Un cœur droit est le premier organe de la vérité.
Le faste n'excite tout au plus qu'une admiration froide et stérile, il ne charme jamais.
Les abus sont toujours plus inépuisables que les richesses.
À moins qu'un homme ne soit un monstre, la douceur d'une femme le ramène, et triomphe de lui tôt ou tard.
Le bonheur n'est pas une chimère, lorsqu'on le cherche dans son propre intérieur, et non hors de soi. Il faut, pour le trouver, n'avoir aucun reproche à se faire, et voir les défauts et les vice des hommes, sans leur en vouloir plus de mal.
La vanité de l'homme est la source de ses plus grandes peines.
Je ne crois devoir à personne plus de ménagement qu'à moi-même.
Le faux ami n'aime que son propre intérêt, et si la cupidité le lui conseille, il devient ingrat et parjure.
L'amour-propre est un instrument utile, mais dangereux ; souvent il blesse la main qui s'en sert, et fait rarement du bien sans mal.
Ce n'est pas en exerçant l'empire sur les autres, c'est en dominant sur soi-même qu'on peut uniquement se flatter de parvenir au bonheur.
Pour conserver un fidèle ami, il faut l'être soi-même. Une personne qui rapporte tout à elle, qui n'aime que relativement à sa convenance particulière, doit renoncer aux douceurs et aux avantages de l'amitié.
Combien de gens profanent le nom et l'usage de l'amitié ! Dans les uns, ce n'est que l'art du mensonge et de l'intérêt, dans les autres, un stratagème pour parvenir plus sûrement à leurs fins. Il vaut infiniment mieux être seul et isolé, que d'ouvrir son âme à de pareils amis.
Un impertinent est un sot, si rempli de lui-même, qu'il compte les autres pour rien.
Il n'y a rien de vrai et d'expressif que ce qui part du cœur : on le voit et on l'entend, sans le secours même de la voix et des oreilles.
Les peines du temps présent seraient bien peu de chose, si elles ne nous rappelaient pas le souvenir des plaisirs du temps passé. Nous ne nous plaignons de ce qui est, que parce que nous regrettons ce qui n'est plus.
Rien ne soulage mieux les peines et les chagrins que la liberté de se plaindre, et de puiser de la consolation dans le sein d'un ami. Mais peu de gens, bien trop infortunées, ont la chance de pouvoir compter sur un véritable ami, qui soit capable de vous écouter, sans vous juger.
On ne se confie qu'à un ami : mais peut-on répondre qu'il ne cessera jamais de l'être ? Si je confie un secret à une personne, parce que je la crois mon amie, elle se croira également autorisée à le réveler à un tiers qu'elle considère comme son ami ; celui-ci le révèlera à un quatrième, et voilà le secret bientôt connu de tous.
Si l'on me confie un secret, quelque peu important qu'il puisse être, je dois le garder scrupuleusement. Mais l'homme sage ne doit faire des confidences que dans le cas d'une nécessité évidente, et avec beaucoup de circonspection.
Je vois deux personnes qui paraissent extrêmement liées d'amitié entre elles. Si je disais à chacune d'elles tout le mal qu'elles m'ont dit l'une de l'autre, elles se détesteraient encore plus qu'elles ne paraissent s'aimer.
Il est plus aisé de perdre une bonne réputation que de la conserver.
Rien n'est si bas et si lâche que de chercher à se justifier par le mensonge. Un menteur est l'objet du mépris public, et il contracte, par l'habitude de vouloir tromper les autres, celle de se tromper lui-même.
La force de la passion fait beaucoup plus souvent des dupes en amour que la faiblesse de l'esprit.
La véritable religion, c'est la vérité, la charité, la bienfaisance, l'humilité, la douceur dans le caractère et dans les procédés. Tout exercice de religion qui n'est pas fondé sur cette base, n'est qu'illusion et hypocrisie.
Je ne me fierai plus jamais ni à la mine, ni aux paroles des hommes : j'y ai été trop indignement trompé. J'apprendrai, par une longue expérience, et par l'examen le plus réfléchi, à qui je puis accorder toute ma confiance, et mon amitié ; et quand j'aurai découvert ce précieux trésor, je commencerai seulement à être véritablement heureux de pouvoir partager avec lui de bons et doux moments.
