Il faut autant de discrétion pour donner un conseil que de docilité pour le suivre.
Un bon conseil, il faut voir si l'on en peut tirer quelque avantage, avant de le rejeter.
La santé, comme la fortune, retire ses faveurs à ceux qui en abusent.
Les hommes seront toujours plus insensés que méchants.
Il n'y a que l'étude, les connaissances, les réflexions, qui élèvent les hommes.
Malheur à ceux qui, par le mot de plaisir, n'imaginent que ceux des sens !
Obéir à tous les plaisirs en esclave, c'est se dégrader.
L'empire du plaisir est le plus absolu, vouloir s'y soustraire absolument, c'est une chimère.
On ne définit point le plaisir, on le sent, ou on ne le sent pas.
Les livres sont à l'âme ce que la nourriture est au corps.
La dévotion est le dernier de nos amours.
Qui est incapable de commettre un crime n'en soupçonne pas facilement les autres.
Tous les hommes se réunissent dans le désir d'être heureux. La nature nous a fait à tous une loi de notre propre bonheur. Tout ce qui n'est point bonheur nous est étranger : lui seul a un pouvoir marqué sur notre cœur ; nous y sommes tous entraînés par une pente rapide, par un charme puissant, par un attrait vainqueur ; c'est une impression ineffaçable de la nature qui l'a gravé dans nos cœurs ; il en est le charme et la perfection.
Une complaisance mutuelle concilie ordinairement les volontés.
Les vertus de l'homme heureux sont agréables et faciles. Les vertus du malheureux sont difficiles et fâcheuses. L'homme heureux n'a qu'à s'abandonner à ses vertus, et il faut que le malheureux se sacrifie aux siennes.
J'aime la vertu sans rudesse ; j'aime le plaisir sans mollesse ; j'aime la vie.
Il vaut mieux pécher par un excès de bonne opinion pour les autres que par un soupçon injurieux.
L'étude féconde les talents donnés par la nature, mais c'est la conversation qui les met en œuvre, qui les polit, qui les épure.
L'étude est la plus solide nourriture de l'esprit, c'est la source de ses plus belles lumières.
Il faut tâcher d'abolir les noms de mépris, ils ne font qu'entretenir la haine parmi les hommes ; mais il faut conserver les noms de fourbe, de traître, d'ingrat, pour faire toujours honte å ceux qui les méritent.
L'hymen avec la joie a tant d'antipathie, qu'on n'a que deux bons jours, l'entrée et la sortie.
À une douleur oubliée, il n'est pas difficile de faire succéder le sentiment de la joie.
On doit tout craindre de l'inégalité des femmes : ce n'est ni le mérite qu'elles reconnaissent en nous, ni les assiduités qu'on leur rend, ni l'amour que l'on a pour elles, ni l'indifférence que l'on témoigne à celles qui pourraient leur donner de l'ombrage, qui décident de leur constance : c'est le défaut des occasions où elles sont sujettes à nous trahir. Une femme, pour être égale dans son choix, a besoin de ne voir que la personne qu'elle aime.
L'enfer pour les femmes qui ne sont que belles, c'est la vieillesse.
Les femmes savent mieux feindre de ne pas aimer qu'elles ne savent aimer véritablement ; elles ont plus de plaisir à devoir un cœur à leur adresse qu'à leur sincérité. Leur vanité se trouve flattée de tous les tourments qu'elles font souffrir, et je ne doute point qu'elles soient plus touchées de l'embarras d'un amant qui ne sait à quoi s'en tenir, que du plaisir de le rendre parfaitement heureux.
Une femme qui devient sage quand elle cesse d'être belle, cesserait vraisemblablement d'être sage si elle pouvait redevenir belle.
La plupart des femmes ne sont agréables que par les agréments qu'elles se donnent : tout ce qu'elles mettent pour se parer cache des défauts.
Avec la beauté, il n'y a point d'infortune dont une femme ne puisse se consoler ; sans beauté, il n'y a point de bonheur qui puisse satisfaire une femme.
L'indulgence qu'on a pour les femmes qui font l'amour est moins une grâce à leur péché qu'une justice à leur faiblesse.
Quand on a perdu la jeunesse, c'est une folie de croire qu'on en puisse retenir les agréments.
Regardons-nous comme des demandeurs tant que nous avons besoin du conseil d'autrui.
La vue des belles choses, l'admiration qu'elles excitent, les réflexions qu'elles produisent, les connaissances qu'elles donnent, la sensibilité qu'elles causent, les découvertes qu'on y ajoute, deviennent des sources intarissables de plaisirs.
L'envie punit toujours le cœur qui la conçoit, elle l'afflige d'une inquiétude continuelle, sans espérance de soulagement.
Avant que de désirer fortement une chose, il faut examiner le bonheur de celui qui la possède.
Les hommes ne louent jamais gratuitement, ni sans intérêt.
La pauvreté est le plus grand des maux qui soient, et l'on hait autant l'haleine d'un homme qui n'a rien, que celle d'un pestiféré.
Deux sortes de maux de l'opinion nous exposent aux maux de la nature. L'une est la perte des personnes chères, l'autre est la perte des biens. Le dernier de ces maux nous expose à la pauvreté, mais le premier nous expose à tous les maux de la nature ; c'est pourquoi nous lui pouvons donner le premier rang entre les maux de l'opinion.
Les maux de la nature ne sont que les maux du corps, et les maux de l'opinion ne sont que les maux de l'esprit.