Qu'est-ce que la mort ? Le lendemain des grandeurs, des richesses, des plaisirs. On se couche dans les pompes et dans les voluptés, on se réveille dans le sépulcre, sous un froid linceul, entre l'oubli de la terre et l'éternité de l'enfer ou du ciel.
Pour la philosophie le crime est une erreur ; pour la religion l'erreur est un crime.
La plupart des erreurs sont des vérités égarées.
Au moment où la foi sort du cœur, la crédulité entre dans l'esprit.
Qui à trente ans ne s'est pas désabusé d'apprendre ne se doutera jamais de ce que c'est que savoir.
L'amour est infatigable, il ne se lasse jamais.
Si vous ne pouvez supporter vos frères, comment vos frères vous supporteront-ils ?
Nul homme n'est parfait en ce monde, tous ont leurs défauts.
La paix est le fruit de l'amour, car pour vivre en paix, il faut savoir supporter bien des choses.
On peut et l'on doit avancer sans cesse dans les sciences naturelles ou d'observation ; mais leur objet étant infini, il n'y a point de vrai progrès. En marchant toujours, on est toujours à la même distance du but. Cependant, trompé par ce mouvement continu, on se persuade qu'on arrivera. C'est un leurre donné aux esprits faibles pour amuser leur curiosité et consoler leur orgueil.
L'on n'estime guère dans les autres que les qualités que l'on croit posséder soi-même.
Qui se connaît se méprise, et qui se méprise est libre, car il est affranchi de l'opinion : le plus pesant joug est celui que l'orgueil nous impose.
Comme les vers dévorent un cadavre, les vices dévorent l'homme.
Le voyageur c'est l'homme, le voyage c'est la vie, le rocher se sont les misères que l'homme rencontre à chaque pas sur sa route. Aucun homme ne saurait soulever seul ce rocher, mais Dieu, qui aime ceux qui s'entraident, en a mesuré le poids de manière qu'il n'arrête jamais ceux qui voyagent ensemble.
Celui qui est plus fort qu'un seul, sera moins fort que deux.
Lorsqu'un arbre est seul, il est battu des vents et dépouillé de ses feuilles ; ses branches, au lieu de s'élever, s'abaissent comme si elles cherchaient la terre. Lorsqu'une plante est seule, ne trouvant point d'abri contre l'ardeur du soleil, elle languit et se dessèche, et meurt. Lorsque l'homme est seul, le vent de la puissance le courbe vers la terre, et l'ardeur de la convoitise des grands de ce monde absorbe la sève qui le nourrit. Ne soyez donc point comme la plante et comme l'arbre qui sont seuls : mais unissez-vous les uns aux autres, et appuyez-vous, et abritez-vous mutuellement.
La prière est la rosée qui rafraîchit l'âme de l'homme.
Il y a toujours des vents brûlants, qui passent sur l'âme de l'homme, et la dessèchent.
La prière rend l'affliction moins douloureuse, et la joie plus pure.
Quiconque, le pouvant, ne soulage pas son frère qui souffre, est l'ennemi de son frère.
Quiconque, le pouvant, ne nourrit pas son prochain qui a faim, est son meurtrier.
Vous dites que vous aimez votre prochain, et il y a, en grand nombre, des malades qui languissent, privés de secours, sur leur pauvre couche ; des malheureux qui pleurent sans que personne pleure avec eux ; des petits enfants qui s'en vont, tout transis de froid, de porte en porte, demander aux riches une miette de leur table, et qui ne l'obtiennent pas. Vous dites que vous aimez vos frères : et que feriez-vous donc si vous les haïssiez ?
Celui qui verse le sang de son frère est maudit sur la terre et maudit au ciel.
L'indolence est la sœur de la paresse.
Chez certaines nations que consume la fièvre des jouissances, le mariage n'est plus qu'un calcul, un moyen prompt de s'enrichir, une affaire ; on s'achète, on se vend.
En l'homme sont deux êtres, l'animal et l'ange.
La prière et le dernier lien qui nous attache au ciel : quand il se rompt, l'enfer s'ouvre, et reçoit son nouveau sujet.
Le plus haut degré de crédulité est la foi en soi-même.
Croire sincèrement être ce qu'on est, voilà toute l'humilité, cette vertu si rare et si pénible à l'homme.
