Une culture riche est une culture qui à la fois sauvegarde et intègre. C'est une culture à la fois ouverte et fermée contrairement à l'idée que chaque culture comporte en elle-même une plénitude.
L'excès de sagesse devient fou, la sagesse n'évite la folie qu'en se mêlant à la folie de la poésie et de l'amour.
Il n'y a pas de raison sans passion, et il ne devrait pas y avoir de passion sans raison.
Nous atteignons le comble du vivre lorsque l'ivresse de soi, la fusion avec l'autre, la tendresse infinie, les baisers fous, les violences furieuses se mêlent et se transfigurent en un éclatement solaire.
L'excès de sagesse devient fou qu'en se mêlant à la folie de l'amour.
L'amour, c'est la seule force que l'on peut opposer à la mort.
L'esprit humain est le plus admirable gadget à justifier n'importe quoi qui ait été jamais créé dans le cosmos.
La réforme de l'enseignement doit conduire à la réforme de la pensée et la réforme de pensée doit conduire à la réforme de l'enseignement.
La pensée est la communication intelligente entre l'en deçà et l'au-delà de l'intelligence.
L'histoire de l'humanité nous montre sans cesse que l'amour et la fraternité, expressions suprêmes de la morale sont faciles à tromper. Nulle religion n'a été plus sanglante et cruelle que la religion d'Amour.
Connaître et penser, ce n'est pas arriver à une vérité certaine, c'est dialoguer avec l'incertitude.
Plus la politique devient technique, plus la compétence démocratique régresse.
Qui augmente sa connaissance augmente son ignorance.
Une des meilleures choses au monde, la proximité d'une amitié lointaine.
Le monde des intellectuels, qui devrait être le plus compréhensif, est un monde gangrené par l'incompréhension, par l'hypertrophie de l'ego, le besoin de consécration, et la soif de gloire.
Ce qu'on fait pour les autres, sans les autres, est contre les autres.
L'amour véritable considère l'être aimé comme égal et libre.
Un pochard n'a pour seul désir que de serrer toute main qu'il rencontre, et de trinquer.
La conscience n'est pas la lumière qui éclaire l'esprit et le monde, mais c'est la lueur ou le flash qui éclaire la brèche, l'incertitude, l'horizon.
La démence est nécessaire au progrès ; la complexité est le paradigme de la science.
La démence fait le mal, ce n'est pas le mal qui fait la démence.
La démence est la rançon de la sapience.
La liberté c'est l'autonomie, c'est la capacité d'initiative et créative.
Société et individualité ne sont pas deux réalités séparées s'ajustant l'une à l'autre, mais il y a un ambi-système où complémentairement et contradictoirement individu et société sont constitutifs l'un de l'autre tout en se parasitant l'un l'autre.
Freud disait qu'il y a trois fonctions impossibles par définition : éduquer, gouverner, psychanalyser. C'est que ce sont plus que des fonctions ou des professions. Le caractère fonctionnel de l'enseignement conduit à réduire l'enseignant au fonctionnaire. Le caractère professionnel de l'enseignement conduit à réduire l'enseignant à l'expert. L'enseignement doit redevenir, non plus seulement une fonction, une spécialisation, une profession, mais une tâche de salut public : une mission.
Le mal des incompréhensions ronge nos vies, détermine des comportements aberrants, des ruptures, des insultes, des chagrins.
Vivre c'est avoir sans cesse besoin de comprendre et d'être compris. Nous avons dans toutes nos rencontres et nos relations besoin de comprendre autrui et d'être compris par autrui.
Vivre c'est affronter sans cesse l'incertitude y compris dans la seule certitude qui est notre mort mais dont nous ne connaissons pas la date. Nous ne savons pas où et quand nous serons heureux ou malheureux, nous ne savons pas quelles maladies nous subirons, nous ne connaissons pas à l'avance nos fortunes et infortunes. Nous sommes de plus entrés dans une grande époque d'incertitudes sur nos avenirs, celui de nos familles, celui de notre société, celui de l'humanité mondialisée.
