On va quelquefois plus aisément contre ses intérêts que contre ses préjugés.
L'intérêt est mesquin et égoïste ; semblable au despote, il ne voit que lui dans le monde.
Ceux qui n'ont que leur intérêt personnel en vue ne peuvent pas avoir des idées justes et étendues des choses.
Si l'intérêt n'était pas le mobile des actions des hommes, notre humanité serait pauvre et bien restreinte.
Il est triste de voir l'intérêt et le devoir aux prises, parce que l'intérêt finit presque toujours par triompher.
C'est bien mal entendre ses intérêts que de ne vouloir plaire qu'à certaines personnes. Celui qui se fait aimer de tout le monde entreprend peu d'affaires qui ne lui réussissent ; chacun s'empresse à l'obliger : on rougirait de faire de la peine à celui qui ne cherche qu'à faire plaisir aux autres, qu'à s'en faire aimer.
L'intérêt rend aveugles les gens même les plus probes, et à leur insu.
Il n'y a rien de plus vrai que l'amitié se réchauffe quand on est dans les mêmes intérêts.
Les hommes vivent en société par le besoin mutuel qu'ils ont les uns des autres ; l'intérêt les réunit et l'intérêt les brouille.
On s'étonnerait moins de voir se rapprocher les personnes qui semblaient devoir être brouillées pour toujours, si l'on réfléchissait un instant au grand lien de la société, l'intérêt.
Les humains sont partout à l'intérêt livrés, et les cœurs vertueux sont partout déchirés.
Le cœur de l'homme est un mécanisme grossier dont le seul ressort profond est l'intérêt.
Le conseil donné est presque toujours dirigé vers l'intérêt de celui qui le donne.
Qui est toujours lui-même est rarement dénué de quelqu'intérêt pour les autres.
La reconnaissance est une plante qui fleurit que sur une terre arrosée par l'intérêt.
Pour l'avare l'amour est un intérêt, l'être aimé un capital.
La fidélité devient quelquefois infidèle, comme l'on aime plus son intérêt que son ami.
En général, l'homme est tout orgueil, enveloppé de dissimulation, de faiblesse et de misère. Ses intérêts sont, malgré lui, les bases de sa raison. Au lieu de dire moi et tous les autres, ne dira-t-il jamais de bonne foi tous les autres et moi ! Plaignons l'homme, si fier de son être ; il vogue sur une mer remplie d'écueils ; il marche sur des volcans recouverts d'un peu de terre.
L'amitié n'est, hélas ! pour la généralité des hommes, qu'un vil commerce dans lequel chacun espère retirer un intérêt usuraire de ses avances.
L'amitié rapproche les hommes, l'intérêt les éloigne.
L'intérêt est comme de la poudre que le démon jette aux yeux de l'homme, afin qu'il ne connaisse ni justice, ni devoir, ni honneur, ni amitié.
Nos intérêts dictent nos opinions et inspirent notre conduite. L'honnête homme ne se l'avoue pas ; le fripon le sait et passe outre.
La reconnaissance est durable quand l'intérêt ou la vanité aide la mémoire.
L'opinion publique est comme un ballon ; on peut le remplir, mais non le diriger à son gré ; c'est le vent de l'intérêt général qui l'entraîne.
L'intérêt est un principe d'action égoïste qui ne peut engendrer des maux illimités.
Qu'on soit riche ou pauvre, l'intérêt est toujours ce qui nous divise.
Les intérêts désirent l'ordre, les mœurs le donnent.
L'intérêt fait soutenir les plus grandes absurdités.
Il est triste de le dire, et plus triste encore de l'éprouver, mais, pour la plupart des hommes, il est plus pénible de se trouver entre leur intérêt et leur amour-propre qu'entre leur intérêt et leur conscience.
J'estime l'intérêt bien entendu à l'égal de l'amour raisonnable. Ces épithètes, qui dénaturent ou nient ce qu'affirment leurs substantifs, en font de francs hypocrites.
Si la religion de l'intérêt remplace un jour la religion de l'abnégation, on y croira.
Il n'est pas d'être plus méprisable au monde que celui qui n'aime que par intérêt.
Qu'il serait beau, qu'il serait louable de ne chercher à se concilier l'amour des hommes, que pour les porter à l'amour de la vertu et de leurs devoirs ! Mais c'est souvent à quoi l'on pense le moins, la vanité ou l'intérêt est presque toujours l'unique mobile de ce que l'on fait pour se rendre aimable.
L'intérêt personnel déguise la vérité : l'esprit de parti fait qu'on se la dissimule à soi-même.
L'intérêt est en même temps parmi les hommes le lien qui forme leur attachement, et la cause qui le brise.
Chez bien des personnes l'attachement est une pendule qui s'arrête dès quelle n'est plus réglée par l'intérêt.
Il est bien rare que nous appréciions exactement le mérite d'autrui ce qu'il vaut : tant d'intérêts personnels entrent dans nos jugements, qu'il n'est pas surprenant que nous ne l'envisagions jamais sous son véritable point de vue.
Les intermédiaires ne réussissent jamais aussi bien que la personne dont les intérêts sont en jeu.
Le couple est la capitalisation des griefs que chacun fait payer à l'autre avec intérêts.
L'intérêt est le vrai phénix de la fable, lui seul sait renaître de ses cendres.
L'intérêt personnel et l'intérêt public se confondent si bien dans nos cœurs, que notre conscience même s'y méprend.
Les femmes pures de toute pensée vénale n'associent jamais l'intérêt à l'amour, mais elles mettent tant d'amour et de passion dans les questions d'intérêt, qu'elles sont impossibles en affaires.
Les femmes confondent l'amour avec la fidélité : l'un est le capital, l'autre l'intérêt.
Nous ne demandons pas mieux que de rendre service à notre prochain, mais à la condition toutefois de choisir notre jour, notre heure, notre instant, de façon à rendre ce service plus profitable à notre gloire qu'à ses intérêts.
Notre intérêt est toujours la boussole que suivent nos opinions.
Où l'intérêt domine, la raison a beau parler, elle n'est guère écoutée.
L'intérêt n'a point de temples, mais il est adoré.
Une amitié d'intérêts est un commerce de fourberie.
Qui que vous soyez, ne remettez jamais à un autre les intérêts de votre cœur ; le cœur seul peut plaider sa cause : il sonde seul ses blessures ; tout intermédiaire devient un juge ; il analyse, il transige ; il conçoit l'indifférence ; il l'admet comme possible, il la reconnaît pour inévitable ; par là même il l'excuse, et l'indifférence se trouve ainsi, à sa grande surprise, légitime à ses propres yeux.
Les hommes qui constituent les Etats avec leurs opinions personnelles, les administrent avec leurs intérêts.
L'évidence de l'intérêt commun ne frappe jamais l'aveugle esprit de parti.
L'intérêt éteint les haines presque aussi facilement qu'il les allume.
Chacun se défend de rien faire par intérêt, et c'est l'intérêt qui fait tout faire.
Il n'est aucune vérité qui puisse tenir contre l'intérêt. Les hommes mettraient en doute les mathématiques elles-mêmes, le jour où ils seraient intéressés à le faire ; nous ne contestons que les vérités morales qui nous gênent, et nous ne serions jamais opposés à la raison si la raison n'était jamais contraire à nos passions.
L'homme vraiment grand est celui qui, maître de lui-même, sacrifie constamment son propre intérêt à l'intérêt des autres ; c'est celui qui se réjouirait de trouver un homme plus grand que lui, et qui saurait, au besoin, sacrifier sa réputation d'homme de bien pour ne point trahir sa conscience.
Tout homme est attaché à ses intérêts?