Il n'est qu'une chose qui puisse nous guérir du parjure de ceux que nous avons aimés, l'oubli.
On ne peut concevoir ni comment Dieu existe, ni comment il n'existe pas.
Le soldat devrait être guéri de l'orgueil militaire par cela déjà qu'il n'y a qu'un même commandement pour le cheval et lui.
Le fat fait du monde un miroir qui réfléchit sa vanité.
Il est des époques de la vie où tout changement nous fait peur, parce qu'alors changer c'est perdre.
La réflexion fait de l'homme une longue-vue, dont son âme est le foyer et dont l'univers est le tableau.
Les femmes aiment les romans fictifs , à défaut de roman en action, comme le soldat aime le récit des batailles auxquelles il n'a pu assister.
L'ambition fait ressembler le cœur au tonneau des Danaïdes qui ne se remplit jamais.
L'amour est un culte ou du magnétisme animal.
Rien n'est moins exemplaire souvent que l'exemple.
Chez les coquettes, qui dit attraits, appas, apports, dit amorces.
La pitié, chez la foule, se réduit le plus souvent à une larme ou à une obole.
La mer, l'amour et la mort ne rendent jamais leur proie.
Il vaut encore mieux tomber de la sympathie dans l'antipathie que dans l'apathie.
Une femme qui rougit entre deux hommes se sent ou coupable ou capable de le devenir.
La foi en Dieu augmente dans la proportion que la foi dans les hommes diminue.
En amour on fait d'abord un crime du péché, puis un grand crime de l'abstention du péché.
Les philosophies s'accordent avec les eaux de la mer : plus elles sont profondes, et plus elles sont obscures.
Il est des esprits étoffés et bigarrés à la façon d'un habit d'arlequin, où chacun peut trouver quelque chose de sa provenance.
Un beau parleur arrive à l'idée par le chemin le plus court, un beau causeur par le chemin le plus agréable.
Le penseur est aux autres hommes ce que la locomotive est aux wagons : il conduit au lieu de suivre.
Les larmes sont au cœur ce que la trempe est au fer, elles le durcissent, mais font aussi qu'il se brise plus vite, lorsqu'on veut le plier.
Les précieuses devraient être mises sous verre comme des morceaux de la vraie croix.
Un argument sans raison est un couteau sans lame, il ne tranche rien.
Dans l'exercice de la justice, Dieu a toujours sur l'homme un immense avantage, celui de pouvoir attendre.
Chez les gens légers l'amitié risque toujours de passer au bleu ou en proverbe.
La vraie fontaine de Jouvence se trouve dans le souvenir.
Tout atome de matière est un germe de vie qui n'attend que son éclosion.
Le frondeur, comme le patineur, ne se soutient qu'en glissant.
Les confidences servent souvent de pièges aux aveux.
Une vertu basée sur la négation d'un vice n'est encore qu'une vertu négative.
Plus les idées s'élargissent et plus les pensées se condensent.
La vertu, chez certaines personnes, est comme un oiseau de passage qui ne fait que de rares apparitions.
Le droit est souvent méconnu parce que tout le monde l'habille à sa manière.
Bien des gens se croient quittes de ce qu'ils vous doivent, en payant de mine.
Un homme se reconnaît toujours à son langage ou à son bagage.
La colère se désarme en frappant dans le vide.
Un amoureux qui se recueille est un malade qui se tâte le pouls.
La sagesse agit comme la glace qui refroidit mais qui conserve.
Les hommes couvent des idées, comme les oiseaux couvent des œufs qui ne sont pas toujours de leur provenance.
L'amour le plus platonique frise toujours un peu le sensualisme ou l'idolâtrie.
Une chose déjà devrait nous guérir de la jalousie : son inutilité.
L'étourderie est un agréable moyen de se faire passer toutes ses fredaines.
Le beau sexe déteste les femmes galantes comme les gens qui consomment détestent les accapareurs qui leur coupent les vivres.
Les gens du monde vous adressent des compliments comme les enfants vous lancent des balles pour qu'on les leur renvoie.
Les nouvellistes sont comme les poules qui veulent couver à tout prix pour ne faire éclore souvent que des canards.
Les bizarreries d'une femme sont le plus souvent les hiéroglyphes de son cœur qui n'a pas encore trouvé son Champollion.
Rien ne rapproche autant de la pauvreté que l'avarice.
Les plaisirs trop attendus sont comme les cerises trop mûres, dont on ne trouve souvent plus que la queue.
Dans un amour vrai que l'on rompt, il y a toujours un cœur que l'on brise.
Les bûches qu'on flotte suivent toujours le courant, ainsi vont les hommes.
Les qualités les plus belles, comme les montres les plus parfaites, ne peuvent se passer de régulateur.
Certains esprits rappellent certains livres auxquels on ne fait attention que parce qu'ils sont dorés sur tranche.
On peut encore moins accommoder une femme à son cœur, qu'on n'accommode un chapeau à sa tête, lorsque l'étoffe manque.
Il est des sentiments qui, comme les armures de l'ancienne chevalerie, paraissent incompréhensibles à certaines gens, parce qu'ils dépassent et leur force et leur taille.
À la trop grande abondance de mots se reconnaît la disette de la pensée.
Le vice et la vertu sont renfermés en germe dans chaque enfant, mais, pas plus qu'en parlant d'un œuf, nous ne pouvons dire s'il en sortira le mâle ou la femelle.
Il est moins cruel de remuer les ossements des morts que de rappeler aux autres leur bonheur évanoui.
Le oui d'une femme aimée le plus agréable au cœur consiste dans sa manière de dire non.
Il en est de certaines personnes, comme de certaines étoffes, elles ne peuvent se passer de doublures.
Louer une personne outre mesure, c'est placer une statue sur un trop grand piédestal, c'est la rapetisser.
Les maux les plus grands sont quelquefois ceux dont on craint le plus de guérir.
Par la gravité on acquiert péniblement le privilège de se faire juger plus sévèrement que les autres.
La vertu la plus austère, comme la tricoteuse la plus habile, peut quelquefois lâcher une maille.
La coquette agit comme le soufflet d'une forge qui rend le fer brûlant et reste froid lui-même.
Dans l'amitié, comme dans le commerce, les bénéfices sont proportionnés à la mise de fonds.
Prétendre qu'on ne souffre guère d'un malheur qu'on n'a pas mérité, c'est vouloir qu'on ne s'afflige point d'un œil qu'on nous crève parce qu'il était bon.
Le jugement chez certaines personnes est comme une forêt épaisse où l'on s'aventure à travers un dédale de sentiers tortueux sans but et sans issue.
À deux, on trouve parfois le silence préférable à la conversation, parce qu'il laisse mieux sentir le bonheur d'être ensemble.
La grâce est à la beauté ce que la souplesse est à la rose. Sans grâce, la beauté n'est qu'une fleur artificielle, qu'un colibri sans vie.
Oreille qu'on blesse n'est jamais de bonne écoute.
La vertu est comme une source : plus on y puise et plus elle devient pure.