Ah ! Messieurs, mourir avec la joie sacrée de savoir qu'on n'a jamais fait le moindre mal à une seule âme ! Mourir avec la confiance de n'avoir jamais scandalisé un seul de ces petits ! Mourir avec la certitude de n'avoir jamais profité d'une infirmité, abusé d'une pauvreté, trompé une ignorance ; avec l'honneur de n'avoir jamais rencontré devant soi la faiblesse sacrée de la fille de Dieu que pour la respecter, la protéger et la défendre ; mourir enfin en redisant qu'on n'a jamais étendu d'un pouce l'empire du mal sur la terre, mais qu'on a étendu, au contraire, les limites sacrées de l'empire du bien ; qu'on a dépensé son esprit, ses années, sa fortune et ses forces, à soutenir le règne de la vérité et de la justice : quelle joie, Messieurs, quelle consolation, quelle ferme assurance au milieu des ombres du dernier moment, quel honneur devant les hommes, quelle protection devant Dieu !