Faire des sottises au lieu d'en dire, voilà trop souvent ce qui distingue l'homme d'esprit du sot.
Il est plus facile de jeter du ridicule sur une belle action que de l'imiter.
Pour s'abriter contre les coups du sort, rien de tel que le cœur d'une mère.
La véritable amitié a sa pudeur, elle craint de trop s'étaler.
On ne se persuade pas assez en politique que déshonorer une cause, c'est la perdre.
La patience et le temps sont les meilleurs guides.
Il n'est pas rare de trouver, par le monde, des fous de beaucoup d'esprit et des sots d'un prodigieux savoir.
La médiocrité est le partage des âmes basses et ordinaires.
Les cœurs s'échangent, ils ne se vendent point.
Il est essentiel, dès l'entrée dans le monde, de s'imposer la loi de choisir avec soin et discernement ses bienfaiteurs ; car rien n'est plus pénible que d'avoir des obligations à l'homme qu'on n'estime point.
Innover est plus souvent déplacer que détruire les abus.
De sa mémoire, le pessimiste en fait l'écho de ses chagrins, et l'optimiste l'écho de ses joies et plaisirs.
La modération plus que toute autre vertu sert de garantie au bonheur.
Qui cherche à flatter les passions de la multitude en est bientôt le complice ou la victime.
Le temps et l'à-propos sont les meilleurs auxiliaires du génie.
L'amitié, lorsqu'elle est vraie, agit plus qu'elle ne parle.
Médire les riches est la consolation des pauvres que la fortune néglige.
Pour qu'une vérité utile puisse aujourd'hui circuler librement, il faut que le mensonge la colore.
Les hommes qui se piquent le plus d'habileté ne sont pas toujours ceux qui réussissent le mieux.
Faiblesse et courage, étourderie et raison, caprice et dévouement ! La femme est un composé de tout cela.
La disgrâce, ce tombeau de la médiocrité, devient le piédestal du vrai mérite.
La confiance est un trésor à réserver pour ses amis.
Conserver ses amis dans la disgrâce, c'est prouver qu'on les avait bien choisis.
La flatterie n'est excusable que lorsqu'elle sert de passeport à d'importantes vérités.
La sagesse n'est bien souvent que l'impuissance de l'imagination.
La vanité peut être considérée comme l'éteignoir de l'esprit.
Dire qu'un homme n'a point de vices, ce n'est pas dire qu'il a des vertus.
Il en est souvent des bons mots comme des pièces de monnaie qu'on voit circuler de main en main ; chacun s'en croit le propriétaire, et l'on s'en fait honneur à tour de rôle.
Ce qu'on appelle un bon mot cesse de l'être, s'il y manque la vérité.
Il est plus facile d'être généreux que de résister à la tentation d'en tirer ensuite vanité.
L'envie réussit trop souvent à flétrir de son souffle impur les lauriers de la gloire.
La beauté comme le talent, pour avoir toute sa perfection, a besoin que la politesse lui serve de vernis.
Le cœur gémit fort souvent des succès de l'esprit.
Les services les plus nombreux ne peuvent étouffer les clameurs de l'envie.
Les privations nous font mieux apprécier les jouissances, elles sont au plaisir ce que l'ombre est au tableau.
Une raison supérieure, un désintéressement inébranlable, une délicatesse parfaite vous exposent à n'être compris de personne, si ne n'est de votre conscience, mais cela doit vous suffire.
La musique bruyante, mise à la mode par certains compositeurs modernes, détruit en nous le goût de ce charme exquis du naturel et de la vérité : elle produit l'effet de ces liqueurs fortes qui blasent, à tel point, ceux qui s'y adonnent, que le nectar même leur paraîtrait fade.
Méfiez-vous de l'homme qui sollicite votre obligeance, l'encensoir à la main. Les bienfaits qu'il recevra de vous ne lui inspireront de gratitude qu'envers lui-même ; il les considérera comme le juste salaire de ses éloges. Vous croyant la dupe de sa tactique, il ne manquera point d'attribuer à la finesse de ses louanges ce qu'il ne devra qu'à la bonté de votre cœur, et s'il ne cherche ensuite à vous couvrir de ridicule qu'en petit comité, c'est qu'il se pique de délicatesse et de bons procédés.
Épouser une femme par amour, c'est trop souvent une folie romanesque, un tort de l'esprit ; mais l'épouser pour la fortune, c'est un manque de délicatesse, c'est une flétrissure du cœur.
Pour bien apprécier les usages d'un pays, il faut que l'habitude y ait un peu façonné les verres de notre lorgnette.
Celui qui ne met point à profit les revers de la fortune pour perfectionner son esprit et son cœur ne mérite pas d'être heureux.
La crainte de n'être pas apprécié donne l'éveil à l'amour-propre de l'homme d'esprit ; voilà ce qui le rend timide et l'empêche souvent de briller dans un cercle nombreux ; il ne manque pas de confiance en lui-même, mais il n'en a pas assez dans les autres.