Les citations de Charles de Nugent.

1 - Qui est Charles de Nugent ?

Photo / portrait de Charles de Nugent Biographie courte : Journaliste, auditeur au Conseil d'État et écrivain français né le 11 février 1806 à Paris, Charles de Nugent, comte de Nugent, est décédé le 12 mars 1881 au château des Mesnuls dans les Yvelines à l'âge de 75 ans.

La famille de Nugent :

Fils unique de François de Nugent (1779-1859), comte de Nugent, préfet de l'Oise, préfet de la Charente-Inférieure, et d’Anne Virginie Le Roy de Camilly (1786-1872), de leur union célébrée le 22 février 1805 naît Charles Nicolas Gustave de Nugent le 11 février 1806 à Paris.

Les dates clés de sa carrière :

Après avoir brillamment terminé ses études au collège Henri IV, à la fin de 1827 il fut admis en qualité d'auditeur au Conseil d'État, et remplit ces fonctions jusqu'à la révolution de Juillet 1830. Il n'hésita pas alors à faire le sacrifice d'une belle carrière, et fit connaître dans une brochure les motifs de son Refus de serment. Le 6 décembre 1830, cette publication lui valut une condamnation à trois mois de prison à Sainte-Pélagie pour atteinte à la sûreté de l'État . Peu de temps après, le 1er janvier 1832, Charles de Nugent fondait le journal politique le Revenant (1831-1833), qui devint bientôt l'un des principaux organes du parti légitimiste. Toutefois ces heureux débuts n'ayant pas eu tout le résultat que l'on était en droit d'espérer, le Revenant cessa de paraître, et sans quitter le monde politique et littéraire, le comte de Nugent entreprit de nombreux voyages dont les impressions lui inspirèrent ses meilleures œuvres poétiques. En 1841 il rejoint l'armée d'Afrique où, pendant cinq mois, il combattit comme volontaire aux côtés du général Louis Juchault de Lamoricière (1806-1865). Revenu en France et vivant retiré dans sa terre des Mesnuls près de Rambouillet, Charles de Nugent continua jusqu'à son dernier jour à défendre par la voie des journaux les principes religieux et monarchiques auxquels il avait dévoué sa vie.

Sa carrière littéraire et poétique :

Poète et moraliste légitimiste, Charles de Nugent a publié dans La France littéraire de Lyon, dans L'Union de l'Ouest, des poésies et des pensées ; les dernières surtout sont remarquables par la profondeur et la finesse. Son recueil de poésie les Souvenirs d'un voyageur (1857) Charles y promène sa rêverie vagabonde des montagnes de l'Ecosse aux rochers de l'Afrique, des flots du Bosphore aux pittoresques paysages des iles normandes. Ses autres poésies sont pour la plupart imprimées dans des revues, et des journaux de province depuis 1833, dont la Revue de Bretagne et de Vendée, la Revue Britannique, la Gazette du Midi, la Chronique de l'Ouest, etc. Les œuvres en prose de Charles de Nugent sont également réunies dans ces mêmes journaux, sauf de courts récits de voyage édités séparément. Il affectionnait surtout la forme de maximes et de pensées détachées.

Nugent, et ses mariages :

Par contrat de mariage du 29 août 1832 signé à Paris, il épouse en premières noces Charlotte Gabrielle, fille du député Gustave Sanlot-Baguenault. Son épouse, Marie, née 27 juillet 1813 à Paris, est décédée le 17 avril 1836 à l'âge de 23 ans, elle est inhumée à Chateaufort dans les Yvelines.

Par contrat de mariage du 9 mai 1842 signé à Paris, il épouse en secondes noces Henriette Aglaë Françoise de Malart (1822-1891), fille du comte Claude de Malart. Son épouse, Aglaë, née le 28 février 1822 à Paris, est décédée le 15 janvier 1891 aux Mesnuls dans les Yvelines à l'âge de 68 ans.

