Il faut toujours régler sa bienfaisance sur son état et sur ses moyens. Mais, autant qu'on le peut raisonnablement, il ne faut se refuser à aucune des occasions qui se présentent de rendre service à ses amis. On perd auprès de bien des gens tout le mérite des bienfaits passés, lorsqu'on n'en veut plus faire. Celui qui pouvant obliger toujours ne le fait pas, donne lieu de croire qu'il n'a obligé que par intérêt, ou qu'il n'aime plus. L'amitié, comme le feu, s'éteint quand on ne l'entretient pas.
Il n'y a plus ni honnêteté ni bienfaisance chez les hommes.
Jésus enseignait que la bienfaisance valait mieux que la prière ; la prière est en effet un acte de préoccupation personnelle en vue de récompenses à venir. La bienfaisance est un acte d'abnégation au profit des autres, elle ne donne pas pour qu'on lui rende, elle est donc plus méritoire.
La bienfaisance est aussi naturelle à certains esprits que la malveillance à d'autres.
Sans l'économie, que les gens confondent avec l'avarice, la bienfaisance et la générosité seraient plus rares.
Rien ne peut forcer le libre caractère de la bienfaisance.
La bienfaisance est toute volontaire.
Par votre bienfaisance, consolez la douleur, secourez l'indigence.
Le riche craint la malfaisance du pauvre ; le pauvre doit craindre même la bienfaisance du riche.
La bienfaisance veut que l'on caresse les uns, et que l'on rebute les autres d'une juste manière.
La vraie bienfaisance est un plaisir qui ne s'use pas.
Après la bienfaisance le plus grand des plaisirs est la reconnaissance.
Les exemples de bienfaisance propagent dans la société, comme une heureuse contagion, le goût de faire le bien. La vue d'un acte de dévouement sublime, spontané, provoque une généreuse émulation, et l'on se précipite au secours de ses semblables comme à une victoire dont on veut sa part ; on se jette au milieu des flammes de l'incendie, des flots où roulent les naufragés, des ruines qui engloutissent des familles ; ou bien on se dépouille de ce qu'on possède pour relever une soudaine infortune.
La bienfaisance d'un chef d'État est un calcul politique ; et, s'il distribue quelques bribes de l'immense dotation que le peuple sue à son profit, c'est afin que ses prétendus bienfaits lui reviennent en acclamations de reconnaissance, d'enthousiasme et de zèle ; d'ailleurs un trône est trop élevé pour que les cris du malheur montent jusque-là ; une double enceinte de gardes et de murailles le munit contre les reproches de l'opprimé, le fortifient contre les cris de la misère. Aussi le principal grief contre les gouvernements et la première cause de leur chute, c'est la sourde oreille qu'ils opposent aux plaintes des classes malheureuses.
Le cœur de l'homme ne saurait battre d'une véritable bonté lorsqu'il est préoccupé des soins du pouvoir, du luxe, ou de grandes spéculations. C'est pourquoi la bienfaisance s'exerce mieux de pauvre à pauvre, de même que les consolations s'échangent plus sympathiquement entre ceux qui souffrent, car selon une maxime ancienne et toujours vraie : L'expérience du malheur nous apprend à compatir aux malheureux.
Hélas ! trop souvent la bienfaisance s'exerce en vue de la considération qui s'y attache, en sorte qu'elle a ses hypocrites comme la religion. Ces tartufes de la charité se démasquent, d'ailleurs, eux-mêmes par le soin qu'ils prennent à faire sonner bien fort et briller à tous les yeux leurs aumônes, tandis que les hommes véritablement généreux et charitables se reconnaissent au soin qu'ils prennent de se dérober aux regards et aux applaudissements.
Ce qu'il y a de bienfaisance dans le cœur de l'homme est tout juste au niveau des misères humaines, et c'est tout au plus si les discours incessants de la morale et de la religion parviennent à égaler le remède au mal, le baume à la blessure.