Jeune instituteur, je vous prêche un art difficile, c'est de gouverner sans préceptes, et de tout faire en ne faisant rien. Cet art, j'en conviens, n'est pas de votre âge ; il n'est pas propre à faire briller d'abord vos talents, ni à vous faire valoir auprès des pères ; mais c'est le seul propre à réussir. Vous ne parviendrez jamais à faire des sages, si vous ne faites d'abord des polissons.
Toute force qui surmonte la premiere succéde à son droit.
La vérité est l'œil de la raison.
La vérité est le plus précieux de tous les biens.
La promesse qu'il faut tenir sans cesse est celle d'être honnête homme.
Quand le bien surpasse le mal, la chose doit être admise malgré ses inconvénients ; quand le mal surpasse le bien, il la faut rejeter même avec ses avantages.
Il ne dépend pas de l'homme le plus ferme d'empêcher qu'on ne l'insulte, mais il dépend de lui d'empêcher qu'on ne se vante longtemps de l'avoir insulté.
S'il faut obéir par force on n'a pas besoin d'obéir par devoir.
La Divinité tire tout son bonheur d'elle-même, les cœurs qu'échauffe un feu céleste trouvent dans leurs propres sentiments une sorte de jouissance pure et délicieuse.
Ne soyez point prodigue en refus, mais ne les révoquez jamais.
Il importe d'accorder toujours au premier signe ce qu'on ne veut pas refuser.
Il y a peu d'hommes d'un cœur assez sain pour savoir aimer la liberté.
Tel croit être un bon père de famille, et n'est qu'un vigilant économe.
Il est plus aisé de garder de bonnes moeurs que de mettre un terme aux mauvaises.
La tempérance et le travail sont les deux vrais médecins de l'homme : Le travail aiguise son appétit, et la tempérance l'empêche d'en abuser.
il ne faut point cesser d'être aimable quand on veut être toujours aimé.
La vie est courte, c'est une raison d'en user jusqu'au bout.
L'art d'assaisonner les plaisirs n'est que celui d'en être avare.
L'Anglais a les préjugés de l'orgueil, et le Français ceux de la vanité.
Les malheureux sont malheureux partout ; en France on les décrète, en Suisse on les lapide, en Angleterre on les déshonore : c'est leur vendre cher l'hospitalité.
Enthousiaste oisif de la vertu, vous bornerez-vous sans cesse à l'admirer, sans la pratiquer jamais.
Il n'est pas si facile qu'on pense de renoncer à la vertu ; elle tourmente longtemps ceux qui l'abandonnent, et ses charmes, qui font les délices des âmes pures, font le premier supplice du méchant qui les aime encore, et n'en saurait jouir.
Le vrai courage est toujours ce qu'il doit être, il ne faut ni l'exciter ni le retenir : l'homme de bien le porte partout avec lui : au combat, contre l'ennemi ; dans un cercle, en faveur des absents et de la vérité ; dans son lit, contre les attaques de la douleur et de la mort.
Douce pudeur, suprême volupté de l'amour, que de charmes perd une femme au moment qu'elle renonce à toi ! Combien, si elle connaissait ton empire, elle mettrait de soin à te conserver, sinon par honnêteté, du moins par coquetterie !
Le tyran est celui qui s'ingère contre les lois à gouverner selon les lois.
Il n'y a rien de plus incommode que le faste.
Que faut-il faire pour vieillir bien tard ? Vivre sagement tandis qu'on est jeune.
Le plus lent à promettre est toujours le plus fidèle à tenir.
Qui a conservé jusqu'à vingt ans son innocence est à cet âge le plus aimable des hommes.
Souvenez-vous que si votre époux vit heureux chez lui, vous serez une femme heureuse.
L'odorat est le sens de l'imagination.
Tout le charme de la société qui règne entre de vrais amis consiste dans cette ouverture de cœur qui met en commun tous les sentiments, toutes les pensées, et qui fait que chacun, se sentant tel qu'il doit être, se montre à tous tel qu'il est.
L'adversité sans doute est un grand maître, mais ce maître fait payer cher ses leçons.
Un des écueils contre lequel la justice fait souvent naufrage, c'est la prévention. Les grands, surtout, ne donnent que trop souvent dans cet écueil.
Je ne connais point d'autre bonheur que de vivre indépendant avec ceux qu'on aime.
Il y a deux sortes de jalousies : l'une est délicate, et on ne l'a que parce qu'on ne s'estime pas assez soi-même ; l'autre est grossière, et on ne l'a que parce qu'on n'estime pas assez l'objet qu'on aime : cette jalousie est une injure, et l'autre une preuve d'attachement.
