Les condamnations sans appel sont toujours prononcées au milieu des éclats de rire de l'assistance.
Une des caractéristiques des pharisiens, c'est précisément d'accuser les autres de pharisaïsme.
Les proverbes sont excellents, mais la plupart du temps les mots qui les composent semblent en désordre comme si la tradition orale qui les rapporte avait vacillé. Voici quelques proverbes nouveaux, faits avec les anciens, et qui me semblent aussi vrais qu'eux : le génie n'est qu'une longue impatience ; la pauvreté ne fait pas le bonheur ; la bêtise est la mère de tous les vices ; tout péché n'est pas bon à dire ; qui paie ses dettes n'amasse pas mousse ; mieux vaut faire pitié qu'envie, etc.
J'appelle un chat un chat et Rolet un fripon », disait Boileau. Un alexandrin comme celui-là, aujourd'hui, lui vaudrait un procès en diffamation. De la part des chats.
Quand les tigres sont dehors, c'est encore dans la cage qu'on est le plus en sûreté.
Avoir une attitude très catholique, c'est périodiquement se donner l'absolution et repartir avec le cœur et l'esprit tout neufs.
L'homme est moins rare et moins précieux que l'éléphant, et il se reproduit plus vite, mais ce n'est pas une raison suffisante pour le massacrer.
La démocratie est à la monarchie ce que le divorce est au mariage.
La politique est une passion sérieuse comme l'amour, qui prend tout le temps et toutes les forces de celui qui s'y livre.
L'imbécile de notre temps est un imbécile romanesque.
Les myriades d'objets dont s'entourent les hommes sont des myriades de miroirs dans lesquels ils contemplent des morceaux d'eux-mêmes.
Il est plus facile d'être malheureux du malheur d'autrui qu'heureux de son propre bonheur.
Quelle pourrait bien être pour moi la femme idéale ? Un corps privé de pensée !
On s'attache à quelqu'un que l'on rend heureux : on aime le bonheur que l'on donne.
La miséricorde de Dieu est infinie, jusqu'à l'ultime fraction de seconde il peut pardonner.
Il y a toujours assez de temps pour s'ennuyer, c'est pour s'amuser ou travailler qu'on en manque.
La facilité est une illusion meurtrière car la vie n'est pas facile. A chaque instant on bute aux limites du possible, on se sent impuissant, écrasé, ligoté par le monde. Gagner facilement de l'argent, cela fait croire que tout est facile. Quand on a beaucoup d'argent, la vie ne présente plus d'obstacles.
Il est des temps où rien n'est plus aisé que d'être brave, c'est quand tout le monde est lâche.
L'amour nous entraîne dans des chemins qu'on ne soupçonnait guère et tel se croit dans une comédie de Marivaux quand il est déjà dans une tragédie de Racine.
Beaucoup de choses qui nous arrivent dans la vie sont des accidents dans lesquels on se trouve pris par bêtise ou par inattention.
En amour, l'homme est un chasseur et la femme une proie.
Il existe une fraternité internationale des gens cultivés, qui sont tous semblables et s'entendent à demi-mot, bien que leurs cultures soient absolument différentes.
Ce n'est qu'en s'entêtant comme une mule dans une absurdité sublime qu'on devient grand homme. Il est quelques situations difficiles dans la vie où le bon sens est une tentation à laquelle il ne faut surtout pas céder.
L'amour, c'est uniquement une question d'odeur.
La vraie vie n'est pas d'aller s'enterrer à la campagne avec des imbéciles. La vraie vie c'est de voyager. Mais voyager comme autrefois, quand on restait parti dix ans ou trente ans, faute de moyens de transport pour revenir.
Aujourd'hui les Français font tout un plat de leur république ; la mode est de cracher sur l'empire.
Les chagrins d'amour prolongent les amours, en ce qu'ils découragent comme eux les assiduités masculines. Le regret d'un amant absorbe autant que l'amant lui-même ; les hommes sentent qu'il est aussi difficile de gagner le cœur ou les faveurs d'une femme abandonnée que d'une femme heureuse : l'une et l'autre opposent les mêmes défenses, ou la même indifférence.
Les femmes qui ont été abandonnées et qui souffrent d'un chagrin d'amour ont besoin, pour les apaiser, d'une certaine forme virile de la tendresse : où trouver cette tendresse mieux que chez un père ?
Chacun s'arrange comme il peut avec le bon Dieu.
Le langage est l'âme d'un pays, il est comme le climat, qui régit les habitudes, les mœurs, les ambitions, les pensées des hommes, et façonne jusqu'au caractère national.
