Les sens et l'esprit peuvent se tromper ; mais un cœur simple, encore qu'il puisse être trompé, ne trompe jamais.
Un ami raisonné est le plus grand présent que la bonté des dieux puisse accorder à un homme.
Il y a plus de force à avouer ses fautes qu'il n'y a de faiblesse à les commettre.
L'azur du ciel est moins beau que le bleu de tes yeux, et le chant des bengalis moins doux que le son de ta voix.
Le plaisir du repos s'achète par la fatigue ; celui de manger, par la faim ; celui de boire, par la soif.
Quand on se charge d'une commission, il faut la remplir dans toutes ses circonstances.
Que le ciel vous éclaire et qu'il vous conduise dans tout ce que vous entreprendrez.
Quand les maux sont à leur comble, ils touchent à leur fin.
Si la solitude a ses jouissances, elle a aussi ses privations ; elle paraît à l'infortuné un port tranquille d'où il voit s'écouler les passions des autres hommes sans en être ébranlé ; mais, pendant qu'il se félicite de son immobilité, le temps l'entraîne lui-même. On ne jette point l'ancre dans le fleuve de la vie ; il emporte également celui qui lutte contre son cours et celui qui s'y abandonne, le sage comme l'insensé, et tous deux arrivent à la fin de leurs jours, l'un après en avoir abusé, et l'autre sans en avoir joui.
La vérité est comme la rosée du ciel ; pour la conserver pure, il faut la recueillir dans un vase pur.
Sans ses lumières un bon cœur est aveugle.
Instruit par le malheur, jamais je ne refuse mon secours à un plus malheureux que moi.
La vérité est utile à tous les hommes ; l'erreur n'est profitable qu'à quelques-uns, et est nuisible à tous, parce que l'intérêt particulier est l'ennemi de l'intérêt général quand il s'en sépare.
Toute lumière tire son origine du soleil, toute vérité tire la sienne de Dieu.
Quand on est frère et sœur et qu'on en rencontre un des deux quelque part, on est sûr que l'autre n'est pas bien loin.
Les ignorants ont coutume de faire ce qu'on leur dit quand on leur donne des avis dont ils ne comprennent pas le sens.
Un enfant, monté sur les épaules d'un grand homme, voit plus loin que celui qui le porte.
Les inventeurs en chaque science sont les plus dignes de louange, ils en ouvrent la carrière aux autres hommes.
Celui qui veut faire du bien aux hommes doit se préparer de bonne heure à en recevoir que du mal.
Si la vie est une punition, on doit en souhaiter la fin ; si c'est une épreuve, on doit la demander courte.
La vérité se présente quelquefois à nous pendant le sommeil.
Rien n'arrive dans le monde sans la permission de Dieu. Les songes annoncent quelquefois la vérité.
Les caractères vifs, sur lesquels glissent les peines légères, sont ceux qui résistent le moins aux grands chagrins.
Les malheurs du premier âge préparent l'homme à entrer dans la vie.
L'enfance qui connaît des caresses tendres ne connaît pas de plus doux noms que frère et sœur.
Tout mal a pour racine quelque erreur, comme tout bien émane de quelque vérité.
On ne fait son bonheur qu'en s'occupant de celui des autres.
La vie de l'homme, avec tous ses projets, s'élève comme une petite tour dont la mort est le couronnement.
Aucune douleur suite à la perte d'un enfant n'est égale à la douleur maternelle.
Il y a des maux si terribles et si peu mérités que l'espérance même du sage en est ébranlée.
Il y a dans la femme une gaieté légère qui dissipe la tristesse de l'homme. Ses grâces font évanouir les noirs fantômes de la réflexion. Sur son visage sont les doux attraits et la confiance. Quelle joie n'est rendue plus vive par sa joie ? Quel front ne se déride à son sourire ? Quelle colère résiste à ses larmes ?
Lisez ! Les sages qui ont écrit des livres avant nous sont des voyageurs qui nous ont précédés dans les sentiers de l'infortune, qui nous tendent la main et nous invitent à nous joindre à leur compagnie, lorsque tout nous abandonne. Un livre est un bon ami.
En peu de temps les grandes craintes succèdent aux grandes espérances. Les passions violentes jettent toujours l'âme dans les extrémités opposées. Tout travail me déplaît ; toute société m'ennuie.
Pour les pauvres un plaisir au milieu des maux est une fleur au milieu des épines : ils en goûtent vivement la jouissance.
Le parfum de milles roses ne plaît qu'un instant, mais la douleur que cause une seule de leurs épines dure longtemps après sa piqûre. Un mal au milieu des plaisirs est pour les hommes une épine au milieu des fleurs.
L'acte le plus agréable aux saints, c'est le bien qu'on fait aux malheureux.
