Que faut-il vous souhaiter pour cette nouvelle année, mes bichons ? Imaginez quelque chose d'exquis et d'extravagamment beau ; et soyez sûrs que je le désire pour vous. Voilà ! Adieu. Bonne humeur et bon travail. Je vous embrasse tous les deux tendrement.
Il ne faut pas chanter victoire avant de voir les morts par terre.
Laisser manger son temps par les fâcheux, c'est la pire manière de le perdre.
Les fous furieux sont moins abominables que les idiots.
Des promesses tant qu'on en veut, et puis rien.
Travaille, travaille, écris, écris tant que tu pourras, tant que ta muse t'emportera. C'est là le meilleur coursier, le meilleur carrosse pour se voiturer dans la vie. La lassitude de l'existence ne nous pèse pas aux épaules quand nous composons.
À force de me trouver mal dans ma solitude, j'arrive à m'y trouver bien.
J'ai l'infirmité d'être né avec une langue spéciale dont seul j'ai la clé.
La contemplation d'une femme nue me fait rêver à son squelette.
Le meilleur de la vie se passe à dire : Il est trop tôt, et puis : Il est trop tard.
Aimer, c'est s'unir avec un mélange de tendresse et de plaisir, se voir avec charme.
Ce ne sont pas les grands malheurs qui font le malheur, ni les grands bonheurs qui font le bonheur, mais c'est le tissu fin et imperceptible de mille circonstances banales, de mille détails ténus qui composent toute une vie de calme radieux, ou d'agitation infernale.
Le cœur de l'homme est encore plus variable que les saisons, tour à tour plus froid que l'hiver et plus brûlant que l'été. Si ses fleurs ne renaissent pas, ses neiges reviennent souvent par bourrasques lamentables ; ça tombe ! ça tombe ! ça couvre tout de blancheur et de tristesse, et quand le dégel arrive, c'est encore plus sale !
Mon cœur, où ont cuvé dans la solitude, les passions, les fantaisies et les rêves d'un autre monde, de sorte qu'il est maintenant bosselé et tordu comme de la vaisselle hors de service, et qu'on aura beau l'essuyer et le rincer, toujours il aura la froide odeur de tout ce qu'on y a mangé autrefois.
Il y a des gens qui ont le cœur tendre, et l'esprit dur.
L'amour, c'est un lit où l'on met son cœur pour le détendre.
Quand on s'aime, on peut passer dix ans sans se voir et sans en souffrir.
L'avenir est ce qu'il y a de pire dans le présent. Et tous, vous n'aurez comme les autres que de l'ennui pendant votre vie, et une tombe après la mort, et la pourriture pour l'éternité.
Les anges de ma jeunesse deviennent des ménagères. Toutes mes anciennes étoiles se tournent en chandelles et ces beaux seins où se berçait mon âme vont bientôt ressembler à des citrouilles.
J'avais hier les poumons fatigués à force de humer les lilas, et ce soir sur la rivière, les poissons sautaient avec des folâtreries incroyables, comme des bourgeois invités à prendre un thé à la Préfecture.
Il faut que les phrases s'agitent dans un livre comme les feuilles dans une forêt, toutes dissemblables en leur ressemblance.
Qui a toujours était dans le brouillard aime le soleil.
Oui, tu as raison, bonne Muse, cessons de nous quereller, embrassons-nous, passons l'éponge sur tout cela. Aimons-nous chacun à notre manière, selon notre nature. Tâchons de ne pas nous faire souffrir réciproquement. Une affection quelconque est toujours un fardeau qu'on porte à deux. Que celui qui est plus petit se hausse pour que tout le poids ne lui tombe pas sur le nez ! Que celui qui est plus grand se baisse pour ne pas écraser son compagnon !
L'esprit sert à peu dans les arts, à empêcher l'enthousiasme et nier le génie, voilà tout.