Décès et inhumation :

Charles de Nugent rend don dernier soupir à l'âge de 75 ans le 3 décembre 1881 aux Mesnuls. Enlevé par une suffocation subite qui ne lui a laissé que le temps de recevoir l'absolution et de recommander son âme à Dieu, il repose dans le cimetière de la famille situé au château des Mesnuls.

Ses principales oeuvres :

Les Souvenirs d'un voyageur (1857), et les Maximes et pensées choisies, recueil publié posthumément en 1882.

2 - Les 112 pensées et citations de Charles de Nugent :

On surfait la gloire si on l'estime d'après ce qu'elle coûte ; c'est une acquisition où les uns perdent leurs amitiés, les autres leur conscience, et tous leur bonheur.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La gloire est un diamant, mais le bonheur est un grain de blé.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Un journal ressemble aux artichauts de Provence, beaucoup de feuilles, mais peu ou point de fond.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Quand le cœur veille, l'esprit sommeille ; c'est à charge de revanche.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Beaucoup de gens veulent l'ordre, mais ne veulent pas encore le principe qui peut seul le donner et l'assurer ; ils ressemblent à des hommes qui dans un chemin hérissé d'obstacles et semé de dangers, prétendent surmonter les uns et éviter les autres, tout en s'obstinant à garder un épais bandeau sur les yeux.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La loi des distances n'est pas la même pour les distances matérielles que pour les distances morales ; on s'écarte d'un principe plus vite et plus aisément qu'on n'y retourne ; et dans le monde intellectuel il y a moins loin du centre à la circonférence que de la circonférence au centre.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La politique sans principes trouve au moins autant de débit que le vin fait sans raisin, mais elle n'est pas plus saine ni de meilleure garde.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Prenez des grimaces de singe, des caresses de chat, des larmes de crocodile, des rires d'oiseau-moqueur, des hurlements de loup, des souplesses de reptile, des appétits de harpie, et vous aurez les principaux éléments du régime parlementaire.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

On croit qu'il faut hurler avec les loups, et on devrait croire qu'il faut aboyer contre eux.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Les journaux sont les portraits des peuples et des partis, portraits que les modèles n'achètent que s'ils s'y voient plus embellis que ressemblants.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

On s'applique à cacher son cœur sous un voile impénétrable, et on aime à faire parade de son esprit ; c'est enfouir de l'or et étaler du cuivre.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La fraude et la violence aiment à se retrancher dans l'arsenal de la légalité, comme Cartouche et Mandrin aimaient à revêtir l'uniforme de la maréchaussée.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

L'homme d'esprit qui meurt avant d'avoir rien publié est un galion qui sombre avant d'avoir débarqué les richesses de sa cargaison.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La prodigalité de l'esprit augmente sa richesse, tandis que la prodigalité de la fortune diminue ses trésors.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La vieillesse partage ses jours entre le regret d'avoir vécu et la crainte de ne plus vivre.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Chez la vieillesse l'imprévoyance est le résultat d'un manque de mémoire.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Les études et les travaux d'un vieillard sont des ciselures sur un édifice qui s'écroule.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Avoir de l'instruction et ne pas avoir d'esprit, c'est posséder plusieurs paires de bottes et n'avoir pas de jambes.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Le repentir ne répare pas nos fautes, mais il les expie, et si le monde ne se contente pas de cette satisfaction, elle suffit à Dieu.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Les fautes détournent l'homme de consulter sa conscience, comme les rides détournent la femme de consulter son miroir.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

De petites fautes anéantissent de grandes vertus comme de petites saignées épuisent un grand lac.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

L'aveu d'une faute est la plus noble de toutes les parures de l'âme.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