Les automobilistes devraient avoir sans cesse l'histoire de Phaéton présente à l'esprit. Qu'est-ce que la vitesse, en effet ? Un moyen, et rien de plus. Le moyen d'aller rapidement d'un endroit à un autre quand on est pressé. Un homme désœuvré qui, au volant de sa voiture, va très vite sur une route, n'est que le singe d'un homme occupé. Il n'est pas pressé : il feint de l'être. Par-là, il agit en enfant.
Plus tard, mon fils, tu seras un homme libre, conscient de ses droits et respectueux de ses devoirs. Regarde ces malheureux animaux : ils marchent à quatre pattes ; leur corps est couvert de poils ; ils sont dénués de raison et passent toute leur vie derrière les barreaux d'une cage, hélas.
Un vol demeure un vol, qu'il lèse une personne ou qu'il en lèse dix millions.
Quand on gagne la partie, tout ce qui donne du plaisir dans la lutte n'est pas la victoire mais l'effort, on mesure enfin le poids que pèse une réussite.
Ce n'est pas un sort si enviable d'être le roi borgne d'un royaume d'aveugles !
Lorsqu'un homme commet quelque bassesse, il se trouve toujours un indulgent pour dire : « C'est humain ! » Mais il est des circonstances où il ne faut pas être humain, surtout quand il s'agit de soi-même.
Mon dilemme, c'est que je ne supporte pas de devoir un sou à quelqu'un et que je ne dispose d'aucun crédit. La moindre dette, avec moi, est une affaire terrible, qui met plusieurs mois à s'éteindre.
En lisant et en relisant beaucoup de bons auteurs qui écrivent une bonne langue et qui pensent sainement, tu absorbes une grande quantité d'antidote au poison de la bêtise.
L'amitié est, de tous les sentiments, celui que j'aime le plus. Je vais même jusqu'à préférer un peu l'amitié à l'amour. L'amour prend trop de temps, trop d'âme ; il apporte des bonheurs et des ennuis trop considérables ; neuf fois sur dix il est assommant, et quand il n'est pas assommant, c'est pire. On laisse tout pour courir à lui, on est sans cesse à son service, et deux passions, c'est trop pour un seul cœur.
La plupart des gens traversent la vie avec pour tout bagage une centaine de proverbes. Ils se feraient couper en morceaux plutôt que de l'avouer, ils n'en sont même pas toujours conscients ; mais ces cent proverbes leur permettent de tenir soixante ou quatre-vingts ans sans catastrophe majeure, tout aussi bien que s'ils se réglaient sur les principes de Kant ou de Platon.
L'amour ressemble parfois à un feu qui prend mal, qui menace à tout instant de s'éteindre. Si tu y jettes des bûches, tu l'étouffes. Tu n'arrives à le faire durer qu'en ajoutant de temps à autre des brindilles.
Perdre le temps est un délice que je goûte souvent. Je vais de-ci de-là, l'esprit vide, deux pensées roulant dans la tête, comme des billes. Il ne me déplaît pas de perdre mon temps si c'est comme je le veux. Seul, du temps passé à m'ennuyer me semble réellement perdu.
La dépense exorbitante d'une chambre d'hôtel est à mes yeux un puéril gaspillage ; comment peut-on ainsi jeter par les fenêtres l'argent qui est si difficile à attraper, qui nous est si chichement compté lorsque nous n'avons que notre cervelle pour le gagner ?
L'amour est la grande affaire des femmes, même de celles qui ne l'ont guère connu ou pas du tout. Elles ont un œil d'aigle pour le repérer, si soigneusement se dissimule-t-il ; elles le devinent avant qu'il soit éclos.
Un homme et une femme qui passent leur vie entière ensemble, qui finissent par ne faire plus qu'une seule et même âme, qu'un seul et même être, est l'une des plus belles réussites humaines.
Les hommes organisent leur amour en fonction de leur vie, les femmes organisent leur vie en fonction de l'amour. L'amour ne pose aucun problème aux femmes, elles immolent tout pour lui avec enthousiasme. Alors que pour les hommes, il s'agit de l'ajuster, de le répartir, de l'empêcher de mordre trop sur les occupations, le gagne-pain, la position sociale, etc. L'amour se fraie un chemin comme il peut à travers l'âme encombrée des hommes, alors qu'il prend possession, souverainement, de l'âme des femmes, qui se vide de tout à son approche.