L'erreur peut être féconde à condition de la reconnaître, d'en élucider l'origine et la cause afin d'en éliminer le retour.
Je ressens toujours autant le plaisir des découvertes, des élucidations, aussi bien à propos de l'univers que des petits détails de la vie quotidienne. Cela a suscité chez moi, de plus en plus fortement, l'étonnement – parfois émerveillement, parfois vertige – d'être en vie, de marcher, d'être sous le soleil, de regarder la lune montante dans le ciel nocturne, de contempler les amas d'étoiles, minuscules à mes yeux, énormes à ma connaissance.
Enseigner à vivre n'est pas seulement enseigner à lire, écrire, compter, ni seulement enseigner les connaissances basiques utiles de l'histoire, de la géographie, des sciences sociales, des sciences naturelles. Ce n'est pas se concentrer sur les savoirs quantitatifs ni privilégier les formations professionnelles spécialisées, c'est introduire une culture de base qui comporte la connaissance de la connaissance.
Vivre est une aventure. Chaque être humain, dès l'enfance, dès l'école, à l'adolescence, âge des grandes aspirations et des grandes révoltes, au moment de faire des grands choix de vie, amour, famille, travail, et à tout âge et jusqu'à la fin de vie, rencontre le risque d'erreur et d'illusion, de connaissance partielle ou partiale.
L'enseignement de la littérature, de l'histoire, des mathématiques, des sciences, contribue à l'insertion dans la vie sociale ; l'enseignement de la littérature est d'autant plus utile qu'il développe en même temps sensibilité et connaissance ; l'enseignement de la philosophie stimule en chaque esprit réceptif la capacité réflexive.
Un amour naissant inonde le monde de poésie.
L'amour est en soi un mythe divinisateur : Aimer d'amour, c'est idéaliser et adorer.
Vivre s'apprend par ses propres expériences avec l'aide d'abord des parents, puis des éducateurs, mais aussi par les livres, la poésie, les rencontres. Vivre, c'est vivre en tant qu'individu affrontant les problèmes de sa vie personnelle, c'est vivre en tant que citoyen de sa nation, c'est vivre aussi dans son appartenance à l'humain.
Morale, solidarité, responsabilité ne peuvent être dictées in abstracto ; on ne peut pas les faire ingurgiter à des esprits comme on gave les oies par un entonnoir.
L'homme le plus puissant est impuissant devant le chagrin, la mort, la perte de ceux qu'il aime.
Nous ignorons les limites du possible, d'où la justification de l'espérance, mais nous savons qu'il a des limites, d'où la confirmation de la désespérance.
S'il faut perdre l'illusion messianique d'un avenir radieux, nous pouvons toujours nourrir l'espérance d'un monde meilleur, même en sachant qu'elle ne sera jamais assurée.
Ce n'est pas la vérité qui est nue, c'est la recherche de la vérité qui est strip-teaseuse.
L'espérance ne fait pas vivre, c'est l'existence qui crée l'espérance qui permet de vivre.
Alors, qu'est-ce que l'amour ? C'est le comble de l'union de la folie et de la sagesse.
Les grands fourbes sont ceux qui savent admirablement jouer de leur sincérité.
Vivre, c'est aller vers la mort en la combattant.
L'amour est l'union de deux religions qui, chacune, ont une force infinie. La première religion divinise l'être aimé et donne l'extase de la contemplation. La seconde, via la rencontre sexuelle, conduit à l'extase anéantissante de l'acte d'amour. L'une et l'autre nous conduisent à l'exaltation sacrée, l'une par l'élévation sublime, l'autre par la plongée dans une folie génésique. Ces deux religions peuvent être séparées, et cheminer isolément l'une de l'autre. Leur union donne la double extase.
Dans la vie, il faut être égoïste et sans cœur pour être heureux.
La méchanceté a de bien mauvaises racines.
L'espérance du possible s'enfante sur fond d'impossible.
À force de sacrifier l'essentiel pour l'urgence, on finit par oublier l'urgence de l'essentiel.