Quand on est déterminé à rompre avec une personne qu'on a aimée, il ne faut point réfléchir ni sur sa résolution, ni sur les motifs qui engagent à la prendre : il faut s'occuper de toute autre chose que de ce qui a rapport à l'objet aimé. Cette division affaiblira la passion et donnera du courage et des forces pour la vaincre entièrement et sans retour. On n'est radicalement guéri que quand on ne désire et qu'on ne craint plus rien à cet égard.
L'amitié est le trésor le plus précieux et le plus rare de la vie. Un véritable ami partage mes plaisirs et mes peines ; il tolère mes défauts, et n'a point de lâche complaisance pour eux. Il ne me fait point de protestations continuelles de zèle, mais il me marque, dans toutes ses actions, un tendre et sincère attachement. C'est mon intérêt qu'il désire, et qu'il cherche préférablement au sien.
Ô quel bien fait nécessairement à ses semblables, celui d'entre eux qui ne leur fait jamais de mal ! De quelle intrépidité d'âme, de quelle vigueur de caractère il a besoin pour cela ! Ce n'est pas en raisonnant sur cette maxime, c'est en tâchant de la pratiquer, qu'on sent combien il est grand et pénible d'y réussir.
Plus on a de sentiments, plus on s'aperçoit qu'on n'en trouve que très rarement ailleurs. La comparaison qu'on fait de soi aux autres est un amour-propre raisonnable et nécessaire, qui dédommage du peu de retour qu'on éprouve dans l'amitié; et c'est une espèce de consolation, lorsqu'on est affligé, de ne trouver que de l'indifférence de la part de ceux sur le cœur de qui on avait des droits bien fondés.
Les discours les plus éloquents sont ceux où l'on enchâsse le plus d'images.
Un homme a besoin toute sa vie de conseil et de guide.
La loi qui sert de sauvegarde à la tyrannie est plus funeste que la tyrannie elle-même.
Le remords s'endort durant un destin prospère, et s'aigrit dans l'adversité.
Un amour affamé ne se nourrit point de sermons.
Ne faites pas seulement l'aumône, faites la charité ; les œuvres de miséricorde soulagent plus de maux que l'argent.
Qui de vous n'a pas regretté cet âge où le rire est toujours sur les lèvres.
Tous les sentiments que nous dominons sont légitimes, tous ceux qui nous dominent sont criminels.
C'est à la coupelle de l'adversité que la plupart des amitiés s'en vont en fumée.
Il n'y a point de bonheur sans courage, ni de vertu sans combat.
Le plus malheureux effet de la politesse d'usage est d'enseigner l'art de se passer des vertus qu'elle imite.
Les observations fines sont la science des femmes.
L'enfance est le sommeil de la raison.
Si l'on pouvait prolonger le bonheur de l'amour dans le mariage, on aurait le paradis sur la terre.
Les égards sont l'effet de la justice, et les attentions de la reconnaissance et de l'amitié.
Si c'est la raison qui fait l'homme, c'est le sentiment qui le conduit.
La chasse endurcit le cœur aussi bien que le corps.
Les fripons sont d'honnêtes gens comme tout le monde !
Les illusions de l'amour sont aimables, ses flatteries sont en un sens des vérités : le jugement se tait, mais le cœur parle. L'amant qui loue dans son amante des perfections qu'elle n'a pas, les voit en effet telles qu'il les représente ; il ne ment point en disant des mensonges ; il flatte sans s'avilir, et l'on peut au moins l'estimer sans le croire.
Jamais la nature ne nous trompe, c'est toujours nous qui nous trompons.
On m'a fait les protestations d'attachement les plus fortes, on les a accompagnées des expressions les plus affectueuses, des promesses les plus flatteuses, des démonstrations les plus séduisantes ; mais tout cela n'était qu'un langage qui paraissait dire tout, et qui ne signifiait rien : le cœur avait, l'air de s'épancher en sentiments tendres et sincères, et dans le fond il ne sentait rien. J'ai enfin percé au travers de toutes ces apparences ; j'ai réduit les paroles à leur véritable sens : j'ai apprécié à leur juste valeur les témoignages les plus spécieux, et je n'ai vu que de l'indifférence, de la cupidité et de la perfidie.
On n'a de religion qu'autant qu'on ne fait pas contre les autres ce que nous ne voudrions pas qu'ils fissent contre nous, et qu'on fait pour eux ce qu'on voudrait qu'ils fissent pour nous.