L'homme d'esprit fait les semailles, le savant fait la récolte, et le public fait le pillage des grains.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Les hommes qui désirent faire la moisson sont nombreux, mais il en est peu qui se bornent à ne vouloir récolter que ce qu'ils ont semé.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Les gazons livrent leurs fleurs et leurs parfums aux passants et aux oisifs, les sillons ne livrent leurs épis qu'aux travailleurs qui sèment et moissonnent ; les premiers sont l'image des poètes et les seconds l'image des savants.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La mémoire récolte, mais c'est l'imagination qui sème.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Dans aucune pépinière, on ne plante de poiriers ou de cormiers, si l'on veut un jour y récolter des oranges, mais dans le champ de la politique on renouvelle chaque jour des essais de ce genre.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Un critique de profession est un jardinier qui arrache plus de plantes qu'il n'en fait pousser.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La vieillesse découvre chez la jeunesse tous les défauts et tous les torts d'une maîtresse qui nous a abandonnés.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La confiance et la générosité chez un vieillard ne charment et n'étonnent pas moins que des violettes et des roses au milieu des neiges.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

L'indulgence et la générosité chez un vieillard sont des rayons de soleil en hiver.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La vieillesse est un port, où on regrette les tempêtes.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

A mesure qu'elle prend des années, la jeunesse perd quelquefois ses défauts et toujours ses qualités.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La jeunesse est au nombre des défauts dont on ne se corrige que forcément et à regret.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La vie peut se comparer à un repas composé de plusieurs services, dans lequel, au rebours de l'ordre habituel, nous commençons par le dessert : la jeunesse est le moment des crèmes, des sucreries et des breuvages enivrants.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La jeunesse qu'on ne prémunit pas contre les passions de son âge, c'est la tige fleurie qu'on laisse exposée aux orages du printemps, et qui ne portera pas de fruits, quand viendront les calmes et fécondes journées de l'automne.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Il en est des projets de la jeunesse comme des vitraux de nos cathédrales ; quelque téméraire qu'en soit la composition, quelque incorrect qu'en soit le dessin, ils rayonnent d'une splendeur éblouissante.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

L'enfant est le portrait de l'homme, mais portrait que l'art n'a pas encore verni, et que le temps n'a pas encore enfumé.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Un vaisseau avec le vent en poupe, des mâts pavoisés, et une artillerie puissante, un équipage vigoureux, jeune et actif, mais oublieux de tenir le gouvernail et de consulter la boussole, est l'image de la jeunesse ; elle vogue sans calculer les longitudes ni jeter la sonde, se laisse entraîner à la dérive, et ne cargue pas ses voiles à l'approche des écueils.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La jeunesse est le prospectus et la préface de la vie ; comme une préface et un prospectus, elle n'est pas avare de promesses et d'engagements, qui valent hélas ! tout ce que peuvent valoir les promesses et les engagements des prospectus.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Nous avons nommé le chemin de la vie ce qui est le chemin de la mort, puisqu'il s'agit de l'espace à parcourir du berceau à la tombe.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Lisons le même livre à des âges différents, nous n'y lirons pas la même chose, entre toi et moi !

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Dans la vie, autant il est doux de se faire bercer, autant il serait dangereux de se laisser endormir.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Dans la vie publique, comme dans la vie privée, il est certain que les déceptions affligent, mais est-il vrai qu'elles corrigent ?

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

L'homme qui, fatigué et effrayé de la vie publique, veut se réfugier dans la vie privée, croit entrer dans la paix au sortir d'une bataille, et il se trouve aux prises avec d'autres labeurs, d'autres troubles et d'autres dangers. A l'ombre ou au soleil, notre existence est une série de craintes, de combats et de plaies.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Dans la vie à deux, les différences sont un élément d'union et d'accord tout aussi essentiel que les ressemblances.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

On rencontre dans le chemin de la vie mille pentes ardues, où les hommes qui descendent ont encore plus de peine à ne pas trébucher et tomber, que les hommes qui montent n'en ont à s'élever.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

