Ô honte de ce siècle ! où trouver en ce monde un homme qui soit pour lui-même un censeur sévère, un témoin, un accusateur, un juge ; un homme qui reconnaisse sa faute, son erreur, qui s'appelle lui-même au tribunal de sa conscience, qui s'avoue coupable, et qui se punisse lui-même ?
Les excès sont toujours nuisibles, en toute occasion le sage tient toujours le juste milieu.
Rappelez assidûment à votre mémoire et méditez ce que vous avez anciennement appris ; tirez-en de nouvelles conséquences et des principes nouveaux : vous acquerrez ainsi de grandes lumières, et vous mériterez d'instruire les autres.
On instruit ses propres enfants par l'exemple qu'on leur donne.
Régner, c'est diriger. Donnez vous-mêmes l'exemple de la droiture et de l'honnêteté : qui osera ne pas vous suivre ?
Le germe des passions est naturel à l'homme, ou plutôt il est la nature même. Sans cesse il tend à se produire par des actions. Mais le sage impose à ses passions le frein que lui présente aussi la nature, en tant qu'elle est le principe de la raison.
Le Ciel a lui-même imprimé dans l'homme la raison naturelle. On peut l'appeler la règle, parce que la nature s'y conforme et la suit. Rétablir cette règle dans la pratique, en l'observant nous-mêmes et en la faisant suivre à ceux qui dépendent de nous, c'est obéir aux véritables lois de la vertu.
Celui qui, sincèrement et de bonne foi, mesure les autres d'après lui-même, obéit à cette loi de la nature imprimée dans son sein, qui lui dicte de ne pas faire aux autres ce qu'il ne voudrait pas qu'on lui fit, de faire pour les autres ce qu'il voudrait qu'on fît pour lui-même.
Se plaire à recevoir des avis et les négliger, c'est ne pas se nourrir des mets dont on aime la saveur.
Si vous admirez une bonne action, interdisez-vous d'en scruter les motifs ; il vous viendrait peut-être des soupçons qui vous rendraient moins ardent à l'imiter.
Il faut satisfaire aux désirs de son cœur, sans toutefois dépasser la mesure.
Le propre de l'homme est d'aimer ; mais l'amour pour ses parents est son premier devoir, et sert de règle pour aimer les autres.
Un léger secours donné à propos et dans un besoin extrême vaut mieux que cent bienfaits mal distribués.
Si ceux qui gouvernent les États ne pensent qu'à amasser des richesses pour leur usage personnel, ils attireront indubitablement auprès d'eux des hommes dépravés ; ces hommes leur feront croire qu'ils sont des ministres bons et vertueux, et ces hommes dépravés gouverneront le pays. Mais l'administration de ces indignes ministres appellera sur le gouvernement les châtiments divins et les vengeances du peuple.
Ceux qui gouvernent un pays ne doivent point faire leur richesse privée des revenus publics, mais ils doivent faire de la justice et de l'équité leur seule richesse.
L'homme humain et charitable acquiert de la considération à sa personne en usant généreusement de ses richesses ; l'homme sans humanité et sans charité augmente ses richesses aux dépens de sa considération.
Voir un homme pervers et ne pas le repousser ; le repousser et ne pas l'éloigner à une grande distance, c'est une chose condamnable.
Voir un homme de bien et de talent, et ne pas lui donner de l'élévation ; lui donner de l'élévation et ne pas le traiter avec toute la déférence qu'il mérite, c'est lui faire injure.
L'homme juste et plein d'humanité seul est capable d'aimer les hommes.
Conduisez-vous convenablement envers les personnes de votre famille, ensuite vous pourrez instruire et diriger une nation d'hommes.
Quand on n'a rien de bon, rien de vertueux dans le cœur, on ne peut être capable de commander aux hommes ce qui est bon et vertueux, cela est impossible et contraire à la nature des choses.
Un mot perd l'affaire ; un homme déterminé le sort d'un empire.
Qui ne peut instruire sa propre famille ne peut instruire les hommes.
Un homme qui ne s'est pas corrigé lui-même de ses penchants injustes est incapable de mettre le bon ordre dans sa famille.
Les pères ne veulent pas reconnaitre les défauts de leurs enfants, et les laboureurs la fertilité de leurs terres.
Un homme qui n'a point de persévérance n'est capable ni d'exercer l'art de la divination, ni celui de la médecine.
