Si chacun faisait tout le bien qu'il peut faire, sans s'incommoder, il n'y aurait pas de malheureux.
Si les services imposent des devoirs d'obligation à ceux qui les reçoivent, ils en exigent de la délicatesse de ceux qui les rendent.
Un tic assez ordinaire aux sots est de penser fort avantageusement d'eux-mêmes, et de croire que les autres en parlent mal.
L'homme véritablement louable est sensible à l'estime, et déconcerté par la louange.
Il y a des ridicules qui ne vont pas à toutes sortes de figures.
L'âme seule fait la physionomie ; la nature ne donne que les traits.
Un trop grand désir de paraître aimable vous empêche souvent de l'être.
Personne ne s'engage innocemment dans la voie du crime.
Les consolations nous viennent plutôt des autres que de nos propres réflexions.
Le flambeau de la philosophie blesse les yeux de ceux qu'elle n'éclaire pas.
Les véritables critiques sont presque aussi rares que les bons auteurs.
L'estime qu'on mérite ne va guère sans jaloux.
Que les femmes ne se plaignent pas des hommes ; ils ne sont que ce qu'elles les ont faits.
Le jeune homme qu'on blâme d'être amoureux, c'est lui reprocher d'être malade.
Il n'y a plus que deux caractères dans les gens du monde, la frivolité et l'intrigue.
Il est des visages communs qu'on ne prend pas la peine de distinguer.
Le ridicule fait malheureusement plus d'impression sur les âmes honnêtes et sensibles que sur les vicieux ; parmi eux on en donne, on en reçoit et l'on en rit.
Il arrive parfois qu'on donne sans générosité, et qu'on recoit sans la moindre reconnaissance, parce qu'il est rare que le bienfait tombe sur le besoin, et encore plus rare qu'il le prévienne. On refuse durement le nécessaire, on accorde aisément le superflu ; on offre les services, on refuse les secours.
Les esclaves volontaires font plus de tyrans que les tyrans ne font d'esclaves forcés.
Les hommes ont plus de timidité dans l'esprit que dans le cœur.
On n'est pas toujours obligé d'avoir ses parents pour amis, mais il est décent de vivre avec eux comme s'ils l'étaient, et de cacher aux gens trop curieux les éventuelles discordes au sein de la famille.
Un scélérat n'a point de remords, mais il a de l'orgueil.
Après les bonnes leçons, ce qu'il y a de plus instructif sont les ridicules.
Les gens d'esprit n'en ont jamais moins que lorsqu'ils veulent en avoir.
Les hommes sensés ne plaisent guère qu'à ceux qui le sont ou qui sont près de le devenir.
L'honneur qui se vend, si peu qu'on en donne, est toujours payé plus cher qu'il ne vaut.
En fait de procédés, on est bien près du mépris quand on a droit à l'indulgence.
Les femmes n'ont point de plus grands ennemis que les femmes.
Les crimes d'opinion, tout absurdes qu'ils peuvent être, l'emportent sur ceux qui blessent la morale et outragent la nature.
Rien ne flatte plus un homme faible que les éloges qu'on lui fait sur sa fermeté.
La plupart des femmes qui font le sujet du triomphe des hommes ont le cœur froid, les sens tranquilles et la tête déréglée. Ce n'est pas la raison qui détermine leur choix ; ce n'est pas l'amour, ce n'est pas même le plaisir, c'est la folie qui leur échauffe l'imagination pour un homme qui devient successivement l'objet, le complice, et la victime d'un caprice. Un amant leur plait sans autre raison que de s'être présenté le premier, et il est bientôt quitté pour un second, qui n'a d'autre mérite que d'être venu le dernier.
Le caractère est aux âmes ce que la physionomie et la variété dans les mêmes traits sont aux visages.
La modestie est le seul éclat qu'il soit permis d'ajouter à la gloire.
Les préjugés doivent être discutés, et traités avec circonspection.
La nécessité ne fait guère que des fautes quelquefois pardonnables : la cupidité réduite en système fait les crimes.
Le pédantisme contribue beaucoup à faire naître la fatuité.
L'amour des lettres rend assez insensible à la cupidité et à l'ambition, console de beaucoup de privations, et souvent empêche de les connaître ou de les sentir.
Il y a une grande différence entre la connaissance de l'homme et la connaissance des hommes. Pour connaître l'homme, il suffît de s'étudier soi-même, mais pour connaître les hommes, il faut les pratiquer.
On est ordinairement insensible quand on veut paraître plus compatissant pour les autres que pour soi-même.
On ne saurait trop s'attacher à corriger ou régler les passions qui fendent les hommes malheureux, sans les avilir ; et on doit rendre de plus en plus odieuses celles qui, sans les rendre malheureux les avilissent et nuisent à la société, qui doit être le premier objet de notre attachement.
L'extrême dissipation où l'on vit, fait qu'on ne prend pas assez d'intérêt les uns aux autres pour être difficile ou constant dans ses liaisons.
La curiosité est le fruit des premières connaissances.
Il faut un peu connaître le vice pour en redouter les pièges.
L'auteur d'un bienfait est celui qui en recueille le fruit le plus doux.
L'innocence est souvent plus hardie que le vice n'est entreprenant.
Que les femmes ne se plaignent point des hommes, ils ne sont que ce qu'elles les ont faits.
On peut compter sur la constance des femmes, quand on n'en exige pas l'apparence de la fidélité.
La nécessité ne fait guère que des fautes quelquefois pardonnables.
L'opinion nous détermine presque aussi souvent que l'amour.
Les femmes n'ont pas de plus grands ennemis que les femmes.
La postéromanie est le tic commun des Grands, ils aiment leur postérité, et ne se soucient point de leurs enfants.
La passion est mieux guidée par la lumière du sentiment que par des idées suivies.
Le goût est le sentiment du beau.
Le respect n'est autre chose que l'aveu de la supériorité de quelqu'un.
Personne ne méprise davantage que ceux qui sont véritablement méprisables.
Si quelque pique éloigne quelquefois les gens d'esprit les uns des autres, les sots les réconcilient, par l'impossibilité de vivre continuellement avec des sots.
On ne voyait jadis que des hypocrites de vertu, on trouve aujourd'hui des hypocrites de vice.
Les hommes sans caractère sont des visages sans physionomie.
Le premier amour est confiant dans ses désirs, timide dans ses plaisirs.
Le meilleur des gouvernements n'est pas celui qui fait les hommes les plus heureux, mais celui qui fait le plus grand nombre d'heureux.
L'amour se fait sentir, l'amitié se mérite, elle est le fruit de l'estime.
Le plus heureux des hommes est celui qui croît l'être.
L'ingénuité est une suite de la sottise quand elle n'est pas l'effet de l'inexpérience.
La naïveté n'est que l'expression la plus simple et la plus naturelle d'une idée dont le fonds peut être fin et délicat ; et cette expression simple a tant de grâce, et d'autant plus de mérite, qu'elle est le chef-d'œuvre de l'art dans ceux à qui elle n'est pas naturelle.
L'esprit fin est souvent faux, précisément parce qu'il est trop fin ; c'est un corps trop délié pour avoir de la consistance. La finesse imagine au lieu de voir, à force de supposer elle se trompe.
La candeur est la première marque d'une belle âme.
La politesse est l'expression ou l'imitation des vertus sociales : l'expression, si elle est vraie ; l'imitation, si elle est fausse.