L'âge qu'on a réellement devrait se mesurer sur le nombre des choses que l'on a vues ou faites, plutôt que sur le nombre des jours que l'on a vécu.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Sur la route la variété des paysages est un trompe-l'oeil qui semble l'abréger, et dans la vie, au contraire, la multiplicité des événements paraît l'allonger.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La veille et le sommeil se partagent l'existence en portions inégales ; le sommeil a la part la plus courte, mais la moins mauvaise ; et si l'on avait la faculté de choisir les rêves, on voudrait qu'il remplît toute la vie.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

L'enfance d'un homme ne fait guère mieux prévoir ce qu'il sera dans sa vie que la source d'un fleuve n'annonce ce qu'il deviendra dans son cours.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Nous fêtons l'anniversaire de notre naissance, comme si nous ignorions les trois inévitables conséquences de ce jour : Souffrir, vieillir et mourir.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Le matin de la vie n'a pas moins d'espérances et de vertu que le matin de la journée n'a d'éclat et de parfum, mais les orages du midi et les ombres du soir arrivent à pas de géant.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Les difficultés de la vie trouvent leur emblème dans les serrures, dont avec de la patience et de l'adresse on fait jouer les ressorts, mais où les hommes qui veulent les forcer brisent leurs clefs et s'estropient les doigts.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Il ne s'agit pas d'être contents de notre sort en ce monde, mais de nous en contenter, ce qui est fort différent ; la première de ces choses est au-dessus de nos efforts, mais nous pouvons nous mettre à la hauteur de la seconde.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

On compare sans cesse la vie à un banquet et rien n'y ressemble moins, puisqu'au lieu de finir par les sucreries et les breuvages enivrants, elle finit le plus souvent par l'amertume et les dégoûts.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Moins l'homme est disposé à demander le pardon de Dieu, plus il est porté à refuser le sien à ses pareils ; les gens qui ne se confessent pas n'implorent pas l'absolution, mais ils l'accordent encore moins.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Le génie est le levier qui peut soulever le monde, mais il a besoin d'un point d'appui qui ne se trouve que dans la foi ; si ce point d'appui fait défaut, tous les calculs, tous les efforts, la tête et le bras d'Archimède restent inutiles.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Tant que le sentiment religieux n'est que vague et indéfini, il n'est pas plus une croyance que des couleurs ne sont un tableau ; mais c'est de ce sentiment que la croyance se compose et se détermine, comme un tableau se dessine et s'achève à l'aide des couleurs. Si ce travail qui précise et fixe les teintes ne se fait pas, l'homme avec des sentiments religieux, sans croyance positive, est un peintre avec une riche palette, mais sans toile et sans pinceaux.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

L'honneur diffère de la vertu, comme la grâce diffère de la beauté.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Un pays, qui a un bon peuple, n'est-il pas plus fort qu'un pays qui n'a que de bonnes individualités ?

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Autrefois noblesse obligeait, aujourd'hui richesse dispense.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

L'amour est un placement à fond perdu, aussi exige-t-il des intérêts usuraires.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

L'homme est, vis-à-vis de Dieu, un débiteur qui intervertit les rôles et montre les exigences d'un créancier.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

L'avare est toujours trop riche et l’homme généreux ne l'est jamais assez ; mais l'un et l'autre pensent précisément le contraire.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La philanthropie donne peu, mais donne à grand bruit ; la charité s'applique à faire précisément le contraire.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La charité ferme souvent les yeux et les oreilles pour n'avoir pas à fermer les mains.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

On croit être un esprit profond parce qu'on est un esprit creux, et on devrait croire qu'une caverne peut être vaste et sombre, sans contenir ni rubis ni saphirs.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Le coeur humain est un de ces tristes livres qui font regretter d'avoir appris à lire.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Le coeur humain peut se comparer à une mappemonde, où d'un côté il n'y a pas de riches contrées sans espaces stériles, et de l'autre pas de déserts sans oasis.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La plupart des poètes ressemblent aux ouvriers des Gobelins, et ne voient guère que l'envers des tapisseries qu'ils offrent aux regards charmés du public.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Les discours politiques apportent à l'ouvrier des rêves d'or, mais il lui enlève son pain.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

