Votre ami vient de partir ; vous vous croyez fort contre l'absence : allez visiter la demeure de votre ami, elle vous apprendra ce que vous avez perdu et ce qui vous manque.
Un avenir sera, un avenir puissant, libre dans toute la plénitude de l'égalité évangélique ; mais il est loin encore, loin au-delà de tout horizon visible. On n'y parviendra que par cette espérance infatigable, incorruptible au malheur, dont les ailes croissent et grandissent à mesure que tout semble la tromper.
Redemande au repentir la robe de l'innocence : c'est lui qui l'a trouvée, et qui la rend à ceux qui l'ont perdue.
Tant que le cœur conserve des désirs, l'esprit garde des illusions.
Quelquefois on oublie un moment ses douleurs, puis on les reprend comme un fardeau qu'on aurait déposé un instant pour se délasser.
Les grandes afflictions semblent raccourcir les heures comme les grandes joies.
La postérité se souvient des hommes qui ont changé les empires, très peu de ceux qui les ont rétablis, à moins que ce rétablissement n'ait été durable. On admire ce qui crée, on estime à peine ce qui conserve : une grande gloire couvre de ténèbres tout ce qui la suit.
Celui qui aime est toujours dans la joie : il court, il vole, il est libre, et rien ne le retient ; il donne tout pour tous et possède tout en tous, parce qu'il se repose dans ce bien unique et souverain qui est au-dessus de tout et d'où découlent et procèdent tous les biens.
La vie n'est pas toute en plaine, on monte quelquefois, on descend souvent.
Les vertus ne sont des vertus qu'autant qu'elles refluent vers leur source, c'est-à-dire vers Dieu.
Les devoirs ne sont jamais si énergiques que quand il en coûte à les remplir.
Sans religion on peut avoir de l'esprit, mais il est difficile d'avoir du génie.
On est bien près de tout croire quand on ne croit à rien.
Les sentiments les plus merveilleux sont ceux qui nous agitent un peu confusément.
Il est difficile d'aimer avec toutes les conditions de bonheur, jeunesse, beauté, temps opportun, harmonie de cœur, de goût, de caractère, de grâces et d'années. Il ne manque à l'amour que la durée pour être à la fois l'Eden avant la chute et l'hosanna sans fin. Faites que la beauté, que la jeunesse demeure, que le cœur ne se puisse lasser et vous reproduirez le ciel.
Il faut avoir le cœur placé haut pour verser certaines larmes : La source des grands fleuves se trouve sur le sommet des monts.
Mon chagrin est devenu une occupation qui remplit tous mes moments, tant mon cœur est naturellement pétri d'ennui et de misère !
Souvent j'ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête. Je me figurais les bords ignorés, les climats lointains où ils se rendent ; j'aurais voulu être sur leurs ailes : un secret instinct me tourmentait ; je sentais que je n'étais moi-même qu'un voyageur, mais une voix du ciel semblait me dire : Homme, la saison de ta migration n'est pas encore venue ; attends que le vent de la mort se lève, alors tu déploieras ton vol vers ces régions inconnues, que ton cœur demande.
Les sons que rendent les passions dans le vague d'un cœur solitaire, ressemblent au murmure que les vents et les eaux font entendre dans le silence d'un désert : on en jouit, mais on ne peut les peindre.
Oh ! argent que j'ai tant méprisé, tu as pourtant ton mérite : source de la liberté tu arranges mille choses dans notre existence où tout est difficile sans toi... Quand on n'a point d'argent on est dans la dépendance de toutes choses et de tout le monde.
La nation française n'aime pas au fond la liberté, mais elle adore l'égalité ; sa vanité lui commande de n'obéir qu'à ce qu'elle s'impose.
Les passions sont les mêmes dans tous les siècles, les idées changent avec la succession des âges.
L'incapacité est une franc-maçonnerie dont les loges sont en tout pays.