La bienfaisance, cette vertu qui couve au fond de tous les cœurs, malheureusement y est souvent retenue soit par d'indignes calculs, soit par de mauvais exemples, soit par l'entraînement de la vie positive, soit encore par le découragement où nous jette la vue de tant de misères, car alors la main se décourage à la pensée de l'imperceptible résultat de l'aumône, et l'on fait à l'instar du médecin qui, à la vue d'un malade désespéré, l'abandonne, comme on dit, à la nature ; on en vient donc à considérer le paupérisme comme une fatalité inévitable, faute de pouvoir l'extirper.
La bienfaisance est la jouissance intime la plus pure, la plus durable, quoique exposée, comme toute autre, à de tristes déceptions.
La bienfaisance n'est souvent qu'une envie cachée de domination.
La bienfaisance est un effet de la sensibilité naturelle, de la générosité et de l'amour du genre humain.
La bienfaisance fait plus de mécontents par son défaut de continuité qu'elle m'inspire de reconnaissance par son exercice habituel.
Il est des choses excellentes que l'individu seul ne peut faire, et qui ne se peuvent en secret. Aimez les associations de bienfaisance, et si vous en avez le moyen, propagez-les, ranimez-les lorsqu'elles s'engourdissent, redressez-les lorsqu'on fausse leur but. Ne perdez pas courage pour les sottes railleries que les avares et les oisifs n'épargnent jamais à ces âmes laborieuses qui travaillent pour le bien de l'humanité.
De toutes les louanges la plus agréable est celle qu'on a méritée par sa bienfaisance.
La vraie bienfaisance aime le secret, elle ressemble à ces grands fleuves qui se retirent en silence des terres sur lesquelles ils ont porté la fertilité et les richesses.
La bienfaisance pure est presque aussi rare que la vraie reconnaissance.
La crainte de faire des ingrats ne doit pas nous empêcher d'ouvrir, en faveur des indigents, la main de la bienfaisance. Devons-nous nous attendre à être mieux traités que Dieu même ? Ses plus grands bienfaits ne sont-ils pas les plus grands ingrats ? Ceux qu'il a comblés de biens ne sont-ils pas souvent ceux qui en abusent le plus, et qui le servent le plus mal ? L'ingratitude que les hommes auront pour nous, pourra nous devenir plus avantageuse que leur reconnaissance, en épurant notre vertu, en nous rendant plus agréables et plus semblables à Dieu.
Le premier devoir de l'homme en société est d'avoir de la générosité, de l'humanité, de la bienfaisance. Ces trois vertus sont sœurs, elles nous portent également à faire du bien à nos semblables.
Si votre débiteur est dans la misère, ou qu'il ne puisse actuellement vous payer, et qu'il vous conjure d'attendre encore ; n'ayez point le cœur assez dur pour le lui refuser, et pour le dépouiller du peu qu'il a. Lui accorder quelque délai, ce n'est pas seulement humanité et bienfaisance, c'est intérêt propre et amour de nous-mêmes.
La bienfaisance est l'élément de toute âme honnête : cette vertu nous rapproche plus qu'aucune autre de la divinité. Est-il de plus doux commerce que celui de répandre d'une main sur nos semblables ce que de l'autre nous avons reçu de Dieu même !
L'admiration est comme la bienfaisance, elle n'exige point de retour.
Vexer au loin pour répandre l'aisance autour de soi, ce n'est pas une bienfaisance de bon aloi.
L'habitude des actions de bonté, celles des affections tendres, est la source de bonheur la plus pure, la plus inépuisable. Elle produit un sentiment de paix, une sorte de volupté douce qui répand du charme sur toutes les occupations, et même sur la simple existence. Prends de bonne heure l'habitude de la bienfaisance, mais d'une bienfaisance éclairée par la raison, dirigée par la justice.
La bienfaisance change l'or en panacée universelle.
La générosité ne vit que de faits sublimes ; la bienfaisance est de tous les instants.