On veut bien avouer qu'envisagé en masse le genre humain est une pauvre et triste engeance, mais chacun se croit personnellement une exception : l'homme consent ainsi à se dépouiller d'orgueil pour son espèce, mais il en retient une large dose pour son individualité.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

L'esprit humain est si mobile et si peu sûr, que chez lui les vérités d'hier sont douteuses aujourd'hui, et seront des fables demain.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Le cœur humain est un coffret où l'espérance a pris la place du bonheur, et où les trésors imaginaires sont les plus réels de tous.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La vie est un cadran, où les heures vont plus vite dans l'après-midi que dans la matinée.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La vie est un espèce d'omnibus, dans lequel on entre sans savoir, ni quels seront les compagnons de voyage, ni quel itinéraire on suivra, et dont on ne connaît d'avance que le terme inévitable, dont toutefois on ignore l'heure.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La vie est un bal masqué, où la fourberie réussit mieux à passer incognito que la loyauté à se faire reconnaître.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La vie humaine est un volume composé de pièces disparates : il s'ouvre par des idylles, continue par des pages de calcul et se termine par des élégies.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La vie est un livre qui n'a qu'une édition, dont l'errata signale les fautes, sans pouvoir les effacer, et s'il en avait une seconde, elle ne serait probablement pas moins incorrecte que la première.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La vie humaine est un livre, dont la première et la dernière page sont toujours identiquement les mêmes, quel que soit le format de ce livre, et le langage dans lequel il ait été écrit.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Les coutumes qui ont force de loi prouvent la bienveillance naturelle au peuple.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Le législateur humain ne peut prescrire que des châtiments. A Dieu seul appartient d'obtenir des expiations.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Les mauvaises habitudes travaillent à creuser un fossé profond et infranchissable entre la bonne volonté et les bonnes actions. La routine peut entraîner à faire bien, mais elle empêche de faire mieux.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La vie humaine est un volume à la fin duquel on arrive rapidement, sans avoir pu mettre le signet nulle part ; et ce livre si court est cependant encore trop long, puisque le seul chapitre fait pour plaire (la jeunesse) est la préface, qui, mensongère et trompeuse, comme toutes les préfaces est suivie de pages insipides et désolantes.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La prière est semblable à la flèche gothique qui paraît se perdre dans les nuages, quand elle s'élève au-dessus d'eux.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Les seules fleurs qui ne se fanent pas sont les fleurs que l'âme pieuse va cueillir dans le ciel.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Dieu n'a pas besoin de nous et nous avons besoin de lui ; ce n'est donc pas seulement à la gloire de Dieu, mais surtout à la vertu de l'homme, que la prière est utile ; quand on prie, en effet, Dieu n'en devient pas plus grand, mais l'homme en devient meilleur.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Prier pour ses bienfaiteurs, ce n'est que payer une dette ; prier pour ses ennemis, c'est une générosité. La souffrance enseigne à prier, et la leçon qu'elle donne à cet égard est plus écoutée et mieux retenue que les instructions de la prière pour apprendre à souffrir.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Les hommes qui nient la douceur et l'efficacité de la prière, ne sont pas seulement des impies, mais des cœurs secs, qui n'ont jamais rien aimé, rien désiré, rien regretté.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Le catholicisme ne se borne pas à offrir une autorité immuable ; pareille au phare qui signale les écueils, sa doctrine sur la rémission des fautes vient encore recueillir ceux qui ont fait naufrage et les aide à se remettre à flot.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

En attendant le pardon de Dieu l'homme commence par s'accorder le sien, c'est un excellent moyen de ne pas mériter l'autre.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

