Le temps qui change tout, change aussi nos humeurs : chaque âge a ses plaisirs, son esprit et ses mœurs.
L'humeur est un corrosif qui use le cœur et dépolit les mœurs.
L'amour charnel ne se forme point dans le cœur, mais dans les humeurs : son principe n'est qu'un caprice, sa nature qu'une brutalité, son objet qu'une écorce, sa fin qu'une honte.
L'esprit bien fait doit tirer gaiement parti de lui-même et des autres, favoriser et faciliter la vie autour de lui, arriver à la bonne humeur dans la bienveillance et à la dextérité dans le contentement. Les gens chagrins, moroses, frondeurs, hypocondriaques attirent le malheur comme les clochers attirent la foudre, comme les surfaces humides attirent la moisissure.
Les vieillards doux, modérés, et d'une humeur facile, jouissent d'une vieillesse supportable ; l'humeur difficile et chagrine rend désagréable à tout âge.
Les personnes d'humeur égale et de parole doucereuse ressemblent à l'eau dormante. La surface en est plane, point de vagues, mais au fond il y a de la vase et des reptiles. L'homme vif et spirituel ressemble à une rivière limpide, rapide et sapide. La surface se plisse au gré du vent, parfois au souffle d'un zéphir, quelques gouttes de pluie la font déborder, mais au fond elle roule de l'or, elle caresse ceux qui s'y baignent et désaltère ceux qui y boivent !
Il est des hommes désagréables, toujours d'humeur fâcheuse chez eux, durs pour leurs proches, des hommes froids et brutaux avec leur femme ; mais qui hors de la maison sont les plus aimables hommes du monde.
Il vaut presque mieux avoir le cœur joyeux que la vie heureuse. Le cœur joyeux supplée à tout, tandis que le bonheur passe souvent inaperçu, troublé par une fâcheuse humeur.
Une personne capricieuse ne peut inspirer une affection durable, car cette pauvre affection, sans cesse déroutée par une humeur changeante, finit par ne plus savoir où se prendre ni ce qui l'inspire.
Une humeur inégale rend toute relation amère.
L'inégalité d'humeur donne plus de prix à la gaieté.
L'humeur est quelquefois un défaut factice que l'on se crée pour se délivrer des importuns.
Il y a d'autant plus d'habileté à dompter son humeur que l'on ne se défie jamais assez du tort qu'elle nous cause.
Les humeurs sombres et chagrines, qui penchent vers la misanthropie, déplaisent fort.
L'humeur inégale est une plante bâtarde que la nature n'a pas pris la peine de perfectionner.
Un ami d'une humeur inégale est comme un bon mets mal apprête, car ses bons moments trop souvent interrompus par des caprices empêchent qu'on ne puisse tranquillement goûter la douceur de son amitié.
Une humeur inquiète et trop de chagrins sont deux fléaux qui abrègent la vie.
La chose la plus changeante est le cours des eaux, et l'humeur d'une femme.
L'humeur d'une femme qui boude est comme l'eau dans les commencements de gelée, quand la glace est assez forte pour arrêter la navigation d'un fleuve, et pas assez pour porter.
L'amitié ne peut subsister avec l'incompatibilité des humeurs.
Il est difficile de conserver son égalité d'humeur à tous les instants de la vie. Les moments indifférents nous causent de l'ennui, les bons nous pèsent et les mauvais nous accablent.
L'inégalité d'humeur fait ressembler le cœur à une source intermittente qui ne jaillit que par intervalles.
Quand l'amour a l'humeur altière, la haine y fait ample litière.
Un des secrets du bonheur, c'est d'être indifférent à sa propre humeur.
L'homme sans humeur me laisse sans humeur.
Rien n'est moins à nous que notre humeur.
L'humeur est une onde trouble qui empêche de briller ce qu'elle recouvre.
La mauvaise humeur est une sorte de scepticisme en action.
La plus belle des qualités, c'est l'égalité d'humeur : cet être est à chérir ; c'est celui qu'on aime côtoyer, celui qu'on est certain de trouver toujours avec la sérénité sur le front, et le sourire sur les lèvres.
La qualité la plus précieuse, c'est la douce et constante égalité d'humeur.
La vieillesse a des moyens d'être encore belle, si l'avarice et l'humeur ne viennent pas l'en priver.
Il n'y a pas d'incompatibilité d'humeur comparable à celle de deux amours-propres de même nature.
Comment ne pas se défier de ses jugements, quand le plus léger mouvement d'humeur change le monde à nos yeux ?
Les effets de l'humeur sont quelquefois aussi redoutables que ceux de l'envie.
Un homme fort désagréable est celui qui a l'humeur rêche et déplaisante.
Jugeons de l'impression que l'humeur fait sur les autres par celle que nous en recevons nous-mêmes.
La plus insupportable engeance de voleurs, ce sont les sots ; ils nous volent à la fois notre temps et notre bonne humeur.
Les défauts de l'humeur et les travers de l'esprit, font plus de tort, dans le monde, que les vices de l'âme.
L'égalité d'humeur décèle un grand mérite ou l'absence de tout mérite.
La confiance en soi, la bonne humeur, attirent la fortune ; le mécontentement, le doute, la timidité, l'indisposent.
La mauvaise humeur est un orage qu'un baiser dissipe.
L'humeur mène à l'impatience, l'impatience à la colère, la colère à l'emportement, l'emportement aux écarts les plus funestes. C'est le venin de l'aspic, dont il faut arrêter les premiers progrès : dès qu'il circule, il est mortel.
On se corrige d'avoir de l'humeur en vivant avec quelqu'un qui n'en a point, ou qui en a beaucoup.
Il faut adapter ses humeurs à chaque personne.
Celui qui peut exercer la douceur parmi ses douleurs, la générosité parmi les mauvais traitements, et la paix entre les tracas, est presque parfait. La douceur, la suavité de cœur et l'égalité d'humeur sont vertus plus rares que la chasteté.
J'ai quelque chose en moi qui me vaut la sympathie de plusieurs. Ne serait-ce pas la souplesse de mon humeur que je modèle volontiers sur celle des gens, comme un Jésuite ? Personne ne me connaît, je ne me livre qu'avec peine, de peur de froisser mon cœur contre des natures sèches ou vaines ; confier un sentiment à un homme froid, c'est jeter la fleur sur le pavé, la confier à un homme léger, c'est la jeter dans le vide.
Raillez, si votre humeur vous y porte, mais raillez avec prudence. Respectez ceux que l'âge et le caractère mettent au-dessus de vous : c'est une imprudence odieuse que de railler un vieillard, un supérieur, un père. Ménagez ceux qui sont au-dessous de vous : votre supériorité leur imprime un respect timide qui vous les livre sans défense. C'est attaquer avec trop d'avantage, c'est battre un homme nu et sans armes, c'est terrasser un enfant.
Son moi, c'est sa mauvaise humeur.
L'homme est comme un baromètre : l'humeur en marque le temps bon ou mauvais.
L'humeur des hommes se forme de tout ce qui les entoure, et leur bonheur ou leur malheur dépend beaucoup des choses extérieures.
Soyez avec l'enfant sans humeur ni caprice?