De tout pouvoir éventré et exposé à la lumière sort la vermine que l'on avait adorée.
La passion dominante de l'homme sera toujours la vérité ; quand il aime l'erreur, c'est que cette erreur, au moment qu'il y croit, est pour lui comme une chose vraie. Nous ne chérissons pas le mensonge, bien que nous y tombions sans cesse.
Chaque homme a au milieu du cœur un tribunal où il commence à se juger soi-même en attendant que l'arbitre souverain confirme la sentence.
La mémoire est souvent la qualité de la sottise.
Après tout qu'importent la mort et les revers, si notre nom prononcé dans la postérité va faire battre un cœur généreux deux mille ans après notre vie ?
La postérité n'est pas aussi équitable dans ses arrêts qu'on le dit. Il y a des passions, des engouements de proximité. Quand la postérité admire sans restriction elle est scandalisée que les contemporains de l'homme admiré n'eussent pas de cet homme l'idée qu'elle en a ; cela s'explique pourtant : les choses qui plaisaient dans ce personnage sont passées, ses infirmités sont mortes avec lui ; il n'est resté de ce qu'il fut que sa vie impérissable ; mais le mal qu'il causa n'en est pas moins réel, mal en soi-même et dans son essence, mal surtout pour ceux qui l'ont supporté.
Les cœurs qui s'aiment s'entendent à demi-mot.
L'amitié que la présence attiédit, que l'absence efface.
La lampe qui s'éteint ne souffre pas.
Comme l'ambition ne suppose pas toujours le talent, pour un homme de génie qui s'élève vous avez vingt tyrans médiocres qui fatiguent le monde.
Une passion dominante éteint les autres dans notre âme, comme le soleil fait disparaître les astres dans l'éclat de ses rayons.
Il y a des hommes qui profitent de tout, même du mépris.
Aimer, c'est bien, savoir aimer, c'est tout.
Le vrai bonheur coûte peu ; s'il est cher, il n'est pas d'une bonne espèce.
La simplicité vient du cœur, la naïveté de l'esprit. Un homme simple est presque toujours un bon homme, un homme naïf peut être un fripon ; et pourtant la naïveté est toujours naturelle, tandis que la simplicité peut être l'effet de l'art.
Il en est des crimes comme des boissons amères que l'habitude seule rend supportables.
La colère, comme la faim, est mère des mauvais conseils.
La religion et la liberté, les deux seules grandes choses de l'homme.
Il y a plus de liberté dans le froc d'un capucin qui bénit les Alpes que dans la friperie entière des législateurs de la République, de l'Empire, de la Restauration et de l'usurpation de juillet.
En France on ne sait rien attendre ; on a horreur de tout ce qui a l'apparence du pouvoir, jusqu'à ce qu'on le possède.
Jamais notre vanité française ne reconnaîtra à un homme, même de génie, deux aptitudes et la faculté de faire aussi bien qu'un esprit commun des choses communes.
Mon dédain de la société me vient de mon incrédulité politique.
Le génie n'a point de famille, son héritage tombe par droit d'aubaine à la plèbe, qui le grignote et plante un chou où croissait un cèdre.
J'ai peur d'avoir eu une âme de l'espèce de celle qu'un philosophe ancien appelait une maladie sacrée.
Regardez à la fin d'un fait accompli et vous verrez qu'il a toujours produit le contraire de ce qu'on en attendait, quand il n'a point été établi d'abord sur la morale et sur la justice.
Soyons hommes, c'est à dire libres ; apprenons à mépriser les préjugés de la naissance et des richesses, à honorer l'indigence et la vertu ; donnons de l'énergie à notre âme, de l'élévation à notre pensée ; portons partout la dignité de notre caractère, dans le bonheur et dans l'esprit qui anime l'univers ne fut donnée aux hommes que par le christianisme.
L'art est le pressentiment des formes supérieures qui dorment encore dans les choses naturelles.