Il est bien connu que les cocus sont les derniers avertis de leur infortune, de même que les parents, quand leurs enfants se livrent en cachette à des amours défendues, sont les derniers à le savoir.
Peu à peu la séparation s'est faite, et maintenant elle est totale.
Qui donne ne sait jamais combien il faut donner ; qui reçoit croit toujours qu'on le gruge.
L'oisiveté, c'est la plus belle chose du monde, quand on n'en souffre pas.
Les gens qu'on aime, c'est sacré.
Il faut avoir beaucoup d'argent pour le dépenser.
Le pessimisme me plaît comme attitude d'esprit, car il me semble s'accorder à la marche ordinaire du monde, et parce qu'il est sage de poser en principe que tout ne peut aller que de mal en pis.
Pour écrire du merveilleux, il faut être soi-même émerveillé, ou l'avoir été et en garder le souvenir en dépit de tous les désenchantements de la vie.
Les proverbes sont un trésor, un patrimoine, un corps de recettes qu'on se repasse de siècle en siècle pour ne pas être trop malmené par le monde, un bréviaire pour le commun des mortels, un guide des embûches quotidiennes.
La naïveté suppose un certain rapport de préséance entre la sensibilité et l'intelligence.
Un monde sans péché est un monde diabolique. Un monde sans péché, sans douleur, c'est la victoire du diable. Dieu, c'est le péché, c'est la douleur.
On ne pèche que pour le plaisir de se repentir. Les athées ne savent pas ce qu'ils perdent.
Les seuls mariages excusables sont les mariages d'amour ou les mariages d'argent. Moi, pauvre et sans amour, je suis au moins resté célibataire. Etat plaisant que celui-là, d'ailleurs. Les instants de bonheur d'un homme solitaire sont étonnamment réussis. Dans la rue, tout à coup, il déborde d'allégresse. Pour rien. Parce que le temps est beau ou la santé bonne. Il ne peut faire part de sa joie à personne, c'est-à-dire la couper en deux, la diminuer de moitié. Il se promène avec ce bonheur enfermé en lui, doublement aigu de n'être pas partagé ; intact.
Il en est de la mort comme de tout : tant qu'on n'y a pas tâté, on s'en fait un monde.
Je voudrais que tu sois sûre d'une chose, mon chéri, c'est que je t'aime : Tu es la personne qui m'est la plus chère au monde, tu es ma raison de vivre, tu es mon prince charmant, et je t'adore.
L'amour demande des loisirs ; pas de loisirs, pas d'amour.
Le loisir est la chose la plus fatigante et la plus déprimante que je connaisse. C'est pour ça que je ne suis pas à l'aise dans notre société actuelle, dite société des loisirs. Moi, je ne suis pas fait pour ça.
Avant l'heure, c'est pas l'heure, après l'heure, c'est plus l'heure.
Pour durer dans un journal, il faut s'y montrer le moins possible, envoyer ses articles par la poste. Ainsi les confrères ne vous connaissent pas, ou guère, et votre caractère, avec ses aspérités, ne leur inspire aucune antipathie.
L'Occident ne veut plus d'enfants pour diverses raisons. La première est qu'il est riche et que, quand on est riche, on a perdu l'habitude d'aimer, c'est-à-dire de se gêner.
Rien n'est plus comique que de se croire conquérant et de n'être qu'une conquête.
La guerre et l'amour sont à peu près les dernières choses qu'on fasse sans permis, ce qui est évidemment un anachronisme.
Je suis devenu, avec l'âge, d'une incuriosité qui frise l'impolitesse.
Il faut avoir tort en même temps que les autres, il n'est jamais bon non plus d'avoir raison avant.
On ne change pas de destin à volonté.
C'est affreux des gens sans préjugés, on ne se heurte à rien. On est perdu !
Un oisif est habité par la paresse comme d'autres par l'ambition ou l'amour.
Écrire beaucoup, c'est comme de faire beaucoup de sport. On devient très souple.
Engueuler quelqu'un qui se confie à vous, qui a besoin d'aide, lui reprocher le passé, revenir bêtement sur ce qui est fait, c'est exactement le genre de réaction mesquine qui me choque si souvent chez les adultes.
J'ai toujours pensé que le plus grand bonheur pour un individu ordinaire est d'être pris pour un autre. J'ai ce bonheur quand j'écris.
Un amour est parfois encore plus vif depuis qu'il est devenu douloureux.
Le bon goût et l'amour de la vérité engendrent la passion de la justice.
Il n'y a pas d'âge pour les gamineries, et plus on est vieux, plus elles sont aimables.
