Le despotisme est naturellement révolutionnaire, et la révolution est naturellement despotique.
Quand la terreur gouverne, le plus lâche devient le plus cruel, le plus peureux devient le plus violent.
Une parole harmonieuse ne fait pas seule tout l'orateur ; il faut, de plus, une vie harmonieuse.
Un poète, c'est un orateur qui écrit ; un orateur, c'est un poète qui parle.
Il y a loin de la lèvre à la plume, et de la parole à l'écriture.
Celui qui se fait un nom est un homme ; celui qui hérite d'un nom n'est souvent qu'un individu.
C'est peu que le cœur dise d'écrire si le cœur ne dicte aussi.
Hardiesse d'esprit n'est pas toujours hardiesse de caractère.
Salons nos écrits, sans forcer la dose : pas assez de sel les rend fades, trop de sel les rendrait arides.
Les phrases folles engendrent les idées fausses ; les idées fausses enfantent les actions perverses.
La gloire n'est bien souvent qu'un bruit qui commence on ne sait comment et persévère on ne sait pourquoi.
Aimer savoir est humain, savoir aimer est divin.
Un visage toujours serein possède un mystérieux et puissant attrait : Les coeurs tristes s'y viennent réchauffer comme au soleil.
Les « pensées » sont des fruits, les mots des feuilles... Épamprons ! épamprons ! afin que la pensée, mise en lumière, gagne force, beauté et saveur.
La tempête fortifie le chêne, et l'épreuve corrobore l'amitié.
L'homme qui n'est pas à sa place est d'embarras pour soi et pour autrui.
Se connaître, c'est le vrai ; se combattre, c'est le bien ; se vaincre, c'est le beau.
Préférons, n'excluons point.
Plusieurs conditions sont nécessaires au bonheur, qui se rencontrent rarement ensemble.
Le mérite se sent ; au besoin il réclame... Heureux, s'il n'est que débouté !
Un grain de sable arrête la mer qui n'arrêterait pas un torrent.
Aucun labeur n'est sans espérance.
Tel désordre, effet d'une puissante nature, est le comble de l'art.
Pour juger un événement, comme pour mesurer un édifice, il faut se mettre à distance.
La langue se mettant à l'aise met tout à la gêne.
Les calomniés sont comme les fruits, ils sont mordus, donc ils sont bons.
Le mal triomphe souvent, il ne vainc jamais.
Le héros émerveille, mais l'homme intéresse.
Un mérite incontesté n'a pas grande peine à paraître modeste.
Les demi-remèdes empirent les grandes maladies.
Le téméraire prévaut là et maintenant ; le prudent à la longue et partout.
Les amis sont rares par la bonne raison que les hommes ne sont pas communs.
Ce qui achève de pervertir le méchant finit de convertir le bon.
Il est une lenteur en affaires qui les mûrit, et une lenteur qui les pourrit.
Le réel donne l'exact ; l'idéal ajoute le vrai.
L'amitié, c'est l'idéal ; les amis, c'est la réalité ; toujours la réalité reste loin de l'idéal.
Se connaître, c'est le vrai ; se combattre, c'est le bien ; se vaincre c'est le beau.
Un long bonheur semble avoir besoin d'excuse et un long malheur, de pardon.
Il n'y a pas d'humiliation pour l'humilié.
Nous sentons mieux que quelqu'un a tort quand c'est envers nous qu'il a tort.
Tout un ciel est dans une goutte de rosée, toute une âme est dans une larme.
Peu savent souffrir, faute de cœur, ou jouir, faute d'esprit.
Réussir fait valoir nos qualités, et ne pas réussir fait valoir nos défauts.
Il n'y a plus d'enfants ! il le faut bien, puisqu'il n'y a plus de parents.
L'intérêt, l'ambition, la fortune, le temps, l'humeur, l'amour tuent l'amitié.
Qu'est-ce que l'amour ? deux âmes et une chair ; l'amitié ? deux corps et une âme.
Le malheur présent est égoïste ; le malheur passé est compatissant.
Nos jugements s'inspirent de nos actes plus que nos actes de nos jugements.
Notre expérience se compose plutôt d'illusions perdues que de sagesse acquise.
Les intérêts désirent l'ordre, les mœurs le donnent.
Le travail n'exclut pas le naturel, ni la facilité ne l'implique.
Toute femme qui écrit sans pudeur vit de même.
La poésie est toujours toute puissante sur les âmes non affadies.
Dans le ciel et sur la terre, rien n'est aussi généreux, que ce cœur dépositaire des larmes des malheureux.
Si l'envie ou l'ignorance, raille ta simplicité ; passe avec indifférence, ne te crois pas insulté.
La meilleure définition de l'éloquence, c'est un homme éloquent.
Intéresser les passions, passionner les intérêts, voilà le but de l'éloquence.
On n'est pas poète sans éloquence ; on n'est pas orateur sans poésie.
Les délicats subissent mieux une sotte critique qu'une sotte louange.
En fait de louanges, nous consultons plus notre appétit que notre santé.
Déguiser ses amours, c'est les désavouer.
Aimer, c'est choisir.
C'est bien doux, une lettre, mais un fils absent, c'est cruel !
On a, jeune, des larmes sans chagrins ; vieux, des chagrins sans larmes.
Nous doutons trop de notre cœur, et pas assez de notre tête.
La vie se passe à désirer ce qu'on n'a pas, et à regretter ce qu'on n'a plus.
La solitude vivifie ; l'isolement tue.
Malheureux, on doute de tout ; heureux, l'on ne doute de rien.
Nous nous corrigeons moins de nos défauts que de nos qualités.
Un homme qui n'est pas à sa place est comme un os luxé ; il souffre, et il fait souffrir.