De toutes les bonnes qualités, il n'en est peut-être point qui demande plus de discernement que la complaisance. Faites trop peu, vous tombez dans la rudesse ; faites trop, vous devenez rampant et servile. Le milieu est délicat ; mais aussi la vraie complaisance est une vertu bien estimable. Il faut avoir le cœur bien fait, pour aimer à faire plaisir : il faut beaucoup d'esprit pour se plier décemment à celui des autres ; il faut bien de la patience pour supporter les humeurs, les défauts, et quelquefois les caprices, sans en être rebuté ; il faut bien de la fermeté pour ne jamais rien accorder de ce que défend le devoir. C'est ce qui fait qu'il y a si peu de vrais complaisants. Au lieu de plier, dans tout ce qui est permis, ses goûts et ses idées à celles des autres, chacun au contraire veut dominer, se faire écouter, l'emporter.