Les politiciens sont assez souvent des hommes de lettres ratés. Ils prennent leur revanche en devenant puissants. Le pouvoir, surtout en France, est un substitut du talent littéraire. De là, toutes sortes d'horreurs. Le vice du politicien c'est qu'il rabâche sans arrêt le même discours. Le propre des politiciens est de n'avoir rien à dire — puisque s'ils disaient ce qu'ils savent, ils ne seraient pas ce qu'ils sont.
Vingt-huit ans est l'âge où l'on est placé devant le choix déchirant des pantoufles ou des pieds nus.
Le propre de notre temps est la malhonnêteté intellectuelle.
La politique française est la plus ennuyeuse du monde, car le manichéisme y règne en maître.
Le premier mouvement de la langue, c'est d'articuler les deux petits mots : « Moi, je... » « Moi, j'aime les glaces au chocolat... Moi, j'aime les femmes maigres... Moi, j'ai très bien dormi... Moi, je suis un objecteur de conscience... Moi, si j'étais le Gouvernement... Moi, les inquiétudes métaphysiques, ça me laisse froid... Moi, je pense, donc je suis... Moi, je ne pense à rien, ça me repose la tête... Moi, il faut que je me change les idées... Moi, moi, moi ! ... » Comment faisons-nous pour supporter tous ces Moi qui nous entourent, qui nous clament leur nom aux oreilles, qui s'imposent à nos yeux, qui veulent mobiliser notre esprit, qui tentent constamment de nous ravir à nous-mêmes pour que nous prenions en considération, non leurs tourments ou leurs tragédies – cela du moins serait distrayant et peut-être instructif –, mais leurs minuscules besoins, les niaiseries qui leur traversent la tête, leurs goûts éphémères, les événements insignifiants de leur vie quotidienne ? Tous ces Moi qui me cernent et qui m'attaquent ne m'apportent rien de substantiel. Aucune sagesse, aucune expérience, rien de précieux ni de fécond. Les hommes sont aussi avares de leurs pensées sérieuses et de leurs sentiments réels que de leur argent. Ils me prodiguent la menue monnaie de leur existence, le billon, les boutons de culotte. À la fin de la journée, toute cette ferraille m'encombre les poches et déforme mon vêtement. Je n'en suis pas plus riche. « Le moi est haïssable », disait Pascal !
L'homme est un atroce animal, à la fois insatiable, cruel et fou.
On veut être aimé pour rien, malgré ses défauts et surtout malgré ses qualités.
Il est infiniment doux de faire des projets avec l'homme qu'on aime, sût-on, au fond de soi, que ce sont des châteaux en Espagne. D'ailleurs sont-ce vraiment des châteaux en Espagne ? Vivre quelque chose par avance, c'est presque le vivre en réalité, cela fait autant plaisir ! Les rares hommes qui comprennent ce trait profond de la nature féminine sont extraordinairement aimés. Aimés comme seuls le sont les charlatans, qui promettent tout et ne tiennent rien. Les projets des femmes, c'est leur poésie.
Les femmes sentent admirablement ces nuances. Dès le premier mot ou presque, elles flairent l'homme dont le cœur est pris, et qui ne leur fait la cour que par dilettantisme sexuel ; les plus faciles y opposent une résistance de vierge.
Les femmes sont des caméléons, des miroirs pour l'homme qu'elles aiment.
Dans l'administration ou dans le commerce, quand on veut se débarrasser de quelqu'un sans douleur, on lui donne de moins en moins de travail, jusqu'au moment où le condamné en est réduit à se tourner les pouces. C'est une espèce d'asphyxie progressive. À ce moment-là, le président-directeur général a un entretien avec le malheureux. Il lui dit avec une infinie politesse, la voix brisée par le regret : « Vous voyez, mon cher, votre poste dans cette maison est superflu. Vous en convenez vous-même, et nous en sommes tous désolés. Ce n'est pas sans tristesse que nous nous séparons de vous, mais réellement, il n'y a pas d'autre solution. Ce n'est la faute de personne. Les affaires ont évolué de façon telle que votre place qui, à une certaine époque, était très importante, est devenue sans objet », etc. Il n'y a rien à répondre !
Il y a des gens qui passent toute leur vie sans savoir qui ils sont, d'autres qui ne se doutent de rien, d'autres qui ne se sont jamais donné la peine de jeter un coup d'œil sur le monde extérieur. L'univers est rempli d'inconscients et d'aveugles. Tantôt ils ont de la chance, tantôt ils n'en ont pas. C'est cela, le destin.
