Dans le Puits de la vie humaine, deux Seaux vont, tour-à-tour, s'élevant, s'abaissant : L'un porte le plaisir, l'autre apporte la peine ; quand l'un monte, l'autre descend.
De nos biens, de nos maux l'incertaine mesure, est dans l'opinion plus que dans la nature.
La vieillesse chagrine incessamment amasse, garde, non pas pour soi, les trésors qu'elle entasse.
Pour prêcher la vertu, pour la persuader, inspirez-la plutôt que de la commander.
Aimez la vérité, qu'elle seule nous touche : fermez à tout mensonge et l'oreille et la bouche.
Qu'un éclat passager, qu'une beauté fragile, ne nous fixent jamais aux dépens de l'utile.
Gloire, vrais biens, bonheur, tout est dans les travaux ; ils causent nos plaisirs et dissipent nos maux.
Avant que le sommeil te ferme la paupière, sur tes œuvres du jour porte un regard sévère.
Aucun devoir n'est vil, le vice seul peut l'être ; un serviteur honnête est l'égal d'un bon maitre.
Le savoir rend quelquefois très impertinent ; un sot savant est sot, bien plus qu'un sot ignorant.
La sagesse consiste à prendre avec mesure les biens et les plaisirs que donnent la nature.
Craignez un Dieu vengeur et tout ce qui le blesse, c'est là le premier pas qui mène à la sagesse.
Tout consiste en des riens ; heureux qui les saisit ; c'est un rien qui nous place, un rien qui nous détruit.
Partout scandalisée et partout méconnue, la pudeur ne sait plus où reposer la vue.
Par des faits jugez l'homme, et non par de vains mots ; négligez les on dit et les mauvais propos.
Qui veut être prudent doit se ressouvenir, de ne promettre rien qu'il ne puisse tenir.
Renoncez aux plaisirs funestes aux mortels : Ils sont et douloureux et souvent criminels.
Le parfait philosophe est simple, doux, affable ; s'il cherche la raison, c'est pour la rendre aimable.
Un perfide est à craindre en sa marche couverte ; même au sein des succès, il trame votre perte.
Le pauvre ne meurt point, car dans son sort cruel, sa misérable vie est un trépas réel.
Tel est chaque parti, dans sa rage obstiné, aujourd'hui condamnant et demain condamné.
Je hais tout orgueilleux, quel que soit son talent ; j'aimerais beaucoup mieux un modeste ignorant.
Combien l'oubli de l'ordre engendre de malheurs ! Qu'il ruina de maisons ! qu'il fit verser de pleurs !
À quelque mouvement qu'on se laisse emporter, jamais de la nature il ne faut s'écarter.
Mère du vrai bonheur et base d'un empire, oh morale ! avec toi tout fleurit tout respire.
Alors que l'on est bien, quand au mieux on aspire, il n'est point de milieu, l'on risque d'être pire.
Il ne faut, pour se faire un sort paisible et doux, voir au-dessus de soi, mais toujours au-dessous.
On n'est pas écouté quand on parle en grondant : le maître n'instruit plus dès qu'il devient pédant.
Du luxe empoisonneur la folle vanité de l'âme qu'elle enivre altère la bonté.
Jouez pour le plaisir et perdez noblement ; ne soyez point ingrat, ce vice est infâmant.
Songeons à profiter de nos belles années : Les roses d'aujourd'hui demain seront fanées.
Quand on sait, tour à tour, se passer quelque chose, on remplit un devoir que la nature impose.
L'honnête homme toujours dit la vérité pure, et ne se permet pas la plus faible imposture.
La vie est le chemin de l'immortalité : Le temps qui fuit toujours, fuit vers l'éternité.
Souvent la remontrance est fille de l'aigreur ; pour corriger autrui ne montrons point d'humeur.
Réduit à tout craindre, l'honnête homme, en secret, ose à peine se plaindre.
Connaissez l'homme à fond, étudiez son cœur ; consultez ses penchants, ménagez son humeur.
