Le fat est entre l'impertinent et le sot.
Un honnête homme se paie par ses mains de l'application qu'il a à son devoir par le plaisir qu'il sent à le faire.
De bien des gens, il n'y a que le nom qui vaille quelque chose ; quand vous les voyez de fort près, c'est moins que rien ; de loin ils en imposent.
Qui a vécu un seul jour a vécu un siècle : même soleil, même terre, même monde, mêmes sensations ; rien ne ressemble mieux à aujourd'hui que demain.
Il y a deux mondes : l'un où l'on séjourne peu, et dont l'on doit sortir pour n'y plus rentrer ; l'autre où l'on doit bientôt entrer pour n'en jamais sortir.
L'homme est né menteur : la vérité est simple et ingénue, et il veut du spécieux et de l'ornement.
Il est difficile de décider si l'irrésolution rend l'homme plus malheureux que méprisable ; de même s'il y a toujours plus d'inconvénient à prendre un mauvais parti qu'à n'en prendre aucun.
Les hommes en un sens ne sont point légers, ou ne le sont que dans les petites choses : ils changent leurs habits, leur langage, les dehors, les bienséances ; ils changent de goût quelquefois ; ils gardent leurs mœurs toujours mauvaises, fermes et constants dans le mal, ou dans l'indifférence pour la vertu.
Rire des gens d'esprit, c'est le privilège des sots : ils sont dans le monde ce que les fous sont à la cour, je veux dire sans conséquence.
S'il est vrai que l'on soit pauvre pour toutes les choses que l'on désire, l'avare toute sa vie languit dans une extrême pauvreté.
Le fat lasse, ennuie, dégoûte, rebute ; l'impertinent rebute, aigrit, irrite, offense, il commence où l'autre finit.
Ceux qui s'offensent de rien ne sont pas plus faits pour la bonne société que ceux qu'un rien offense.
Le temps n'est qu'un point dans les espaces immenses de l'éternité.
Un homme d'esprit et d'un caractère simple et droit peut tomber dans quelque piège ; il ne pense pas que personne veuille lui en dresser, et le choisir pour être sa dupe : cette confiance le rend moins précautionné, mais il n'est trompé qu'une fois.
Les manières, que l'on néglige comme de petites choses, sont souvent ce qui fait que les hommes décident de vous en bien ou en mal.
La finesse est l'occasion prochaine de la fourberie ; de l'une à l'autre le pas est glissant : le mensonge seul en fait la différence ; si on l'ajoute à la finesse, c'est fourberie.
La finesse flotte entre le vice et la vertu.
Les gens d'esprit méprisent les grands qui n'ont que de la grandeur.
Il est peut-être moins difficile aux vrais génies de rencontrer le grand et le sublime que d'éviter toutes sortes de fautes.
Un homme fat et ridicule rêve la veille par où et comme il pourra se faire remarquer le jour qui suit. Un homme sage se laisse habiller par son tailleur. Il y a autant de faiblesse à fuir la mode qu'à l'affecter.
L'on s'insinue auprès de tous les hommes, ou en les flattant dans les passions qui occupent leur âme, ou en compatissant aux infirmités qui affligent leur corps. En cela seul consistent les soins que l'on peut leur rendre. De là vient que celui qui se porte bien et qui désire peu de choses, est moins facile à gouverner.
Chaque vertu ne demande qu'un homme, la seule amitié en veut deux.
La pauvreté manque de beaucoup de choses, l'avarice manque de tout.
L'avare mort dépense plus, en un seul jour, que ce qu'il a dépensé vivant en dix années.
La curiosité n'est pas un goût pour ce qui est bon ou beau, mais pour ce qui est rare.
La vanité est l'aliment des sots.
Il faut très peu de fonds pour la politesse dans les manières ; il en faut beaucoup pour celle de l'esprit.
Un coupable puni est un exemple pour la canaille : un innocent condamné est l'affaire des honnêtes gens.
Le stupide est un sot qui ne parle point, en cela plus supportable que le sot qui parle.
Un sot est celui qui n'a pas même ce qu'il faut d'esprit pour être fat.
Le voile de la modestie couvre le mérite, et le masque de l'hypocrisie cache la malignité.
Chez certains hommes, savant et pédant sont synonymes.
Rien ne ressemble plus à la vive persuasion que le mauvais entêtement.
Il y a dans quelques hommes une certaine médiocrité d'esprit qui contribue à les rendre sages.
