Aime-t-on parce qu'on rencontre une fois un être qu'on croit vraiment créé pour soi, ou bien aime-t-on simplement parce qu'on est né avec la faculté d'aimer ? Le cœur de tout le monde doit avoir des bras comme le corps, des bras tendres et tendus qui attirent, des bras qui étreignent et qui enlacent.
J'aime la nuit avec passion. Je l'aime comme on aime son pays ou sa maîtresse, d'un amour instinctif, profond, invincible. Je l'aime avec tous mes sens, avec mes yeux qui la voient, avec mon odorat qui la respire, avec mes oreilles qui en écoutent le silence, avec toute ma chair que les ténèbres caressent. Le jour me fatigue et m'ennuie. Il est brutal et bruyant !
Causer, qu'est cela ? Causer c'est l'art de ne jamais paraître ennuyeux, de savoir tout dire avec intérêt, de plaire avec n'importe quoi, de séduire avec rien du tout.
On ne s'est vengé d'un homme, en le trompant, que lorsqu'il le sait.
La séduction d'un sourire menteur semble ouvrir la porte de la bouche à toutes les infamies.
Les irrésistibles envies de parler de soi font divaguer les pochards en de fantastiques vantardises.
Un rire insolent, provocateur, me touche comme un de ces aiguillons de mouche venimeuse dont on ne sent pas la première atteinte, mais dont la brûlure s'éveille bientôt et devient intolérable.
J'aime d'un amour bestial et profond, méprisable et sacré, tout ce qui vit, tout ce qui pousse, tout ce qu'on voit, car tout cela, laissant calme mon esprit, trouble mes yeux et mon cœur, tout : les jours, les nuits, les fleuves, les mers, les tempêtes, les bois, les aurores, le regard et la chair des femmes.
En certains jours, j'éprouve l'horreur de ce qui est jusqu'à désirer la mort. Je sens jusqu'à la souffrance suraiguë la monotonie invariable des paysages, des figures et des pensées. La médiocrité de l'univers m'étonne et me révolte, la petitesse de toutes choses m'emplit de dégoût, la pauvreté des êtres humains m'anéantit.
Le mariage c'est un échange de mauvaise humeur le jour et de mauvaises odeurs la nuit.
Un tour au Bois n'est amusant qu'avec une jolie femme, et on n'en a pas toujours une sous la main.
L'amour est délicat, ma petite : un rien le froisse ; tout dépend, sache-le, du tact de nos câlineries.
La caresse, c'est l'épreuve de l'amour.
Le baiser n'est qu'une préface, mais une préface charmante.
La gourmandise a encore l'inestimable avantage de développer entre compagnons de table des sentiments d'indéracinable affection, infiniment plus indissolubles que les sentiments qui naissent entre compagnons de... lune de miel : Personne n'oublie plus vite qu'un amoureux.
La gourmandise a sur l'amour mille avantages. Mais le plus important, c'est qu'il importe d'être deux pour s'abandonner à l'amour ; tandis qu'on pratique la gourmandise tout seul, bien que l'abbé Morellet ait dit : « Pour manger une dinde truffée, il faut être deux : la dinde et soi. »
Les véritables gourmands sont rares comme les hommes de génie.
La gourmandise réside dans l'exquise délicatesse du palais et dans la multiple subtilité du goût, que peut seule posséder et comprendre une âme de sensuel cent fois raffiné.
De toutes les passions, la plus compliquée, la plus difficile à pratiquer supérieurement, la plus inaccessible au commun, la plus sensuelle au vrai sens du mot, la plus digne des artistes en raffinements, est assurément la gourmandise.
La vie n'est pas monotone quand on sait s'occuper.
Les jours suivent les jours, et la semaine s'écoule.
Il n'est pas une fille dans l'univers sur qui les commères n'aient jasé !
Il n'y a que les imbéciles qui ne soient pas gourmands.
Les vieux restent et les jeunes s'en vont !
Une vie... quelques jours, et puis plus rien.
Il faut noyer les beaux messieurs crétins avec les belles dames catins.
Je demande la suppression des classes dirigeantes ; de ce ramassis de beaux messieurs stupides qui batifolent dans les jupes de cette vieille traînée dévote qu'on appelle la bonne société.
Il n'y a rien en ce monde ni bonne foi, ni justice, ni honneur, ni fidélité, ni Dieu !
Les femmes entre elles, les hommes entre eux.
Moi, je suis fort et doux, pas méchant pour deux sous !
Mieux vaut avoir plus que moins.
Heureux ceux que satisfait la vie, ceux qui s'amusent, ceux qui sont contents !
L'air du matin est plein de frissons mystérieux que ne connaissent point les attardés du lit.
La patience vous échappe devant l'imbécillité criminelle de ce crétin.
La femme rêve toujours, elle rêve de ce qu'elle ignore, de ce qu'elle soupçonne, de ce qu'elle devine. Après le premier étonnement de la première étreinte, elle se reprend à rêver. Elle a lu, elle lit. À tout instant des phrases au sens obscur, des plaisanteries chuchotées, des mots inconnus entendus par hasard lui révèlent l'existence de choses qu'elle ne connaît point. Si d'aventure elle pose en tremblant une question à son mari, il prend aussitôt un air sévère et répond : « Ces choses-là ne te regardent pas. » Or elle trouve que ces choses la regardent tout autant que les autres femmes. Quelles choses, d'ailleurs ? Il en existe donc ? Des choses mystérieuses, honteuses, et bonnes, sans doute, puisqu'on en parle tout bas avec un air excité. Les filles, paraît-il, tiennent leurs amants au moyen de pratiques obscènes et puissantes. Quant au mari, qui les connaît bien, ces choses, il n'ose pas les révéler à sa femme dans le mystère du tête-à-tête nocturne, parce qu'une femme épousée c'est différent d'une maîtresse, sacrebleu ! et parce qu'un homme doit respecter sa femme qui est ou qui sera la mère de ses enfants. Alors comme il ne veut pas renoncer aux choses qu'il n'ose point faire légitimement, il va chez quelque impure et s'en donne.
