La vieillesse, qui flétrit le corps, rajeunit l'âme, quand elle n'est pas corrompue et oublieuse d'elle-même, et le moment de la mort est celui de la floraison de notre esprit.
Rien n'est plus beau que de mourir après avoir connu tout ce qu'on peut connaître ici-bas, mais cette pensée ne doit pas venir par un côté sombre de l'âme ; il faut qu'elle arrive par le côté le plus lumineux et le plus serein, comme le soleil sort de l'Orient.
Soyez toujours bien doux et bien humble ; tout se répare avec ces deux vertus, rien ne répare leur absence.
La souffrance est d'autant plus difficile à vaincre qu'elle a une cause moins réelle.
La mélancolie est la grande reine des âmes qui sentent vivement ; elle les touche sans qu'elles sachent comment ni pourquoi, à une heure secrète, inattendue.
Le travail a été imposé à l'homme quand Dieu le chassa du paradis terrestre avec cette sentence : Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front ; en le repoussant, nous ne faisons que repousser un châtiment, et pour l'accepter, quand l'amour nous manque, il ne nous faut pas moins que toute la force de la nécessité.
Un homme se juge malheureux parce qu'une disgrâce le jette dans un château magnifique, où, entouré de toutes les jouissances et de toutes les distinctions, il ne lui manque qu'une multitude de solliciteurs et d'importuns qui l'empêchent de penser à soi.
L'humilité est la forme de l'amour, la passion de l'être vraiment grand, qui veut se faire petit pour se mieux donner.
L'orgueil n'est que la forme de l'égoïsme, la passion du néant qui se ramasse en soi et qui veut opprimer tout le reste.
La véritable élévation, l'élévation essentielle et éternelle, c'est l'élévation de mérite, l'élévation de la vertu. La naissance, la fortune, le génie ne sont rien devant Dieu.
Tout ce que peuvent faire les hommes, quand ils enseignent, c'est d'être certains, et aussi ne peuvent-ils pas exiger la foi à leur enseignement, c'est-à-dire une adhésion pure et simple, de cœur et d'esprit, à leur parole ; car, leur parole n'étant pas infaillible, il reste toujours à voir s'ils ne se trompent pas, ou s'ils ne veulent pas nous tromper.
Rien ne s'acquiert vite ici-bas, mais on en est souvent récompensé dans l'âge mûr.
Le résultat d'un travail consciencieux est toujours un bénéfice net.
L'unité est la forme du bien ; rien n'est beau que ce qui est un, ou, en d'autres termes, que ce qui est harmonieux. L'unité n'est pas le beau en soi, pas plus qu'elle n'est l'être et la vérité en soi, mais elle est leur l'orme nécessaire, la condition sans laquelle il n'y a point d'être, point de vérité, point de beauté, et, par conséquent, point de vie, point d'intelligence, point d'amour.
Créez une passion dans une âme et l'éloquence en jaillira par flots ; l'éloquence est le son que rend une âme passionnée. Aussi, dans les temps d'agitation publique, lorsque les peuples sont remués par de grands intérêts, les orateurs naissent en foule, et quiconque a aimé violemment quelque chose dans sa vie a été immanquablement éloquent, ne fût-ce qu'une fois.
Être intelligent c'est connaître ce qui est. Or, ce qui est c'est la vérité ; et la vérité absolue, unique, c'est Dieu.
Ce n'est pas la justice qui est sans miséricorde, c'est l'amour.
On ne peut régner sur les hommes quand on ne règne pas sur leur cœur.
La jeunesse est un bien beau moment dans la vie : Enfant, on n'a pas assez de sensibilité, ni de connaissances des choses ; rien n'est profond. Dans l'âge mûr, on sait trop, on ne plaît plus autant ; le cœur, moins sollicité et plus circonspect, ne donne et ne reçoit plus autant. Mais entre vingt et trente ans, que de séve ! quelle plénitude ! on est si vite aimé et on aime si vite !
Les deux grandes vertus à acquérir sont l'humilité et la pénitence.
Nous avons deux grands vices à combattre et à détruire : L'orgueil et la volupté.
Vous devez apporter dans vos lectures un grand discernement : Lisez lentement et avec réflexion.
Etudiez beaucoup les anciens : Platon, Plutarque, Cicéron et beaucoup d'autres, sont mille fois préférables à la plupart de nos écrivains modernes ; c'étaient des gens religieux, pénétrés de respect pour la tradition, et n'attendant la perfection de l'homme que de sa communication habituelle avec la Divinité.
L'orgueil qui attaque la vérité n'inspire aucun sentiment doux.
La faiblesse qui pèche est digne de compassion.
Écrire, c'est agir ; écrire l'erreur avec opiniâtreté, c'est commettre un crime honteux.
Les lettres sont toujours bien froides et bien courtes en comparaison de la conversation.
L'égoïsme consiste à faire son bonheur du malheur de tous.
Le don gratuit est l'âme de l'amour humain comme de l'amour divin.
Être libre, c'est se posséder soi-même.
L'injustice appelle l'injustice ; la violence engendre la violence.
La bonté, c'est l'amour gratuit.
L'amour pardonne tout, sauf une seule chose, qui est de ne pas être aimé.
Pour aimer à un certain degré, il faut une foi profonde, il ne faut pas seulement une raison.
Aimer, c'est estimer la vie de celui qu'on aime deux mille fois plus que la sienne.
La sympathie ne se refuse qu'à celui qui ne l'inspire pas.
L'amitié est, dans le christianisme, le terme et la récompense suprême de l'amour conjugal.
Rien de ce qui est sensible n'est immortel.
La fidélité dans l'amitié s'affermit par l'épreuve.
L'amitié, quand elle est vraie, n'est pas susceptible aux revers de fortune.
Que de mariages où l'amour est absent ! Que de foyers qui n'ont pour dieux que l'indifférence !
À peine homme, avant même qu'il le soit, l'enfant de la plus aimable mère aspire à se séparer d'elle.
L'exception n'a jamais détruit une règle.
La société n'est pas autre chose que l'ordre, et l'ordre a en Dieu sa racine invulnérable.
Le droit est la face égoïste de la justice, le devoir en est la face généreuse et dévouée.
Chaque goutte de notre sang est achetée de la terre au prix d'une vertu.
Il y a de la crainte lorsqu'il n'y a pas d'égalité dans le sort.
La charité ne consiste pas à être malheureux, pas plus que l'égoïsme à être heureux.
Tout être, quel qu'il soit, ne saurait agir et vivre que pour lui.
L'homme libre d'aimer ou de haïr, reste responsable de ses actes devant la justice suprême de Dieu.
L'amour sans la vertu n'est qu'une faiblesse et un désordre.
L'union est le terme de l'amour où il n'a plus rien à produire que la persévérance de ses actes.
Se dévouer, c'est se donner à autrui pour être sa chose.
La vertu seule produit l'amour, parce que seul elle produit le dévouement.
Beaucoup d'affections ne sont qu'un égoïsme déguisé ; on éprouve un attrait, on s'y abandonne.
Le dévouement est l'immolation de soi à l'objet aimé.
Choisir, c'est préférer un être à tous les autres ; se dévouer, c'est le préférer à soi-même.
L'homme, si vaste que soit son cœur, ne peut s'attacher à tout avec la même force.
Les guerres commencent par l'ambition des dictateurs, et finissent par le malheur et le sang des peuples.
Notre vie se passe à subir le bien ou à le régler.
Le bien est la perfection et la béatitude de la volonté.
La vérité est l'objet de l'intelligence, le bien est l'objet de la volonté.
L'action est la conséquence de l'activité ; la production est la fin dernière de l'activité.