Avec un peu d'effort, on peut laisser parler le bavard comme on laisse coasser la grenouille, miauler le chat et aboyer le chien.
Se plaindre et gémir, deux éternelles faiblesses, deux éternelles pauvretés !
La chanson du cœur commence au berceau et ne finit qu'à la tombe.
On peut être amoureux de tout, excepté de ses défaites.
Les gens qui blâment sont comme les mouches : toutes ne piquent pas.
On aime le peuple en masse plus qu'en particulier.
Que de gens sont heureux d'être les enfants de leur père, les neveux de leur oncle et même les filleuls de leur parrain !
Le talent a besoin d'un peu d'audace, mais l'audace aurait surtout besoin de talent.
Un libre penseur écrivant la vie d'un saint : un poulailler qui a la prétention de loger un aigle.
Passer aux yeux de sa domesticité pour un être juste, c'est avoir gagné les plus beaux galons qu'un maître puisse souhaiter.
Dans nos grandes douleurs, la consolation nous semble d'abord un blasphème ; mais nous avons beau nous raidir contre son secours, elle est décrétée : petit à petit, elle fera son œuvre.
L'ironie est aussi difficile à manier que le scalpel.
Ne pas chanter sans voix, ne pas paradoxer sans esprit, ne pas questionner sans à-propos : petites vertus de société.
Le don de bien juger est un capital qui ne se transmet ni par héritage ni par éducation.
Les esprits qui cherchent, les cœurs qui luttent sont ceux que la nature arme chevaliers, puisqu'elle en fait des combattants.
Les bêtes font moins valoir les méchants que les méchants ne font valoir les bêtes.
L'amour n'est pas rêveur de sa nature ; il ne se sert de la rêverie que pour arriver à ses fins.
L'envie de briller ne donne pas l'éclat, l'envie de chanter ne donne pas la voix.
Les vieux rêveurs entrent tôt ou tard dans la corporation des mécontents.
Un noble ne s'ignore jamais, un riche fort rarement, un sot toujours.
L'esprit de sa position, la force de sa tâche, le caractère de son milieu, dons précieux du sort.
La vie nous oblige bien inutilement à penser à nous : personne, je crois, ne l'eût oublié.
La vie nous demande toujours, et quand nous ne lui donnons pas, elle prend.
Il ne faut pas juger les actions des autres d'après nos tentations, mais d'après les leurs.
Il en est du bonheur comme d'une mère, on ne le comprend bien que lorsqu'on ne l'a plus.
Les traditions sont de silencieuses cohortes : elles veillent sur les morts et sur leurs testaments.
Un bon ouvrier ne trouve pas toujours de l'ouvrage, mais un bon cœur trouve toujours de l'emploi : le malheur n'est-il pas le plus vaste de tous les ateliers ?
Le secret d'autrui, c'est l'enfant adopté ; à lui d'abord nos attentions et nos soins.
Que de gens on accompagne à la frontière pour voir de plus près leurs talons !
La discrétion qui survit à l'amitié est une rarissime vertu.
L'adresse nous sert tous les jours, l'intelligence tous les dimanches.
On ne devrait discuter qu'avec ses égaux, car il y a des opinions de caste comme il y a des vérités de situation.
Les riches qui pensent, les pauvres qui plaignent, les jeunes qui sentent, les vieux qui aiment, tous gens d'exception.
Le livre qui va paraître, c'est comme la jeune fille qui va se marier ; il ne faut pas trop raccourcir les fiançailles : ce qui suit vaudra-t-il ce qui précède ?
Aimer Dieu, ce n'est pas seulement admirer toutes ses œuvres, c'est accepter toutes ses lois.
N'est-il pas pénible de se dire qu'aimer ce n'est pas toujours respecter ?
Si les temps héroïques revenaient, le déchaînement des idées les surprendrait plus que le déchaînement des passions.
C'est diminuer son repos que d'augmenter l'importance des petites choses, que d'exiger l'acte de naissance de toutes les intentions.
