Pour bien lire, il faut digérer sa lecture et la convertir en sa propre substance.
Le grand remède qui toujours est innocent, et toujours d'un usage utile, c'est la sobriété, c'est la tempérance dans tous les plaisirs, c'est la tranquillité de l'esprit, c'est l'exercice du corps ; par là on fait un sang doux et tempéré, et on dissipe toutes les humeurs superflues.
Heureux ceux qui se dégoûtent des plaisirs violents, et qui savent se contenter des douceurs d'une vie innocente !
L'abondance des aliments fait la vraie force et la vraie richesse d'un royaume.
Quand on a une fois trompé on ne peut plus être cru de personne ; on est haï, craint, détesté et on est attrapé par ses propres finesses.
Quand on est destiné à l'instruction des enfants, il faut être instruit soi-même.
La simplicité est la droiture d'une âme qui s'interdit tout retour sur elle et sur ses actions.
Le passé n'est qu'un songe ; le présent nous échappe dans le clin d'oeil où nous voulons le voir ; l'avenir n'est pas à nous, peut-être n'y sera-t-il jamais ; et quand il y serait, qu'en faudrait-il croire ? Il vient, il s'approche, voilà l'avenir ; il n'est déjà plus, il est tombé dans cet abîme du passé où tout s'engouffre et s'anéantit.
Que quitte-t-on en quittant le monde ? Ce que quitte celui qui, à son réveil, sort d'un songe plein d'inquiétudes.
L'éclat attaché aux dignités est faux et ne peut éblouir que les âmes vaines.
Quand tout est contre nous, ceux mêmes qui ne nous font pas une guerre ouverte désirent notre abaissement, et la jalousie ne nous laisse aucun allié.
Un peuple gâté par une liberté excessive est le plus insupportable des tyrans.
Il y a des lois qui ressemblent aux toiles d'araignées qui n'arrêtent que des mouches.
C'est une clémence que de faire d'abord des exemples qui arrêtent le cours de l'iniquité. Par un peu de sang répandu on en épargne beaucoup pour la suite et on se met en état d'être craint sans user souvent de rigueur.
Les hommes sont faibles, inconstants, aveugles ; les uns ne veulent pas ce qu'ils peuvent, les autres ne peuvent pas ce qu'ils veulent. La créature est un roseau cassé : Si on veut s'appuyer dessus, le roseau plie, ne peut vous soutenir et vous perce la main.
Nous retrouverons bientôt les êtres que nous avons perdu. Nous en approchons tous les jours à grands pas. Encore un peu et il n'y aura plus de quoi pleurer. C'est nous qui mourons : Ce que nous aimons vit et ne mourra point.
La vie s'écoule comme un torrent. Le passé n'est plus qu'un songe ; le présent, dans le moment que nous croyons le tenir, nous échappe, et se précipite dans cet abîme du passé. L'avenir ne sera point d'une autre nature, il passera aussi rapidement. Les jours, les mois, les années se pressent comme les flots d'un torrent se poussent l'un l’autre. Encore quelques moments, encore un peu, dis-je, et tout sera fini. Hélas ! que ce qui nous paraît long par l'ennui et par la tristesse nous paraîtra court quand il finira !
La simplicité est libre dans sa course, elle ne s'arrête point pour se composer avec art.
Il y a une simplicité qui est un défaut, et il y a une simplicité qui est une merveilleuse vertu.
L'amour-propre d'un misanthrope n'est que sauvage et inutile au monde, mais celui des faux philanthropes est traître et tyrannique. Ils promettent toutes les vertus de la société et ils ne font de la société qu'un trafic, dans lequel ils veulent tout attirer à eux, et asservir tous les citoyens.
Que vos vertus et vos bonnes actions soient les ornements de votre personne.
Écoutez tout le monde, mais croyez peu de gens.
Si vous ne haïssez dans l'homme que le mal, pourquoi n'aimez-vous pas l'homme pour le délivrer de ce mal, et pour le rendre bon ? Le médecin hait la fièvre et toutes les autres maladies qui tourmentent les corps des hommes, mais il ne hait point les malades. Les vices sont les maladies des âmes : soyez un sage et charitable médecin, qui songe à guérir son malade par amitié pour lui, loin de le haïr.
Dès qu'une tromperie en attire une autre, il n'y a plus rien d'assuré parmi les hommes.
La mollesse énerve, elle affadit tout, elle ôte leur sève et leur force à toutes les vertus et à toutes les qualités de l'âme.
La gloire n'est due qu'à un cœur qui sait souffrir la peine et fouler aux pieds les plaisirs.