Les talents sont encore plus rares que les richesses ; ils sont de plus grands biens, puisque rien ne peut les ôter, et que partout ils nous concilient l'estime publique. Mais ils coûtent cher. On ne les acquiert que par des privations en tout genre, par une sensibilité exquise qui nous rend malheureux au-dedans, et au-dehors par les persécutions de nos contemporains.
Les objets que nous voyons habituellement ne nous font pas apercevoir de la rapidité de notre vie ; ils vieillissent avec nous d'une vieillesse insensible : mais ce sont ceux que nous revoyons tout à coup, après les avoir perdus quelques années de vue, qui nous avertissent de la vitesse avec laquelle s'écoule le fleuve de nos jours.
Plantez en terre des noyaux ou des pépins, il en viendra des arbres qui donneront leurs fruits à quelque voyageur, ou au moins à un oiseau.
Pour moi, je me laisse entraîner en paix au fleuve du temps, vers l'océan de l'avenir, qui n'a plus de rivages ; et par le spectacle des harmonies actuelles de la nature, je m'élève vers son auteur, Dieu, et j'espère dans un autre monde de plus heureux destins.
Si je me communique à tout le monde, je ne me livre à personne.
Si je rencontre quelque infortuné, je tâche de venir à son secours par mes conseils, comme un passant, sur le bord d'un torrent, tend la main à un malheureux qui s'y noie.
Après le rare bonheur de trouver une compagne qui nous soit bien assortie, l'état le moins malheureux de la vie est sans doute de vivre seul. Tout homme qui a eu beaucoup à se plaindre des hommes, cherche la solitude. La solitude ramène en partie l'homme au bonheur naturel, en éloignant de lui le malheur social. Au milieu de nos sociétés divisées par tant de préjugés, l'âme est dans une agitation continuelle ; elle roule sans cesse en elle-même mille opinions turbulentes et contradictoires, dont les membres d'une société ambitieuse et misérable cherchent à se subjuguer les uns les autres. Mais dans la solitude elle dépose ces illusions étrangères qui la troublent ; elle reprend le sentiment simple d'elle-même, de la nature et de son auteur. Ainsi l'eau bourbeuse d'un torrent qui ravage les campagnes, venant à se répandre dans quelque petit bassin écarté de son cours, dépose ses vases au fond de son lit, reprend sa première limpidité, et, redevenue transparente, réfléchit, avec ses propres rivages, la verdure de la terre et la lumière des cieux.
Je tiens pour principes certains du bonheur qu'il faut préférer les avantages de la nature à tous ceux de la fortune, et que nous ne devons pas aller chercher hors de nous ce que nous pouvons trouver chez nous.
Il faut obéir à la Providence, à nos vieux parents, même s'ils sont parfois injustes. C'est un sacrifice, mais c'est l'ordre de Dieu. Il s'est dévoué pour nous ; il faut, à son exemple, se dévouer pour le bien de sa famille.
Il faut chercher la vérité avec son cœur, et non avec son esprit. Les hommes sentent tous de la même manière, et ils raisonnent différemment, parce que les principes de la vérité sont dans la nature, et que les conséquences qu'ils en tirent sont dans leurs intérêts. C'est donc avec un cœur simple qu'on doit chercher la vérité ; car un cœur simple n'a jamais feint d'entendre ce qu'il n'entendait pas, et de croire ce qu'il ne croyait pas.
La médisance, sous une apparence de justice, dispose nécessairement le cœur à la haine ou à la fausseté ; car il est impossible de ne pas haïr les hommes si on les croit méchants, et de vivre avec les méchants si on ne leur cache sa haine sous de fausses apparences de bienveillance.
Dieu ne laisse jamais un bienfait sans récompense.
La nécessité donne de l'activité, et souvent les inventions les plus utiles ont été dues aux hommes les plus misérables.
En tout temps la plus tendre affection unit tous les membres de leurs familles, et les jeunes gens y écoutent, avec le plus grand respect, les conseils des vieillards.
La solitude rétablit aussi bien les harmonies du corps que celles de l'âme.
La vertu est un effort fait sur nous-mêmes pour le bien d'autrui dans l'intention de plaire à Dieu seul.
La mort est un bien pour tous les hommes ; elle est la nuit de ce jour inquiet qu'on appelle la vie. C'est dans le sommeil de la mort que reposent pour jamais les maladies, les douleurs, les chagrins, les craintes qui agitent sans cesse les malheureux vivants.
Toutes les sciences sont encore dans l'enfance, et celle de rendre les hommes heureux n'est pas encore au jour.
Examinez les hommes qui paraissent les plus heureux : vous verrez qu'ils ont acheté leur prétendu bonheur bien chèrement ; la considération publique par des maux ; la fortune par la perte de la santé ; le plaisir si rare d'être aimé par des sacrifices continuels et souvent, à la fin d'une vie sacrifiée aux intérêts d'autrui, ils ne voient autour d'eux que des amis faux et des parents ingrats.