Celui qui ne persévère pas dans sa vertu éprouvera quelque honte.
Haïr et reconnaître les bonnes qualités de ceux que l'on hait est une chose bien rare sous le ciel.
Aimer et reconnaître les défauts de ceux que l'on aime est une chose bien rare sous le ciel.
Mettre le bon ordre dans sa famille consiste auparavant à se corriger soi-même.
Se corriger soi-même de toutes passions vicieuses consiste à donner de la droiture à son âme.
Les richesses ornent et embellissent une maison, la vertu orne et embellit la personne.
L'homme honnête est toujours paisible, égal à lui-même, serein et tranquille. Les gens malhonnêtes vivent dans le trouble, et des inquiétudes secrètes dévorent leur cœur.
Agir et mettre en application, voilà le troisième pas de la connaissance.
Donnez beaucoup d'étendue à vos études, et portez-y une volonté ferme et constante.
Le silence est un ami qui ne trahit jamais.
L'homme supérieur aime à être lent dans ses paroles, mais rapide dans ses actions.
Si vous refusez d'instruire un homme qui a les dispositions requises, vous perdez un homme. Si vous enseignez un homme qui n'a pas les dispositions nécessaires, vous perdez vos instructions. Un sage ne perd ni les hommes ni ses enseignements.
On a tort de mériter des réprimandes ; on a un nouveau tort de ne pas savoir les supporter.
L'homme supérieur fait de l'équité et de la justice la base de toutes ses actions.
Tous les hommes ne peuvent pas être grands, tous peuvent être bons.
Occupe-toi du soin de prévenir les crimes, pour diminuer le soin de les punir.
L'homme sans vertu ne trouve dans les richesses que les moyens de satisfaire ses vices.
On triomphe des mauvaises habitudes plus aisément aujourd'hui que demain.
Dépasser le but, ce n'est pas l'atteindre.
Être riche et honoré par des moyens iniques, c'est comme le nuage flottant qui passe.
Deux êtres qui suivent des chemins différents ne peuvent se rencontrer.
Qui sait obéir saura ensuite commander.
Il en coûte bien plus pour nourrir un vice que dix malheureux.
Un seul exemple produit plus d'effet que cent volumes d'exhortations ou de menaces.
La raison est un miroir qu'on a reçu du ciel ; il se ternit, il faut l'essuyer. Il faut commencer par se corriger soi-même avant de vouloir corriger les hommes.
Le sage craint quand le ciel est serein ; dans la tempête, il marcherait sur les flots et sur les vents.
La plus chétive cabane renferme plus de vertus que les palais des rois.
Ce que nous gagnons en richesses nous le perdons du côté du repos et du bonheur.
Qui veut apprendre à bien mourir doit apprendre auparavant à bien vivre.
Ne choisis tes amis que parmi tes égaux.
L'homme supérieur regrette de voir sa vie s'écouler sans laisser après lui des actions dignes d'éloges.
L'homme supérieur ne s'afflige pas d'être ignoré et méconnu des hommes.
Hélas ! je n'ai encore vu personne qui aimât la vertu comme on aime la beauté corporelle.
Soyez sévères envers vous-mêmes et indulgents envers les autres.
Si les expressions dont on se sert sont nettes et intelligibles, cela suffit.
Ayez des enseignements pour tout le monde, sans distinction de classes ou de rangs.
L'homme supérieur se conduit toujours conformément à la droiture et à la vérité.
La vertu de l'humanité est plus salutaire aux hommes que l'eau et le feu.
Qui est sévère envers lui-même et indulgent envers les autres évite les mécontentements.
Nous sommes frères par la nature, mais étrangers par l'éducation.
Qui le matin a compris les enseignements de la sagesse, le soir peut mourir content.
Dépasser les limites n'est pas un moindre défaut que de rester en deçà.
Appliquez-vous à garder en toute chose le juste milieu.
Qu'il est ou non du talent, chaque père reconnaît toujours son fils pour son fils.
Voir et réfléchir sur ce qu'on a vu, voilà le second pas de la connaissance.
Le sage a honte de ses défauts, mais n'a pas honte de s'en corriger.
Je n'ai pas encore vu un homme qui soit inflexible sur ses principes.
Lorsqu'on est en deuil de ses père et mère, on doit porter l'expression de sa douleur.
Souvenez-vous de la faiblesse humaine, il est de notre nature de tomber et de faire des fautes. En avez-vous commis ? Ne craignez pas de les réparer. Votre âme est-elle malade ? Cherchez à la guérir.
