La femme rêve toujours, elle rêve de ce qu'elle ignore, de ce qu'elle soupçonne, de ce qu'elle devine. Après le premier étonnement de la première étreinte, elle se reprend à rêver. Elle a lu, elle lit. À tout instant des phrases au sens obscur, des plaisanteries chuchotées, des mots inconnus entendus par hasard lui révèlent l'existence de choses qu'elle ne connaît point. Si d'aventure elle pose en tremblant une question à son mari, il prend aussitôt un air sévère et répond : « Ces choses-là ne te regardent pas. » Or elle trouve que ces choses la regardent tout autant que les autres femmes. Quelles choses, d'ailleurs ? Il en existe donc ? Des choses mystérieuses, honteuses, et bonnes, sans doute, puisqu'on en parle tout bas avec un air excité. Les filles, paraît-il, tiennent leurs amants au moyen de pratiques obscènes et puissantes. Quant au mari, qui les connaît bien, ces choses, il n'ose pas les révéler à sa femme dans le mystère du tête-à-tête nocturne, parce qu'une femme épousée c'est différent d'une maîtresse, sacrebleu ! et parce qu'un homme doit respecter sa femme qui est ou qui sera la mère de ses enfants. Alors comme il ne veut pas renoncer aux choses qu'il n'ose point faire légitimement, il va chez quelque impure et s'en donne.