les vents sont à la navigation : sans passions, l'homme est nul ; mal dirigées, il en est tourmenté ; bien gouvernées, il vogue à pleines voiles vers son bonheur.
Les hommes vulgaires s'en laissent aisément imposer par la puissance qu'ils aiment et redoutent.
La pensive mélancolie de la jeunesse nous fait sourire ; celle de la vieillesse mouille nos paupières, parce que nous présumons que l'une est triste par l'embarras du choix, et que l'autre regrette de n'avoir plus rien à choisir.
Si l'amour-propre ne s'en mêle, la femme n'aime que l'homme qui lui plaît.
Vous aimez trop la solitude, disait-on à un égoïste, à quoi il répondit : Je ne trouve personne qui s'intéresse à moi autant que moi-même.
Les animaux les plus bêtes doivent être fiers, car tous les hommes orgueilleux sont des dindons.
Qu'est-ce que l'homme ? Un joujou de femme ; Qu'est-ce que la femme ? Tout pour l'homme.
Il serait parfois plus profitable de se saluer en se disant bonne mort que bonjour.
Croire que l'on sait tout est une erreur profonde, c'est prendre l'horizon pour les bornes du monde.
La vertu sur la terre est une divinité qui vit des sacrifices qui la rendent immortelle.
La pudeur est une rose vermeille dont l'haleine seule d'un ange peut approcher sans la ternir.
Si l'homme avait autant de pudeur que la femme, faire l'amour serait une plaisante niaiserie.
L'amour, pour le philosophe, n'est qu'une unité à laquelle l'imagination de la jeunesse ajoute des zéros.
L'esprit naturel et cultivé a le parfum de mille fleurs.
Mieux vaut savoir bien que savoir beaucoup ; mieux vaut ne savoir rien que de savoir mal.
Mentir, de quelque manière que ce soit, c'est prêter son argent à un banqueroutier.
Monde, je te fais mes adieux ; éternité, je te salue.
Faire trop fut toujours le cachet de l'ignorance ; ne pouvant rien produire avec peu, elle se jette dans l'abondance, où elle reste ensevelie.
Tout ce qui est vrai a du caractère ; il n'y a que les demi-vérités qui choquent.
Il faut savoir être un peu fou pour ne pas paraître l'être tout-à-fait.
Le cœur d'une mère est le chef-d'œuvre de la nature.
Ne vois-tu pas, homme débile, que le mensonge le plus éblouissant n'a jamais persuadé que pour un temps ? Ne vois-tu pas que si tu as l'art de me tromper par tes fausses vertus, le mépris sera ton partage ? Non, tu n'es pas convaincu de ces vérités ; le flambeau de l'erreur est le fanal qui t'éclaire ; tu crois entrer dans le port quand l'abîme te reçoit : alors tu t'écries, ô mon Dieu ! mais il est déjà trop tard.
Je le répète encore, la vérité des arts est un mensonge charmant qui entretient l'espoir du mieux dans le cœur de l'homme, et de ce doux espoir l'homme eut toujours besoin. L'art consiste dans les moyens de présenter agréablement la nature. L'homme de la nature est-il artiste ? Oui ; car on ne peut supposer l'homme vivant dans une profonde solitude, à moins qu'il n'y soit forcé : en courant après sa compagne, il voit bientôt naître sa société. L'homme heureux aime la propreté ; il devient artiste en parant sa cabane ; de même que la jeune amante le devient en parant sa personne. Le jeune amant cherche tous les moyens de plaire à celle qu'il aime, et dont il veut être préféré : il sait que les fruits vermeils ont plus d'éclat lorsqu'ils sont posés sur la feuille verdoyante ; il sait donner une forme élégante au bouquet de fleurs qu'il lui prépare ; il sait en nuancer les couleurs ; et lorsqu'il offre son présent, il sait chanter mélodieusement, en lui disant, Je t'aime.
Vis seul si tu ne veux vivre que pour toi.
Le respect, pour être véritable, ne doit être mêlé d'aucune crainte. L'homme même ne respecte pas un autre homme, quelque puissant qu'il soit, s'il le craint ; ce n'est qu'à la vertu, au talent naturel et éminent qu'on accorde une déférence respectueuse et volontaire. Mais si l'homme vertueux, si l'homme à grand talent exigent des distinctions, on ne leur doit plus rien.
Vivre, c'est aller à la mort ; mourir, c'est courir à la vie.
Trop de sévérité révolte, et ne corrige pas ceux qui en sont engoués.
Tout le charme de l'amour est l'ouvrage des femmes.
Nos talents humilient ceux qui en ont moins que nous, il faut savoir se les faire pardonner pendant sa vie, car lorsqu'on est mort, tout est pardonné. On exalte au contraire le talent qui survit à l'homme, pour ravaler celui des hommes qui vivent après lui.
La vérité n'est pas toujours pour le vulgaire ce qu'elle est pour l'homme de génie.
La musique qui sait exprimer la nature est de toutes les nations.
L'homme de la nature, l'homme physique est, dit-on paresseux ; cela doit être. Se nourrir, faire l'amour et dormir, voilà tous ses besoins.
L'amour-propre est dans la nature humaine le principal germe de toutes les passions bonnes et mauvaises : ce germe est inné dans l'homme ; et, selon le caractère physique ou moral de l'individu, l'amour-propre éclate, se change en passions terribles, où il se retire au fond du cœur pour y faire germer toutes les passions dissimulées.
La peine poursuit le crime comme l'ombre suit le corps.
Le mensonge nous donne un instant de répit, que nous payons par de longues souffrances.
Dans toute la nature, il n'est point de force sans vérité, ni de vérité sans force.
Toutes nos forces sont dans la vérité, toutes nos faiblesses dans le mensonge.
Les femmes ne répondent à la haine des hommes que par la pitié.
La femme aimée est plus heureuse que l'homme aimé ; la femme domine, l'homme est dominé.
La douceur est l'apanage des femmes ; elles ne peuvent en avoir trop, parce que l'homme n'en a point assez.
Dans la véritable amitié, on ne doit trouver aucun indice d'intérêt qui en ternisse l'éclat.
La coquetterie, sans amour, est la maladie des femmes d'esprit.
Le cœur d'une mère est le sanctuaire de la nature.
Oui, c'est l'amour qui vivifie tout. Eh ! où serait donc le bonheur, s'il n'était dans le sexe.