Tant que votre père et votre mère subsistent, ne vous éloignez pas d'eux.
L'homme honorable donne une attention spéciale à neuf choses. Il s'applique à bien voir ce qu'il regarde, à bien entendre ce qu'il écoute ; il a soin d'avoir un air affable, d'avoir une attitude déférente, d'être sincère dans ses paroles, d'être diligent dans ses actions ; dans ses doutes, il a soin d'interroger ; lorsqu'il est mécontent, il pense aux suites fâcheuses de la colère ; en face d'un bien à obtenir, il se rappelle la justice.
Qui ne craint pas de promettre de grandes choses a de la peine à les exécuter.
Le naturel abandonné à lui-même, et qui n'a rien reçu de l'art, a quelque chose de brut et de rustique : l'art trop recherché, qui l'emporte sur le naturel, lui donne quelque chose d'affecté. Mais si l'ornement et la culture extérieure se joignent avec une sage économie à la candeur de la nature, si, sans effort et sans défaut, ils se balancent avec une aimable variété, il en résulte la perfection de l'homme poli. C'est ainsi que, dans le corps, la beauté n'est autre chose que l'élégante et juste proportion des formes jointe à l'aimable vivacité du coloris.
Une impatience capricieuse ruine les plus grands projets.
Les fautes des hommes sont relatives à l'état de chacun.
L'âge de votre père et de votre mère ne doit pas être ignoré de vous ; il doit faire naître en vous, tantôt de la joie, tantôt de la crainte.
Un homme dépourvu de sincérité et de fidélité est un être incompréhensible à mes yeux.
Pendant la vie de ses père et mère, il faut leur rendre les devoirs qui leur sont dus.
Celui dont la crainte et le respect sont conformes aux lois de la politesse, éloigne de lui la honte.
Les hommes vicieux déguisent leurs fautes sous un certain dehors d'honnêteté.
Si, à l'âge de quarante ans on s'attire encore la réprobation, il n'y a plus rien à espérer.
Qui montre un air grave et austère est à comparer aux hommes les plus vulgaires.
Qui se livre à l'étude de la sagesse a en vue les émoluments qu'il en peut retirer.
L'herbe, si le vent vient à passer, s'incline nécessairement.
Laissez à la jeune fleur le temps de s'épanouir.
L'arrogance est pire que l'avarice.
Le milieu est le point le plus voisin de la sagesse, il vaut autant ne point l'atteindre que de le passer.
La conscience est un juge et un punisseur inévitable.
Il y a une communication intime entre le ciel et le peuple ; que ceux qui gouvernent les peuples soient donc attentifs et réservés.
Un père ne connaît pas les défauts de son fils.
Quand on peut accomplir sa promesse sans manquer à la justice, il faut tenir sa parole.
C'est un tort égal de pécher par excès ou par défaut.
Avertissez avec douceur votre ami qui s'égare ; remettez-le dans la bonne route dont il s'est écarté, mais si vos soins sont inutiles, si lui-même s'obstine à sa perte, ne vous rendez pas ridicule par une vaine importunité.
Un homme de bien qui a la bravoure mais qui ignore la justice sera un rebelle.
La prodigalité conduit à l'arrogance, et la parcimonie à l'avarice.
Un homme heureux est un homme qui se contente de peu.
La conscience est la lumière de l'intelligence pour distinguer le bien du mal.
Le père cache les fautes de son fils, le fils cache les fautes de son père.
L'homme supérieur tient son fils éloigné de lui.
Écouter et choisir entre les avis, voilà le premier pas de la connaissance.
Il est difficile pour le pauvre de n'éprouver aucun ressentiment ; il est facile pour le riche de ne pas s'enorgueillir.
Rendez le bien pour le bien, et la justice pour le mal.
L'homme supérieur ne demande qu'à soi-même ; l'homme sans mérite demande tout aux autres.
L'homme supérieur est amical sans être familier ; l'homme vulgaire est familier sans être amical.
Entre le métier de voiturier et celui d'archer, prends le métier d'archer.
Oublie les injures, n'oublie jamais les bienfaits.
L'homme honorable s'applique à être lent dans ses discours et diligent dans ses actions.
Apprendre sans réfléchir est vain ; réfléchir sans apprendre est dangereux.
On peut connaître la vertu d'un homme en observant ses défauts.