Rarement on se repent d'avoir parlé peu, très souvent de trop parler.
Les méchants sont comme les mouches, qui parcourent le corps d'un homme, et ne s'arrêtent que sur ses plaies.
Les bienséances mettent la perfection, et la raison met les bienséances.
La paresse des hommes a encouragé le pédantisme.
Le flatteur n'a pas assez bonne opinion de soi ni des autres.
Ne songer qu'à soi et au présent est source d'erreur dans la politique.
La témérité des charlatans et leurs tristes succès qui en sont les suites, font valoir la médecine et les médecins ; si ceux-ci laissent mourir, les autres tuent.
Un bon médecin est celui qui a des remèdes spécifiques, ou s'il en manque, qui permet à ceux qui les ont, de soigner et de guérir ses malades.
Avec les gens qui par finesse écoutent tout et parlent peu, parlez encore moins.
À l'esprit chagrin, tout lui est suspect jusqu'aux caresses que lui fait sa maîtresse.
L'esprit chagrin fait que l'on n'est jamais content de personne.
Un homme de mérite n'est jamais incommode par sa vanité.
Il n'y a point au monde un si pénible métier que celui de se faire un grand nom.
Il y a plus d'outils que d'ouvriers, et de ces derniers plus de mauvais que d'excellents.
Les hommes sont trop occupés d'eux-mêmes pour avoir le loisir de discerner les autres.
Le caprice est dans les femmes tout près de la beauté pour être son contrepoison.
La vertu a cela d'heureux qu'elle se suffit à elle-même.
Un fat est celui que les sots croient un homme de mérite.
Toute confiance est dangereuse si elle n'est pas entière.
Les hommes n'aiment point à vous admirer, ils aiment mieux aimer et veulent plaire.
L'entêtement et le dégoût se suivent de près.
Je me rachèterai toujours fort volontiers d'être fourbe par être stupide et passer pour tel.
On ne trompe point en bien, la fourberie ajoute la malice au mensonge.
La naissance fait moins d'honneur qu'elle n'en ordonne : Vanter sa race, c'est louer le mérite d'autrui.
Talent, goût, esprit, bon sens, choses différentes, non incompatibles.
Entre le bon sens et le bon goût, il y a la différence de la cause à son effet.
Il se croit des talents et de l'esprit : il est riche.
Un critique n'est formé qu'après plusieurs années d'observations et d'études ; un critiqueur naît du soir au matin.
Estimer quelqu'un, c'est l'égaler à soi.
L'esprit de parti abaisse les plus grands hommes jusques aux petitesses du peuple.
On monte à un poste éminent et délicat plus aisément qu'on ne s'y conserve.
Nous devons travailler à nous rendre très dignes de quelque emploi, le reste ne nous regarde point, c'est l'affaire des autres.
Il y a moins de honte d'être refusé pour un emploi qu'on mérite que d'y être placé sans le mériter.
C'est la profonde ignorance qui inspire le ton dogmatique. Celui qui ne sait rien croit enseigner aux autres ce qu'il vient d'apprendre lui-même ; celui qui sait beaucoup pense à peine que ce qu'il dit doit être ignoré, et parle plus indifféremment.
La moquerie est souvent indigence d'esprit.
C'est le rôle d'un sot d'être importun : un homme habile sent s'il convient, ou s'il ennuie.
Soyez effronté, et vous réussirez.
Entre esprit et talent, il y a la proportion du tout à sa partie.
Le distrait éclate de ce qui lui passe par l'esprit et réponds à sa pensée.
L'athée ne nie pas Dieu et la religion, il n'y pense point.
La faveur met l'homme au-dessus de ses égaux, et sa chute au-dessous.
Un caractère bien fade est celui de n'en avoir aucun.
Un beau-père aime son gendre, aime sa bru ; une belle-mère aime son gendre, n'aime point sa bru.
De bien des gens il n'y a que le nom qui vaille quelque chose.
Le sage guérit de l'ambition par l'ambition même.
Il y a des gens qui parlent un moment avant d'avoir pensé.
Le portrait attribué à Nicolas de Largillierre est exposé au musée des Beaux-Arts de Quimper en Bretagne. Nicolas de Largillierre est considéré comme l'un des portraitistes les plus réputés des XVIIe et XVIIIe siècles. Né le 2 octobre 1656 à Paris, il est mort le 20 mars 1746 à 89 ans dans sa ville natale.