Les femmes aiment par-dessus tout à être amusées. Elles vous tiennent peu de compte de ce que vous faites pour leur utilité ; mais elles sont prodigieusement reconnaissantes des frais que vous faites pour leur plaire.
Tous les gouvernements, sans exception, les mauvais comme les bons, affectent les intentions les plus pures, les plus généreuses, les plus grandes. On fait des dilapidations en parlant d'économie, des guerres en protestant de son amour pour la paix, des spoliations par respect pour la justice, et des actes arbitraires au nom des lois. Aussi, je le vois, vous ne croyez plus à ces belles enseignes. Vous n'entrevoyez aucun moyen de juger de l'honnêteté du pouvoir. Cependant il en est un ; il est même infaillible. Rappelez-vous le vieux proverbe : Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es. Faites-y un léger changement, un mot… Vous n'y êtes pas ? — Non. — Dis-moi qui tu places... Ah ! vous y êtes. Oui, effectivement : Dis-moi qui tu places, et je te dirai qui tu es !
L'amour et l'objet aimé sont tout pour une femme qui aime. Dans un jeu où elles mettent tant du leur, elles exigent beaucoup. Si l'homme qu'elles aiment si bien, avec tant d'abandon, s'occupe de quelque chose qui ne soit pas elles, il est indifférent, il manque de confiance ; c'est un égoïste, un ingrat : on le méprise, on le déteste. Aussi voit-on souvent les hommes embarrassés de l'amour qu'on a pour eux.
Le public est un juge qui n'entend jamais que les avocats d'une seule cause, parce qu'il a la bêtise de laisser à ces avocats le pouvoir d'imposer silence à leurs adversaires.
Il faut toujours se défier de l'entraînement de l'opinion dominante.
Le savant sait d'une chose tout ce qu'on peut en savoir dans son siècle ; l'érudit, tout ce qu'on en savait.
La liberté de la presse est entièrement dans l'intérêt de ceux qui lisent : ce sont eux qu'il s'agit de tromper ou de détromper.
La vertu des honnêtes gens n'est pas niaise, ni résignée ; elle est douce, noble, sereine, mais armée comme Minerve.
C'est une grande sottise dans une nation de ne savoir pas tout bêtement mépriser ce qui est méprisable, et haïr ce qui est haïssable. Un peuple qui ne saurait haïr ni mépriser, serait digne d'être gouverné à coups de pieds au cul.
Dans les desseins méprisables, les moyens odieux font horreur. Si le but est généreux, tout se pardonne. Aussi est-il plus facile de faire le bien que le mal, et bien bêtes sont ceux qui, placés pour le faire, en laissent échapper l'occasion.
On veut être apprécié, mais on n'aime pas a être apprécié tout juste ce qu'on vaut.
La volonté est toujours de travailler le plus possible pour gagner le plus possible.
La fermeté de caractère fait les hommes supérieurs.
Un sot sans prétentions est moitié moins sot qu'un autre.
L'usage est la loi des gens médiocres, comme les proverbes sont la morale du peuple.
Un bon esprit vaut mieux qu'un bel esprit.
Un préjugé ne fausse pas le jugement sur un seul objet, mais sur tous.
On peut définir le vice : Le sacrifice de l'avenir au présent.
Les femmes sont l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin.
Les proverbes valent mieux que l'usage.
L'avarice entasse, non pour consommer, mais pour entasser ; c'est un instinct, un besoin honteux.
L'argent n'est bon qu'à être dépensé.
On trouve toujours des motifs de consolation dans les sottises des autres.
La vérité ne se montre pas sans une sorte de pudeur.
Comme la peur est le plus grand supplice des tyrans, le crime le plus irrémissible à leurs yeux est de leur faire peur.
L'expérience du monde ne se compose pas du nombre de choses qu'on a vues, mais du nombre de choses sur lesquelles on a réfléchi : combien d'hommes, après de grands voyages et une longue vie, n'en sont pas plus avancés !
La guerre est une grande cause de famine, parce qu'elle nuit à la production, et gaspille les produits. Il dépendrait de l'homme d'écarter ce fléau ; mais on ne peut se flatter de voir les guerres plus rares, qu'autant que les gouvernants deviendront très éclairés sur leurs vrais intérêts, comme sur ceux du public, et que les peuples n'auront plus l'imbécillité d'attacher de la gloire à des dangers courus sans nécessité.
La fermeté de caractère, quand elle se trouve jointe à la faculté de généraliser, fait les hommes supérieurs : ceux-là savent penser, et en même temps ils savent agir.
Les seuls amis solides sont ceux qu'on acquiert par des qualités solides ; les autres sont des convives, ou des compagnons, ou des complices.
Il y a parmi les hommes une sorte de solidarité qui fait qu'on est fier quelquefois et souvent honteux d'être de l'humanité. Lorsqu'on est obligé de vivre avec les hommes, il faut prendre son parti de respecter beaucoup d'extravagances.
La sincérité est la première des vertus, hélas ! on la trouve en fort peu de gens.
La masse d'une nation n'est jamais victime que de la fraude de ceux qui la gouvernent.
Quand les impôts sont excessifs, ils provoquent la fraude.
Quand l'hypocrite se repent, c'est de n'avoir pas été assez hypocrite.
Honneur, l'un des sobriquets de la vanité : au pluriel c'est encore pis.
Entre un penseur et un érudit il y a la même différence qu'entre un livre et une table des matières.
Une des plus grandes preuves de médiocrité, c'est de ne pas savoir reconnaître la supériorité là où elle se trouve réellement.
Le vulgaire reçoit ses opinions toutes faites ; quand la fabrique est mauvaise, on les reçoit mauvaises.
La fermeté de caractère, jointe à la faculté de généraliser, fait les hommes supérieurs.
L'homme qui comprend une plaisanterie a de l'esprit.