Heureux qui se connaît, mais ce bonheur est rare : Loin de s'étudier, on se flatte, on s'égare.
On passe en un moment de l'amour à la haine : Où l'on croit le plaisir, on rencontre la peine.
La gloire et les trésors, les honneurs et leur pompe, tout peint notre néant, tout nous fuit, tout nous trompe.
Toute prétention fait mourir la gaité, l'aisance, l'enjouement, l'aimable liberté.
À quoi bon la fureur, ou pourquoi s'affliger ? Le sage doit souffrir ce qu'il ne peut changer.
Souvent de faute en faute on se fourvoie, on glisse ; en vain on se raccroche, on tombe au précipice.
Toute imposture perce à travers les grands mots ; l'exagération n'en impose qu'aux sots.
Ne hasardez jamais votre estime trop tôt, et soyez pour cela dans le milieu qu'il faut.
Cultivez votre esprit et votre jugement ; attendez tout de vous, rien de l'évènement.
Tout homme dans son sein porte la noble envie d'étendre sa mémoire au-delà de sa vie.
De l'émulation distinguez bien l'envie : L'une mène à la gloire et l'autre à l'infâmie.
Donnons tout au besoin, rien à la fantaisie : on se soutient par l'ordre et par l'économie.
Tous nos plaisirs sont faux et nos douleurs certaines ; pour un bien ici-bas, les maux sont par centaines.
Nous avons tous nos goûts, nos désirs, nos talents, et pour le bien du monde, ils sont tous différents.
Les règles du devoir ont un nœud réciproque : qui les rompt le premier, consent qu'on les révoque.
Rendez au Créateur ce que l'on doit lui rendre ; réfléchissez toujours avant que d'entreprendre.
Du premier mouvement redoutez la tempête ; dans l'accès de colère on a perdu la tête.
Un grand cœur près du but ne doit point s'arrêter ; il se perd sans retour, s'il n'ose tout tenter.
Faisons à tous un accueil favorable : Un pauvre bien reçu s'en va moins misérable.
Fuir le mal est un point, mais la vertu suprême est de faire le bien qu'on voudrait pour soi-même.
Attachons au passé quelque doux souvenir, le travail au présent, l'espoir à l'avenir.
Les soins d'autrui se règlent sur les nôtres : On ne peut être aimé si l'on n'aime les autres.
Du sort des malheureux adoucir la rigueur, c'est de l'autorité le droit le plus flatteur.
Le ton trop absolu déplaît, révolte, excède.
Tout résiste à celui qui veut que tout lui cède.
Adoucissez le joug de votre autorité ; Plus vous êtes puissant, plus il faut de bonté.
Le besoin de jouir, de plaire et d'être aimable, répand sur notre vie un charme inexprimable.
On n'a point de mérite à s'abstenir du mal : Être ardent pour le bien est le prix principal.
Le premier pas en tout est le plus difficile.
C'est des malentendus que naissent nos disputes.
C'est avoir le cœur et l'esprit faux que de vouloir réformer nos mœurs et nos défauts.
La solitude est douce à qui hait les méchants.
De l'oubli de ses droits la nature se venge.
Avec la paix du cœur en tous lieux on est bien.
Rien ne peut forcer le libre caractère de la bienfaisance.
Dieu seul est Dieu.
Il ne faut disputer des goûts, ni des usages, c'est là ce qu'on apprend de mieux dans les voyages.
Quand on fait son devoir tout le reste n'est rien.
La surprise est toujours l'effet de l'ignorance.
Charité publique : Métier de paresseux que pratique trop bien tout fainéant.
Les sots et les fripons se partagent le monde.
L'oubli de la pudeur mène à l'ignominie.
La bienfaisance est toute volontaire.
Il est des ennemis affreux, mais il est des patrons encore plus dangereux !
Il faut en actions convertir vos discours, ce n'est que par les faits que les mots auront cours.
Le bon goût n'admet rien que le bon sens n'avoue.