Dans la chasse aux idées, les pièces rares, les pièces de choix, se tirent au jugé.
Avoir des idées, c'est cueillir des fleurs ; penser, c'est en tresser des couronnes.
Chacun aujourd'hui ne discerne dans les idées générales que ce qui se rapporte à ses intérêts particuliers.
Faute d'idées neuves, on multiplie les phrases nouvelles et on croit avoir fait des découvertes.
On sème et prodigue ses idées sans s'en dessaisir ; c'est un privilège qu'on n'a pas pour les pièces de monnaie.
Dans la lutte des idées, le pot de terre ne doit pas avoir peur du pot de fer.
L'idée une fois émise est comme la graine confiée à la terre ; elle attend la pluie bienfaisante et le rayon de soleil qui doivent la faire germer.
Rarement l'homme a deux idées à la fois, un clou chasse l'autre.
Il y a deux sortes d'idées dans notre nature : les idées acquises et les idées inspirées ; celles qui tiennent aux circonstances de notre conservation corporelle, et celles qui nous ramènent à l'ordre général établi par le Créateur.
Lorsque je me réveille le matin, et que je sors, je vois dans la rue les poubelles remplies des idées de la veille.
Il en est des idées comme des vêtements, comme des objets, comme de tous les biens : il faut en être économe si l'on veut être riche.
La contradiction ? Même idée vue sous ses deux faces.
Il y a de grands mots à crinoline ; ils sont faits pour les idées en baudruche.
Il faut distinguer la variété des impressions de la variation des idées. Dans le premier cas il y a des contrastes ; dans le second, des contradictions.
Tout homme qui s'écarte des idées reçues est généralement regardé comme un frénétique, un présomptueux qui se croit insolemment plus sage que les autres.
La nuit donne des idées, pourquoi en faire des rêves, comme si les idées diurnes étaient plus achevées que celles du sommeil. Ces idées, parfois, nous échappent, on ne sait pourquoi. Pendant qu'elles déroulent leur absolu, on pense qu'il faudrait les noter. Elles, et non les autres. Or ce sont celles-là qu'on ne note pas, qui reviennent périodiquement, sans qu'on puisse jamais les retenir.
Laisser croire qu'on a des idées rapporte souvent plus que d'en avoir.
La vue des choses ne donne pas des idées ; elle les éveille. Pour que celles-ci surgissent dans notre esprit, il faut qu'elles y existent déjà.
Quand les gens ont une idée préconçue, ils en voient la preuve partout.
Nos sensations se convertissent quelquefois en idées, et nos idées influent sur nos sentiments.
Il est triste et embarrassant d'analyser les idées d'un homme qui n'en a pas !
Le beau, c'est ce qui donne le plus d'idées dans le plus court espace de temps !
On n'est point homme d'esprit pour avoir recueilli beaucoup d'idées, comme on n'est point un bon général pour disposer d'un grand nombre de soldats !
J'ai des moments d'une stérilité affreuse, et d'autres fois les idées m'arrivent par flocons : quand je compare cette pauvreté de quelques instants avec cette richesse de quelques autres, j'en conclus que les fonctions de notre esprit et celles de notre corps sont étroitement unies, et que les premières sont dans la dépendance immédiate des secondes.
Il faut aimer ses idées plus que soi-même, pour se réjouir de les voir faire leur chemin sous le nom d'un autre.
Comme les épidémies, les idées du passé ont leurs retours, mais, de reprise en reprise, elles perdent en intensité et en durée.
Singulier remous des idées : nos vieux maîtres de la libre pensée remontent à l'orthodoxie, et les plus brillants élèves du spiritualisme officiel s'en vont à la dérive de la libre pensée.
Les idées sont comme les gaz : libres, elles se dispersent inoffensives ; comprimées, elles font explosion.
Les vrais bons mots sont des étincelles jaillissant du choc des idées.
Les idées courent les rues : est-ce pour cela qu'on en trouve si peu dans les livres ?
Il faut faire de temps en temps la revue de ses idées, comme celle de ses livres, sous peine de ne plus savoir ce qu'on a dans sa bibliothèque et dans l'esprit.
Nos idées personnelles sont à l'égard de l'opinion générale comme une montre qui avance ou retarde, et sur laquelle on ne règle pas l'emploi de son temps.
Il y a dans la vie des situations insolubles qui sont la déroute des idées admises.
Les esprits oisifs sont ceux qui ont le plus besoin de mouvement extérieur. Il leur tient lieu d'idées, et leur fait une vie qu'ils ne sauraient trouver en eux-mêmes.
Durant les embouteillages de la parole, beaucoup garent leurs idées en double file.