Juger, la plupart du temps, c'est barboter.
En amour, les vieux baisers sentent les vieilles loques, ils ont un air tout aussi fripé.
Vouloir être seul, c'est toujours vouloir donner rendez-vous à un quelqu'un ou à un quelque chose.
La mort de l'enfant et la trahison de l'ami, deux douleurs auxquelles on ne peut pas se préparer.
Il y a de l'audace à vouloir sonder sa douleur.
Il y a des centièmes d'adultère, comme il y a des centièmes d'agent de change.
Le caprice est hardi comme le moineau, il se loge partout.
L'intelligence n'a pas besoin d'ancêtres, elle a besoin de successeurs.
Les larmes sont comme le collier de perles : moins il y en a, plus on y croit.
C'est le cœur qu'on tend souvent au collier, et pas toujours le cou.
En amour irrégulier, la trahison est une chute, un désastre en amour légitime.
Parler d'amour, c'est souvent vouloir faire prendre le feu.
Quand un couple se promène avec l'air ennuyé, ne cherchez pas, c'est mari et femme.
Profite des petites occasions de bien faire, en attendant les grandes.
Le sourire n'est ni une approbation ni un blâme ; il est du genre neutre.
On ne peut pas voir les douceurs de la mort, elle les présente mal.
La haine encaisse, la colère dépense.
Vivre de sa passion, beaucoup en rêvent, peu en vivront.
On n'aime qu'avec les sens quand, sans croire, on aime.
Traîner une peine, c'est la porter deux fois.
Souffrir serait encore plus dur si faire souffrir n'existait pas.
Être amoureux, c'est avoir perdu pied complètement.
En amour, toi et moi forment un pronom de la même personne.
Le bruit des pas qu'on aime est le plus cher des bruits.
Bien agir se passe de bien penser, mais non bien penser de bien agir.
Un homme sans opinion : un logement toujours prêt aux mauvais locataires.
Plaire n'est jamais si doux que déplaire à certaines gens.
Le vrai repentir chérit ses larmes.
Un pas en avant, un pas en arrière ; on s'attache, on se détache, on se rattache.
Mieux vaut le pardon que le blâme.
Un principe n'est ni vieux ni jeune, il a l'âge de ce qu'il vaut.
Les plus haineux sont souvent les plus envieux.
Flatteuse récompense d'une pensée saine : se faire craindre par son jugement.
Un bavard peut ne pas être un méchant, mais il en fait souvent la besogne.
Avant de s'élancer, l'ironie fait sa première apparition sur la lèvre.
Un goût cède le pas à son voisin, une passion l'écrase.
Qui ne vit que dans ses convictions vit souvent dans ses erreurs.
Le nombre favorise l'excès, en diminuant la responsabilité de chacun.
Avoir modestement raison, c'est le grand succès.
On a de la reconnaissance à ses amis quand ils se portent bien.
Rien de plus édifiant que l'esprit de famille, et rien de plus égoïste pourtant.
Les femmes prennent souvent le chemin de l'amitié dans l'espoir d'y rencontrer l'amour.
Il est toujours prudent d'avoir des rames de rechange.
Pour être belle ruine, on n'a pas besoin d'avoir été beau monument.
Nous n'apprécions rien tant que la fermeté chez les autres quand nous en manquons.
Les hommes sont comme les enfants ; ils sentent quelquefois le besoin d'aller dîner à la cuisine.
Le bonheur fait quelquefois comme le beau monde, il arrive sur le tard.
L'impôt de la vie pour les riches se paie par le coeur.
La complaisance est bien souvent une indifférence.
Une mère gratifiée de cinq filles, je la plains comme une ville assiégée.
L'état du cœur d'une femme se lit dans ses yeux : l'amoureuse a le regard inquiet, elle cherche son ciel.
L'espérance est la seule femme dont on aime les cheveux blancs.
Y a-t-il des présences aussi douces que certaines absences ?