Dans le jeune âge on aime beaucoup, parce qu'on croit beaucoup et qu'on espère ; on n'a l'expérience ni des hommes, ni des choses, ni du temps. Plus tard le cœur se resserre, parce que la foi diminue, et quand elle s'éteint tout à fait, le cœur se ferme.
Quand on ne porte pas l'amour de soi jusqu'à la haine des autres, on est tranquille, on se croit en règle.
Toutes nos joies sont soudaines, jamais elles ne naissent de la réflexion : on dirait qu'elles ne peuvent entrer dans l'âme que par surprise.
La plus grande misère de l'homme n'est pas l'incertitude de ses jugements, mais l'inconstance de sa volonté.
L'homme qui est seul cherche la société, la parole, la vie ; l'esprit qui est seule cherche Dieu.
Gouverner, c'est vouloir ; on ne gouverne pas avec des désirs, mais avec des volontés fermes et constantes.
La morale est une plante dont la racine est dans le ciel, et dont les fleurs et les fruits parfument et embellissent la terre.
Une société est bien malade, lorsqu'au lieu de voir dans l'avenir la succession du présent, on n'y voit que sa destruction.
La vie est une sorte de mystère triste, dont la foi seule a le secret.
La vie est comme une nuit d'hiver, triste et longue; la philosophie la fait haïr, la religion la fait supporter, ce n'est pas son moins beau triomphe.
La curiosité, si naturelle à l'homme, a des racines dans sa grandeur ; mais il faut de l'application pour les y découvrir : elle en a de moins cachées dans sa misère.
La preuve que nul esprit n'est juste de tout point, c'est l'estime que chacun fait de soi-même.
Il ne faut pas fouler d'impôts les pays stériles, ni demander aux hommes trop de délicatesse.
L'esprit de Jésus est un esprit de paix, de miséricorde et d'amour. Ceux qui persécutent en son nom, qui scrutent les consciences avec l'épée, qui torturent le corps pour convertir l'âme, qui font couler les pleurs au lieu de les essuyer ; ceux-là n'ont pas l'esprit de Jésus.
Le passé est une lampe placée à l'entrée de l'avenir, pour dissiper les ténèbres qui le couvrent.
La prière est le langage de l'espérance, la plus tendre expression de l'amour.
Si tu as des frères et des sœurs, que rien n'altère jamais la paix entre vous ni l'affection que vous vous devez mutuellement. Vous êtes sortis des mêmes entrailles et le même lait vous a nourris. Est-il un lien plus fort et plus sacré que celui-là ? Fais-en sorte que les années le resserrent toujours davantage. Notre sentier sur la terre est difficile et rude, pour y marcher avec assurance, pour n'y point trébucher à chaque pas, appuyez-vous les uns sur les autres.
Que l'orphelin trouve en vous un père, la veuve et le vieillard un appui, l'étranger un hôte secourable ; soyez l'œil de l'aveugle et le pied du boiteux.
Repoussez l'injustice faite à votre frère avec la même fermeté, la même constance que si elle l'était à vous-même ; étendez votre main entre l'oppresseur et l'opprimé. Votre frère c'est vous, et quand on l'opprime n'êtes-vous pas opprimé aussi ?
Il y a place pour tous sur la terre, et Dieu l'a rendue assez féconde pour fournir abondamment aux besoins de tous. Si plusieurs manquent du nécessaire, c'est donc que l'homme a troublé l'ordre établi de Dieu, c'est qu'il a rompu l'unité de la famille primitive, c'est que les membres de cette famille sont devenus premièrement étrangers les uns aux autres, puis ennemis les uns des autres.
Le temps est un fleuve rapide, mais qui tarira. Chargé de tous les êtres vivants, il les emporte pêle-mêle à travers des régions inconnues, et les jette çà et là sur ses bords.
La terre est une grande ruche, et les hommes sont des abeilles : chaque abeille a droit à la portion de miel nécessaire à sa subsistance, et si, parmi les hommes, il en est qui manquent de ce nécessaire, c'est que la justice et la charité ont disparu de ce monde.
L'amour est inépuisable, il vit et renaît de lui-même, et plus il s'épanche, plus il surabonde.
Le temps fuit de nos jours avec une telle rapidité qu'en quelques années l'on voit s'accomplir ce qui jadis eût été l'œuvre d'un siècle ou même de plusieurs.
La flatterie est la politesse du mépris.
L'amour repose au fond des âmes pures comme une goutte de rosée dans le calice d'une fleur.