À la longue on se lasse de faire le bonheur des gens malgré eux.
Un homme qui n'a pas d'ennemis est un homme qui n'a guère de personnalité, guère de caractère, qui, sa vie durant, s'est plié à plaire à tous plutôt que d'être fidèle à soi-même.
Une femme qui vous a quitté laisse dans l'âme une traînée éblouissante.
Absurde. (Subst. masc.) Vieux, mais toujours à la mode. Découverte de 1945 : Dieu n'existe pas, rien n'a de sens, l'homme ne sait d'où il vient ni où il va, etc. Le philosophe de l'absurde est obligatoirement « lucide et désespéré », ce qui le conduit à avoir des idées de gauche.
Les relations louches entraînent dans la voie du crime ou de malhonnêteté !
Un chagrin d'amour, cela s'organise et cela se savoure.
J'applique à ma manière la sagesse des nations : les capitulations dont ma vie est semée me donnent chacune la délirante allégresse du condamné à qui l'on accorde une remise de peine.
Il n'y a rien de plus guignard qu'un homme qui veut à tout prix se marier.
Rien n'est inéluctable en ce monde, et la plupart du temps l'on ne meurt que parce qu'on le veut bien.
Une femme ne passe jamais l'éponge sur une vieille tromperie.
Tout usage finit par se changer en abus.
L'esprit étincelant et vrai, qui frôle sans cesse le cynisme, effraye les jolies femmes.
Un Auvergnat, c'est plus malin que deux Juifs.
Si l'amour est un maître, l'amitié est la plus discrète et la plus exquise des servantes.
Tout le monde se moque des proverbes, s'amuse à les retourner, à les mettre en contradiction les uns avec les autres, mais il est certain qu'ils représentent une expérience globale, qu'ils sont les conclusions tirées par l'humanité de spectacles auxquels elle a assisté des millions de fois et qui ne varient guère.
Les bons parents sont ceux qui savent qu'une éducation est un travail difficile, parfois rude, et qui ne capitulent jamais sur les points importants.
Le divorce est une polygamie adaptée à notre société. Donc ce sont les riches qui divorcent à quarante-cinq ans, et encore non pas n'importe lesquels : ceux qui se sont faits tout seuls, qui ont beaucoup travaillé, qui ont gagné leur argent durement. Ils s'aperçoivent tout à coup qu'ils peuvent, avec vingt ans de retard, reconstituer artificiellement la jeunesse dorée qu'ils n'ont pas eue, qu'ils peuvent avoir le beau mariage bourgeois, avec corbeille, cadeaux, jaquette, voyage à Venise, etc., qui leur a été refusé autrefois.
J'aime quelquefois rester tranquillement dans ma cuisine, en robe de chambre, à dîner d'une tranche de jambon et d'un fruit.
À vingt ans, la vérité ennuie, j'entends la vérité profonde, la vérité de l'être, qui perce à travers les attitudes, comme les mauvaises herbes au milieu d'un gazon bien tondu. A vingt ans, toute vérité apparaît comme une ortie ou un chardon qu'il faut arracher. A quarante-cinq ans, il n'y a plus que les chardons et les orties qui m'intéressent en moi, et pour un peu j'arracherais le joli gazon qui est autour.
Le désespoir n'est pas une grande vague qui submerge un homme ; une brusque invasion, une maladie foudroyante qui brise d'un seul coup tous les ressorts. J'imagine le désespoir, moi, plutôt comme un microbe qui opère ses ravages dans un coin de l'organisme. J'ajouterai qu'il se passe avec le désespoir ce qu'il se passe avec à peu près tous les sentiments et toutes les passions : celui qui en est atteint l'ignore très longtemps. Il ne soupçonne rien du travail du microbe. Puis, un beau jour, il s'aperçoit qu'il ne reste plus rien en lui, plus une trace d'espoir. Tout a été grignoté. Il est comme une maison entièrement absorbée par les termites. La maison tombe en poussière. L'homme tombe en poussière.
On fait l'amour, ce soir ? Faut pas en abuser, mignonne.
Toute vie s'achemine vers son terme, telle est la destinée des hommes.
Le destin, lorsqu'il s'empare d'un homme, ne le lâche pas facilement.
Tout homme est le prophète de son destin, mais il ne le sait pas.
La supériorité dans l'amitié est un crime impardonnable;
La chasteté d'un couple n'est pas dans la continence.
Je me fous de l'argent, il n'est intéressant que pour ce qu'il procure.