Se conduire selon des idées reçues, ajouter foi à des expressions toutes faites cache la réalité des choses et peut mener, comme on voit, à des situations embarrassantes. Il n'est pas dans la nature des angles de s'arrondir.
Les idées comme les femmes : il faut les lever quand elles passent. Après, on les perd de vue, et comme on n'a ni adresse, ni téléphone pour les retrouver, il faut attendre une nouvelle rencontre, aussi fortuite que la première.
Les idées sont comme les femmes : il ne faut pas leur dire de but en blanc qu'on veut coucher avec elles. La mieux disposée, devant une déclaration de ce genre, prend ses jambes à son cou. Seconde ressemblance : il n'est pas mauvais de les faire rire. Une idée qui s'amuse est une idée séduite.
Les livres réveillent les idées endormies.
Des idées générales et une grande présomption sont toujours à la veille de produire des malheurs terribles.
La monotonie des idées naît de l'indigence de l'esprit, comme la variété des produits naît de la richesse du sol.
Il y a des gens qui s'occupent de grandes choses avec de petites idées ; leurs systèmes sont aussi mesquins que leur esprit est étroit : chacun coupe à sa taille l'étoffe qu'il doit porter.
Beaucoup d'idées ne surgissent que d'une culture générale comme les boutons sur la branche verte. Dans la saison des roses, on voit partout la rose fleurir.
Quand j'entends parler des idées libérales, je m'étonne toujours de voir comme les hommes sont prompts à se payer de mots vides et sonores ; une idée ne peut pas être libérale. Une idée peut être vigoureuse, énergique, complète, pour accomplir sa mission divine qui est de fructifier : encore moins la pensée peut-elle être libérale, car elle a une mission toute différente. Si je dois chercher le libéralisme quelque part, c'est dans les opinions, et celles-ci sont l'expression vivante du sentiment. Mais les opinions sont rarement libérales, parce qu'elles proviennent directement de la personne, de ses rapports et de ses besoins les plus immédiats. Nous n'en dirons pas davantage ; mais qu'on mesure à cet étalon tout ce qui se répète journellement.
On se fait quelquefois des idées qui n'ont rien de fondé.
Quand on est à la source de certaines idées premières, il faut bien se garder de se désaltérer plus bas.
Il est malséant d'avoir les idées larges pour qui a l'esprit étroit !
Les idées vulgaires soulevées pendant le bonheur produisent l'effet de cheveux trouvés dans un mets appétissant.
L'esprit actif amène les idées, le flâneur les saisit au passage.
Les hommes couvent des idées, comme les oiseaux couvent des œufs qui ne sont pas toujours de leur provenance.
L'objection est à l'idée ce que le poids dans la balance est à l'objet qu'il sert à peser. Par la force ou la faiblesse des objections, on juge de la justesse ou de la fausseté des idées.
Si les idées se vendaient, comme il y a des gens qui ne les achèteraient pas, à la manière dont ils s'en passent !
Respectez les hommes, combattez uniquement les idées.
Marchez à la suite de vos idées elles vous entraînent. Marchez contre elles, elles vous renversent.
Marchez à la tête des idées de votre siècle, ces idées vous suivent et vous soutiennent.
Le propre du génie est de fournir des idées aux crétins une vingtaine d'années plus tard.
De frotter l'idée à son contraire naît toujours quelque étincelle.
Il y a des pays où il est encore permis de communiquer ses idées aux hommes ; il y en a d'autres dans lesquels à peine est-il permis d'avoir des idées.
Les idées sont des fonds qui ne portent intérêt qu'entre les mains du talent.
Il est à considérer que l'on meurt aussi bien pour des idées fausses que pour des idées justes.
Les idées de la veille font les mœurs du lendemain.
Nos idées sont-elles le résultat de nos forces, ou nos forces le résultat de nos idées ?
Une idée nouvelle est comme une jeune femme, elle a toujours des admirateurs.
Les grandes choses amènent les grandes idées, et les grandes idées les grands mots.
Certaines idées n'ont vécu que parce qu'elles ont rencontré des esprits qui se sont jetés à la nage pour elles.
Pour bien arranger ses paroles, il faut savoir auparavant bien arranger ses idées.
Concevoir une idée utile et la garder en soi, c'est ressembler au nuage chargé d'eau qui passe sur nos têtes sans arroser la terre altérée et poudreuse.
Nous sommes de plus facile composition sur nos idées que sur nos sentiments.
Quand on a une idée en tête, on y rapporte tout.
La langue n'est pas le pays des idées, elle n'en est que le passage.
L'idée n'est pas le mot, elle vit dans le mot?