La flatterie est l'écueil contre lequel viennent se briser les maximes les plus sages, les principes les plus vrais, les conseils les plus utiles.
La noblesse n'est souvent qu'une pauvreté vaine et ignorante qui se pique de mépriser tout ce qui lui manque.
On apprend beaucoup plus en reprenant les fous qu'en fréquentant les sages. Les sages ne le sont qu'à demi, et ne donnent que de faibles leçons ; mais les fous sont bien fous, et il n'y a qu'à les voir pour savoir comment il ne faut pas faire.
L'ambition et l'avarice des hommes sont les seules sources de leurs malheurs ; les hommes veulent tout avoir, et ils se rendent malheureux par le désir du superflu ; s'ils voulaient vivre simplement et se contenter de satisfaire aux vrais besoins, on verrait partout l'abondance, la joie, la paix et l'union.
La terre ne se lasse jamais de répandre ses biens sur ceux qui la cultivent ; son sein fécond ne peut s’épuiser. La terre, cette bonne mère, multiplie ses dons selon le nombre de ses enfants qui méritent ses fruits par leur travail.
La nuit, enveloppant de ses ombres la terre, adoucit toutes les peines ; elle suspend, elle calme tout ; elle répand le silence et le sommeil ; en délassant les corps, elle renouvelle les esprits.
Confiez à la terre des grains de blé, elle nous rendra plus d'épis qu'elle n'a reçu de grains.
Admirez les plantes et fleurs qui naissent de la terre ; elles fournissent des aliments aux hommes et des remèdes aux malades. Leurs espèces et leurs vertus sont innombrables ; elles ornent la terre ; elles donnent de la verdure, des fleurs odoriférantes et des fruits délicieux.
Un homme qui vit sans réflexion ne pense qu'aux espaces qui sont auprès de lui ou qui ont quelque rapport à ses besoins ; il ne regarde la terre que comme le plancher de sa chambre, et le soleil qui l'éclaire pendant le jour que comme la bougie qui l'éclaire pendant la nuit.
Le hasard est une cause aveugle et nécessaire, qui ne prépare, qui n'arrange, qui ne choisit rien, le hasard n'a ni volonté ni intelligence.
À force de voir tous les jours les mêmes choses, l'esprit s'y accoutume aussi bien que les yeux.
La sage modération est un charme pour apaiser les esprits irrités.
Qui ne se contrôle pas face aux dangers est plutôt fougueux que brave.
Avant de se jeter dans le péril, il faut le prévoir et le craindre : mais quand on y est, il ne reste plus qu'à le mépriser. Montrez un cœur plus grand que tous les maux qui vous menacent.
L'amour-propre est un censeur âpre, rigoureux, soupçonneux et implacable.
Le malheur ajoute un nouveau lustre à la gloire des grands hommes.
Le corps de l'homme, qui paraît le chef-d'œuvre de la nature, n'est point comparable à la pensée.
C'est la destinée de la vertu d'être livrée à la persécution des lâches et des méchants.
Ceux qui veulent qu'on ne parle pas mal d'eux n'ont qu'une seule ressource, qui est de bien faire.
Il faut laisser les morts en paix, et ne jamais flétrir leur mémoire.
La vieillesse languissante et ennemie des plaisirs dégoûte du présent, fait craindre l'avenir, rend insensible à tout, excepté à la douleur.
Les aumônes sont des remises faites sur l'éternité, à son arrivée chacun les trouvera payables à vue.
L'homme le plus heureux est celui qui croit l'être.
Qui ne craint point la mort est au-dessus de tout.
La meilleure politique, dans le gouvernement des États, ainsi que dans la conduite de la vie, est celle de n'en avoir aucune, et de ne se servir en tout ce qu'on fait, que des moyens que le bon sens prescrit, et que la raison autorise.
Les péchés sont entrés dans le monde par l'intempérance, c'est l'abstinence qui y ramène les vertus.
Les amusements puérils rapetissent l'esprit, affaiblissent le cœur, avilissent l'homme.
Aimez et observez la religion, le reste meurt, mais elle ne meurt jamais.
La vertu donne la véritable politesse ; on doit préférer une vertu sans tache à une longue vie.
La principale prudence consiste à parler peu, à se défier bien plus de soi que des autres.
La bienfaisance est l'élément de toute âme honnête.
Il faut mériter les louanges, puis les fuir.
Il n'y a ni vertu, ni vrai courage, ni gloire solide, sans humanité.
Tel serait sage dans une condition médiocre qui devient insensé quand il est le maître du monde.