J'ai toujours vécu sans distractions ; il m'en faudrait de grandes. Je suis né avec un tas de vices qui n'ont jamais mis le nez à la fenêtre. J'aime le vin ; je ne bois pas. Je suis joueur et je n'ai jamais touché une carte. La débauche me plaît et je vis comme un moine. Je suis mystique au fond et je ne crois à rien. Je suis mystique au fond, et je ne crois à rien.
As-tu quelquefois voulu être petit oiseau ? Nous volerions ensemble, ça doit être si doux de faire l'amour dans l'air ! les vents vous poussent, les nuages vous entourent.
Il y a des moments où l'on croit que l'avenir touche au ciel et qu'on va le prendre avec la main, – crac, une plaine, – un vallon qui descend, et l'on court toujours, emporté par soi-même, pour se briser le nez sur un caillou, s'enfoncer les pieds dans la merde ou tomber dans une fosse.
Ô l'avenir, horizon rose aux formes superbes, aux nuages d'or, où votre pensée vous caresse, où le coeur part en extase et qui, à mesure qu'on s'avance, comme l'horizon, recule, recule et s'en va !
La forme est la chair même de la pensée, comme la pensée est l'âme de la vie.
Pour garder sa conscience pure, mettez-la au-dessus de celles de tous les autres.
Lorsque de mauvaise foi on entonne l'éloge d'un homme médiocre, qu'attendre sinon une médiocrité ?
Un beau trait nous honore encore plus qu'un beau livre.
L'éloge des qualités morales, agréablement entrelacé à celui des qualités intellectuelles et mises ensemble au même niveau, est une des plus belles bassesses de l'art oratoire. Comme chacun croit posséder les premières, du même coup on s'attribue les secondes !
Il faut se méfier des meilleures affections.
Pour avoir du talent, il faut être convaincu qu'on en possède.
Les misères de la vie sont peu de choses quand on se tient sur un sommet.
Les incertitudes que l'on a ne viennent jamais que d'autrui.
Je compatis d'autant mieux à vos embêtements financiers que je suis dans une dèche profonde.
J'exècre tout ce qui est obligatoire, toute loi, tout gouvernement, toute règle.
La vie est un éternel problème, et l'histoire aussi.
Toutes les douleurs viennent de l'excès de la pensée oisive.
La vie est une chose tellement hideuse que le seul moyen de la supporter, c'est de l'éviter.
Il y a dans l'ardeur de l'étude des joies idéales faites pour les nobles âmes.
Il faut, si l'on veut vivre, renoncer à avoir une idée nette de quoi que ce soit.
L'humanité est ainsi, il ne s'agit pas de la changer, mais de la connaître.
Chanteur : Avalent tous les matins un œuf frais pour s'éclaircir la voix. Le ténor a toujours une voix charmante et tendre, le baryton un organe sympathique et bien timbré, et la basse une émission puissante.
Concupiscence - Mot de curé pour exprimer les désirs charnels.
Exercice - Préserve de toutes les maladies : toujours conseiller d'en faire.
Égoïsme - Se plaindre de celui des autres et ne pas s'apercevoir du sien.
Le seul moyen de guérir, c'est de se considérer comme guéri.
Qu'est-ce que c'est qu'un siècle ? Une minute dans la nuit.
Rien de plus sot que la prétention du corps à la vie éternelle.
Incapacité - Plus on est incapable, plus on doit être ambitieux.
L'amour, peu à peu, s'éteint par l'absence, le regret s'étouffe par l'habitude.
Pauvre petite femme ! ça baille après l'amour comme une carpe après l'eau sur une table de cuisine.
Qui ne dit pas de mal des femmes ne les aime point.
La manière la plus profonde de sentir quelque chose est d'en souffrir.
On prend plaisir à être chagrin et, quand le chagrin est passé, comme on y a usé des forces précieuses, on en reste abruti.
Le génie, c'est Dieu qui le donne, mais le talent nous regarde.
Quand on compte sur peu, on est toujours étonné de ce qu'on trouve.