Il n'y a qu'un premier dépit en amour, comme la première faute dans l'amitié, dont on puisse faire un bon usage.
Une grande reconnaissance emporte avec soi beaucoup de goût et d'amitié pour la personne qui nous oblige.
Rien ne ressemble mieux à une vive amitié que ces liaisons que l'intérêt de notre amour nous fait cultiver.
La libéralité consiste moins à donner beaucoup qu'à donner à propos.
L'on confie son secret dans l'amitié ; mais il échappe dans l'amour.
Celui qui a eu l'expérience d'un grand amour néglige l'amitié ; et celui qui est épuisé sur l'amitié n'a encore rien fait pour l'amour.
Celui qui aime assez pour vouloir aimer un million de fois plus qu'il ne fait ne cède en amour qu'à celui qui aime plus qu'il ne voudrait.
L'on veut faire tout le bonheur, ou si cela ne se peut ainsi, tout le malheur de ce qu'on aime.
Donner c'est agir : ce n'est pas souffrir de ses bienfaits.
Si une femme laide se fait aimer, ce ne peut être qu'éperdument.
Le tempérament a beaucoup de part à la jalousie, et elle ne suppose pas toujours une grande passion : c'est cependant un paradoxe, qu'un violent amour sans délicatesse.
Il est triste d'aimer sans une grande fortune qui nous donnerait les moyens de combler ce que l'on aime, et de le rendre si heureux qu'il n'ait plus de souhaits à faire.
L'on n'est pas plus maître de toujours aimer qu'on ne l'a été de ne pas aimer.
Les femmes accusent les hommes d'être volages, et les hommes disent qu'elles sont légères.
L'on n'aime bien qu'une seule fois : c'est la première ; les amours qui suivent sont moins involontaires.
Il y a bien autant de paresse que de faiblesse à se laisser gouverner.
Les hommes rougissent moins de leurs crimes que de leurs faiblesses et de leur vanité.
Il n'y a guère au monde un plus bel excès que celui de la reconnaissance.
Vouloir oublier quelqu'un, c'est y penser.
II est plus ordinaire de voir un amour extrême qu'une parfaite amitié.
II y a un goût dans la pure amitié où ne peuvent atteindre ceux qui sont nés médiocres.
L'amitié est plus a charge que la haine.
Regretter ce que l'on aime est un bien, en comparaison de vivre avec ce que l'on hait.
Les amours meurent par le dégoût, et l'oubli les enterre.
L'amour naît brusquement sans autre réflexion, par tempérament ou par faiblesse : Un trait de beauté nous fixe, nous détermine.
L'on peut avoir la confiance de quelqu'un sans en avoir le cœur : Celui qui a le cœur n'a pas besoin de révélation ou de confiance, tout lui est ouvert.
Celui qui est épuisé sur l'amitié n'a encore rien fait pour l'amour.
Tant que l'amour dure, il subsiste de soi-même.
Il est doux de voir ses amis par goût et par estime ; il est pénible de les cultiver par intérêt, c'est solliciter.
Il faut briguer la faveur de ceux à qui l'on veut du bien, plutôt que de ceux de qui l'on espère du bien.
Celui qui désire une chose avec une grande impatience, y met trop du sien pour en être assez récompensé par le succès.
Qui sait attendre le bien qu'il souhaite, ne prend pas le chemin de se désespérer s'il ne lui arrive pas.
Il faut rire avant que d'être heureux, de peur de mourir sans avoir ri.
Si l'on a donné à ceux que l'on aimait, quelque chose qu'il arrive, il n'y a plus d'occasions où l'on doive songer à ses bienfaits.
Mieux vaut s'exposer à l'ingratitude que de manquer aux misérables.
Il y a du plaisir à rencontrer les yeux de celui à qui l'on vient de donner.
L'expérience confirme que la mollesse ou l'indulgence pour soi, et la dureté pour les autres n'est qu'un seul et même vice.
C'est assez pour soi d'un fidèle ami ; c'est même beaucoup de l'avoir rencontré : On ne peut en avoir trop pour le service des autres.
Un homme dur au travail et à la peine, inexorable à soi-même, n'est indulgent aux autres que par un excès de raison.
On invite, on offre sa maison, sa table, son bien et ses services : Rien ne coûte qu'à tenir parole.
Celui-là peut prendre, qui goûte un plaisir aussi délicat à recevoir, que son ami en sent à lui donner.
On guérit comme on se console : On n'a pas dans le cœur de quoi toujours pleurer, et toujours aimer.
Cesser d'aimer, preuve sensible que l'homme est borné, et que le cœur a ses limites.
Il semble qu'il est moins rare de passer de l'antipathie à l'amour qu'à l'amitié.
Il n'y a pas si loin de la haine à l'amitié que de l'antipathie.
Quelque délicat que l'on soit en amour, on pardonne plus de fautes que dans l'amitié.
Le temps qui fortifie les amitiés affaiblit l'amour.
L'amour qui croît peu à peu et par degrés ressemble trop à l'amitié pour être une passion violente.
L'amitié peut subsister entre des gens de différents sexes, exempte même de toute grossièreté.
L'amour et l'amitié s'excluent l'un l'autre.
Qu'il est difficile d'être content de quelqu'un !
L'amour qui naît subitement est le plus long à guérir.