Quel est le mari qui oserait prendre avec sa femme les libertés délicieuses que pratiquent aussitôt les amants ? Et c'est là le plus grand prix de l'amour : l'audace des baisers. En amour, il faut oser, oser sans cesse. Nous aurions bien peu de maîtresses agréables si nous n'étions pas plus audacieux que les maris, dans nos caresses, si nous nous contentions de la plate, monotone et vulgaire habitude des nuits conjugales.
Le mariage supprime, quand on le prend sérieusement, la possibilité des désirs nouveaux, toutes les tendresses à venir, la fantaisie du lendemain et tout le charme des rencontres. Il a, en outre, l'inconvénient odieux de condamner les époux à un déplorable ordinaire.
On peut idolâtrer les brunes parce qu'elles sont brunes, et aussi les blondes parce qu'elles sont blondes ; l'une pour ses yeux aigus qui vont au cœur, l'autre pour sa voix qui fait vibrer vos nerfs ; celle-ci pour sa lèvre rouge, celle-là pour la cambrure de sa taille ; et, comme nous ne pouvons cueillir toutes ces fleurs en même temps, la nature a mis en nous la toquade, le caprice fou qui nous les fait désirer à tour de rôle, augmentant ainsi la valeur de chacune à l'heure de l'affolement. Or, l'affolement, chez nous, devrait, me semble-t-il, être limité à la période d'attente. Le désir satisfait, ayant supprimé l'inconnu, enlève à l'amour sa plus grande valeur.
La fidélité et la constance me paraissent enlever à l'amour un charme qui est dans la fantaisie et l'imprévu. Le cœur féminin, par exemple, diffère beaucoup du nôtre, et je comprends les raisons qu'ont les femmes d'être plus persévérantes que nous dans leurs tendresses. Nous autres, nous adorons la femme, et quand nous en choisissons une passagèrement, c'est un hommage rendu à leur race entière.
La constance conduit au mariage ou à la chaîne. Rien dans la vie ne me semble plus attristant et plus pénible que ces liaisons de longue durée.
Une femme, mariée à vingt ans, est mûre à trente et avancée à quarante.
Il y a des liaisons réglées comme des actes notariés, où tout est prévu, les jours, les heures, les accidents et jusqu'à la rupture dont on devine l'échéance. On prend un amour comme une loge à l'Opéra !
Quand une femme, attachée par ce lien juridique qu'est le mariage, mais qui n'aime pas son mari, qui ne peut l'aimer, dont le cœur est libre, rencontre un homme qui lui plaît, et se donne à lui, quand un homme sans liaison prend une femme ainsi, je dis qu'ils s'engagent l'un vis-à-vis de l'autre, de par ce mutuel et libre consentement, bien plus que par le « oui » murmuré devant l'écharpe du maire. Je dis que, s'ils sont tous deux gens d'honneur, leur union doit être plus intime, plus forte, plus saine que si tous les sacrements l'avaient consacrée.
Les longues et fortes liaisons naissent d'une grande et profonde affection, faite de tendresse, de reconnaissance et des mille attaches menues.
Deux mains qui se rencontrent, presque involontairement, se serrent, c'est déjà le commencement d'une liaison.
La plupart des liaisons mondaines, même très courtes, ne valent pas le mal qu'elles nous donnent ni tous les ennuis qui peuvent en résulter.
La femme rêve toujours, elle rêve de ce qu'elle ignore, de ce qu'elle soupçonne.
Nous aurions peu de maîtresses agréables si nous n'étions pas plus audacieux que les maris dans nos caresses, si nous nous contentions de la vulgaire habitude des nuits conjugales.
Quel que soit le bien-être de notre corps, nous désirons quelque chose de plus... pour le cœur.
Quand on aime une femme, on hait qui la possède.
Le talent provient de l'originalité, qui est une manière de penser, de voir, de comprendre et de juger.
Le baiser frappe comme la foudre, l'amour passe comme un orage, puis la vie, de nouveau, se calme comme le ciel, et recommence ainsi qu'avant. Se souvient-on d'un nuage ?
On aime sa mère presque sans le savoir, sans le sentir, car cela est naturel comme de vivre.
La moindre chose contient un peu d'inconnu : Trouvons-le.
L'homme qui aime normalement sous le soleil, adore frénétiquement sous la lune.
Le baiser, la plus sûre façon de se taire en disant tout.
Le bonheur, c'est l'attente heureuse, la confiance ; c'est un horizon plein d'espérance, c'est le rêve !
Les seules femmes heureuses sur cette terre sont celles à qui nulle caresse ne manque.
L'homme, doué de sa force physique, exerce l'amour par la violence ; la femme, douée du charme, domine par la caresse.
Le suicide c'est la force de ceux qui n'en ont plus.
De toutes les passions, la seule vraiment respectable me parait être la gourmandise.
Aimer beaucoup, comme c'est aimer peu ! On aime, rien de plus et rien de moins.
Ce que l'on aime avec violence finit toujours par vous tuer.
Quand on a le physique d'un emploi, on en a l'âme.
Nos lettres d'amour, ce sont nos titres de beauté, nos titres de grâce et de séduction.
Un baiser légal ne vaut jamais un baiser volé.