Il n'y a rien au monde qui ait fait autant de malheurs au genre humain que l'alcool.
L'amour ne doit jamais être un caprice, mais un besoin et une satisfaction de procréer. C'est là le but qui le sanctifie et le préserve de toutes ses folies.
Les plus acharnés à calomnier et à médire m'ont toujours paru être ou les plus dépravés ou ceux à qui il était refusé de l'être.
Rien n'est plus sot que de jouer son avenir sur une sottise.
Au lieu d'éplucher les fautes d'autrui, appliquez-vous à réparer et à prévenir les vôtres.
Ceux qui sont enclins à ridiculiser les femmes ignorent qu'en les insultant ils blasphèment contre la sainte loi qui les a fait naître, et qu'ils insultent à la mémoire de leur propre mère.
L'impôt sera odieux, quel qu'en soit le chiffre, tant qu'il prendra dans la bourse du contribuable pour ne rien lui rapporter.
L'impôt sert à alimenter une armée de fonctionnaires dont l'unique occupation est d'encaisser du numéraire et de l'expédier pour le compte du gouvernement, qui se paye en passant, et qui paye ses fonctionnaires sur ce genre de recettes.
Rien n'a jamais rien produit, et le moins n'engendre pas le plus.
Le plaisir et le pouvoir sont les deux choses qui s'achètent le plus cher.
Un homme d'esprit laisse à tout le monde le soin de motiver son avis.
J'aimerais mille fois mieux être condamné à enfoncer un pieu dans un caillou que de tenter d'enfoncer une idée dans la tête d'un cabochard.
La justice pénale, c'est une férule qui frappe beaucoup plus fort l'innocent que le coupable.
Pour bien administrer, pour faire de la bonne économie publique, il n'est pas besoin d'un génie transcendant ; qui sait administrer une maison serait capable, au besoin, d'administrer une république. Il faut du génie pour tromper impunément : il ne faut que du sens commun pour administrer en honnête homme ; et quel génie peut administrer mieux que ce dernier !
L'avarice est l'aberration de l'économie ; la jalousie, une aberration de la rivalité ; la vanité est une aberration de l'ambition ; l'ambition est une aberration du dévouement à la patrie.
Nos prétentions ridicules sont comparables à des têtes de géant sur un corps de pygmée ; ce sont des excès de prévoyance qui dépassent le but.
Les accusés qui plaident leur cause ont un talent de plus que leurs avocats ; leurs juges, pendant qu'ils parlent, se tiennent grandement éveillés.
On n'est pas soldat sans bravoure.
On n'est pas citoyen sans amour de son pays.
Mes souvenirs ne seront empreints ni de ressentiment ni de partialité ; j'ai contracté l'habitude de tenir bien loin de mon âme les sources de ces deux faiblesses de l'homme qui a beaucoup souffert.
L'intérêt est souvent le frère du mensonge.
Le spectacle de la punition d'un coupable me fait autant de mal à voir que les actes de vengeance d'un simple particulier.
Une société bien organisée doit être une assurance mutuelle où chacun concourant à l'existence commune, où l'homme n'ayant plus rien à craindre du côté de l'homme, et le passé se rachetant par une réparation, il n'y ait plus que le feu du ciel ou les eaux du déluge qui soient capables de faire trembler sur les chances de l'avenir.
Triste société que celle où la misère impose la débauche comme un moyen d'avoir du pain ! Les anges eux-mêmes demandent grâce à Dieu pour cette débauche du corps, à laquelle l'âme humiliée ne prend aucune part.
La débauche est une aberration morale de gens qui veulent avec l'esprit ce qu'ils n'ont pas la force d'exécuter avec les sens. C'est le blasphème de l'impuissance, c'est la frénésie de la honte, c'est l'irritation d'un être qui, n'ayant pas assez de force pour accomplir un devoir, use ce qui lui en reste à le simuler.
La médecine a tué plus de malades qu'elle n'en a guéri.
N'embrassez jamais la cause d'un homme, mais toujours celle de l'humanité.
Apprenons de bonne heure à regarder la vie comme un devoir, la mort comme un accident ou une nécessité. Le sentiment du devoir est une sainte jouissance ; le sentiment de la nécessité est une douce résignation. Défendons-nous des suggestions de la haine et des aberrations de l'amour.
De combien de sortes de maladies nous nous préserverions si nous savions raisonner les biens et les maux de la vie ! Ils durent si peu, que l'on met plus de temps à les espérer et les craindre qu'à en jouir ou en souffrir.
Il n'est pas de maux que je n'aie soufferts dans ma vie, pas d'humiliation dont je n'aie été abreuvé ; on m'a spolié de tout, excepté de ma gaieté et de ma sympathie pour ceux qui souffrent. Avec ces deux seules choses, je suis plus heureux que mes spoliateurs.
Que la volonté de tous soit notre loi suprême, car elle seule est la voix de Dieu. Ne conspirez jamais qu'en propageant des bonnes idées d'amélioration sociale, en répandant autour de vous l'instruction et les conseils ; convaincus que nous nous trouverons tous bien, seulement lorsque chacun de nous aura acquis la vraie notion du bien.
Ne cherchez pas à imposer vos croyances, inspirez-les par la persuasion ; frapper pour convaincre, c'est un double assassinat. Soumettons nos différends aux lumières de la discussion et non aux chances de la force brutale.
Évitez les querelles et les procès avec le même soin que vous évitez une mauvaise rencontre ; vous gagnerez de la sorte, et le temps que vous auriez perdu, et la paix du cœur qui est la trame de la vie dont le temps est le tissu, et enfin les frais de justice, qui pèsent, en définitive, autant sur celui qui gagne que sur celui qui perd.
Soyez économes et jamais avares. N'imitez pas ces travailleurs qui se font rentiers, alors qu'il ne leur reste pas la force de jouir de leurs rentes ; rapaces, puis souffreteux, ils n'ont le plus souvent tant blessé leur conscience et altéré leur santé que pour laisser leur or à un dissipateur et à un enfant prodigue.
Ne donnez jamais le nom de plaisir à ce qui s'achète aux dépens du repos et de la bourse, encore moins à ce qu'on n'oserait pas avouer en public ; ce ne sont là que des fatigues somptueuses, ruineuses, et fort souvent ennuyeuses.