L'homme a été créé libre, mais faible ; son libre arbitre est nécessaire à la justice de Dieu, mais la miséricorde de Dieu est tout aussi nécessaire à notre faiblesse.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La facilité d'obtenir le pardon de Dieu n'a d'égale pour l'homme que la difficulté de le demander.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Devant les hommes, mille châtiments peuvent à peine expier une faute, et devant Dieu une seule larme les efface toutes.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Dieu pardonne à ceux qui ne se pardonnent pas. Souvenons-nous de nos fautes, afin que Dieu les oublie, et oublions nos bonnes actions, afin que Dieu s'en souvienne.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La souffrance est un bourreau que la piété transforme en guérisseur.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Il y a dans la vie du chrétien une consolation à chaque douleur, un baume à chaque blessure, une palme à chaque combat ; mais les jours de l'impie ne peuvent être qu'une longue orgie, ou un long accès de désespoir, et il ne saurait échapper aux tortures du cœur de l'homme, qu'à la condition d'en renier les devoirs et d'en abdiquer la dignité.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La faiblesse de l'homme a besoin de croire et son orgueil a besoin de douter : sa raison prononcera qu'il y a plus de sagesse et de vérité dans sa faiblesse que dans son orgueil.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La piété, qui nous enseigne à quitter ce monde sans regret, est la seule science qui nous enseigne à nous y trouver heureux.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Sur le chemin du paradis on marche plus vite et plus sûrement pieds nus qu'avec des bottes fourrées.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La religion est, entre Dieu et l'humanité, ce que le langage est entre l'homme et l'homme.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La science de supputer le nombre des étoiles, de prédire les mouvements de l'océan, et de mesurer la rapidité de la course des vents du désert, n'a pas été accordée à tous ; mais tous peuvent remercier et adorer celui qui a donné à tous des yeux pour voir, et un cœur pour sentir les grandeurs de la création.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

La foi donnée d'en haut est aux vertus humaines ce que la rosée du ciel est aux moissons de la terre. La foi dépasse la portée de la raison, mais la raison sent et reconnaît le besoin de la foi ; celle-ci ne lui est donc pas contraire.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Les observations que l'expérience change en maximes sont le carbone que la nature transforme en diamant.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Les hommes qui écrivent des pensées diverses taillent des pierres pour bâtir, mais ils ne bâtissent pas.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Un volume de pensées diverses est un bureau de poste restante, où chacun peut venir chercher des lettres à son adresse.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Nos habitudes ne sont d'abord que l'effet de nos volontés et elles en deviennent ensuite la cause. Ce sont des gouvernantes qui, entrées chez nous pour nous servir, ne tardent pas à nous commander.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Quelle est la valeur et l'utilité des principes, répètent en souriant les adorateurs du fait accompli ? N'arrive-t-il pas sans cesse aux principes d'être vaincus et proscrits, et cependant le monde va toujours ? Oui, mais il va mal.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Entre le chef de l'État qui suit ses inspirations, et le Premier ministre qui suit les avis de ses conseillers officiels et officieux, il y a la même différence qu'entre la source dont les eaux jaillissent spontanément et la citerne qui recueille les eaux de pluie ; n'est-il pas naturel de préférer le rôle de la source au rôle de la citerne ?

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

Par quelle aberration de langage et d'idées parle-t-on de principes nouvellement éclos, comme d'œufs fraîchement pondus ? Les principes ne sont ni vieux ni jeunes ; ils sont bons ou mauvais, vrais ou faux, mais ils sont de toute éternité. Le bien et le mal sont nés avec l'homme.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

On se plaint de ce que le ciel est aveugle dans la distribution des richesses, et on devrait surtout se plaindre de ce qu'il est avare du sentiment qui rend capable de les mépriser.

Charles de Nugent - Maximes et pensées choisies (1882)

3 - La liste des auteurs célèbres :

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