L'enfant n'a pas besoin seulement de pain, il faut soutenir et former sa jeune âme ; la soutenir par la tendresse et l'amour, la former par la discipline. Qui sera sans cesse près de lui pour lui inspirer tous les bons sentiments ? Sa mère. Qui lui apprendra les périls et les malheurs de la vie, la force de la volonté et la grandeur de la vertu ? Son père. L'enfant doit avoir ses deux bons génies auprès de lui, jusqu'à ce qu'il puisse voler de ses propres ailes.
L'amour conjugal est la base sur laquelle reposent tous les sentiments qui font le charme et le lien de la famille. N'en médisons pas, ne le dédaignons pas. Il n'y a, sans l'amour conjugal, ni bonheur ni dignité du foyer domestique.
Les passions ont beau se croire indomptables, elles ont un maître : c'est la raison. La raison est lumineuse : elle connaît son but, elle éclaire sa propre marche, elle sait la place et le rang de toutes choses. Elle porte en elle le sceau divin du commandement. Quand elle s'applique aux actes de la liberté humaine, son nom est la justice ; ce qu'elle ordonne est le devoir. Chaque fois qu'elle parle, la passion, même la plus ardente, doit se taire, doit céder.
L'école du patriotisme, c'est l'esprit de famille.
L'amour exalte tout ce qu'il y a dans nos âmes de noble et de délicat, et il peut subsister longtemps après l'objet ou les qualités qui l'ont fait naître, comme un parfum qui n'abandonne plus le vase où la liqueur a séjourné.
La loi de la justice est la loi de Dieu même, méconnue de beaucoup, ignorée de personne ; toujours présente en nous pour nous guider avant l'action, pour nous récompenser après le sacrifice, pour nous punir après la faute.
Toute science commence par un acte de foi. Être philosophe, c'est croire à la puissance de la raison, et s'efforcer, par le moyen de la raison, de sonder le reste.
Il n'y a pas de plus grand malheur que de se dévouer pour une illusion.
Dieu ne nous a pas chargés du gouvernail sans faire luire pour nous une étoile.
Il y a en ce monde beaucoup d'hommes froids, calmes, impassibles, chez lesquels aucune passion n'a de force, difficiles à remuer, incapables de pousser un peu loin la joie ou la peine, tièdes, indifférents, engourdis, égoïstes moins par excès d'amour-propre que par défaut de sympathie, et vivant au jour le jour, de peu d'actions et de peu de sentiments, si cela peut s'appeler vivre.
Donner pour recevoir, ce n'est pas donner, c'est faire un commerce.
Un pays libre en matière de philosophie, c'est celui où la pensée et l'expression de la pensée ne sont entravées ni par les lois, ni par les mœurs.
La société ne peut laisser mourir de faim ni les orphelins abandonnés, ni les malades et les vieillards sans amis et sans famille. Il en est de l'assistance comme de l'action même du pouvoir public : elle est légitime partout où elle est nécessaire et seulement où elle est nécessaire.
Il arrive qu'on fasse une action honnête, non parce qu'elle est honnête, mais parce qu'on craint d'être puni en ne la faisant pas, ou parce qu'on espère être récompensé pour l'avoir faite. Quand l'amour-propre se met ainsi au premier plan et devient le but unique de nos actes, il ne les rend pas criminels à la vérité, mais il les empêche d'être méritoires ; ni Dieu ni la société ne doivent rien à celui qui s'est en quelque sorte payé d'avance. La vertu qui rapporte n'est plus de la vertu.
Le plus grand malheur dans l'alcoolisme, c'est que les ivrognes engendrent des enfants idiots, de sorte que la punition se poursuit de génération en génération, du père coupable et dégradé aux enfants innocents.
L'aumône de hasard, distribuée à tout venant, entretient le vice et la paresse, provoque l'hypocrisie et le vol, n'est dans celui qui donne qu'ostentation et sensiblerie. L'aumône organisée se croit bien autrement utile ; elle est ravie de sa force et de son discernement. Elle prétend ne donner qu'aux vrais misérables, faire de ses dons un remède, et profiter de la circonstance pour placer de bons conseils.
Il n'y a rien que l'homme foule aux pieds si aisément qu'un cadavre.
Quand la surexcitation violente de la passion a pour cause et pour objet une action qui nous paraît blesser nos intérêts, nos affections ou la justice, elle s'appelle la colère.
Il faut plus de courage pour persévérer dans une résolution héroïque que pour l'accomplir aussitôt qu'elle est conçue.
Il est rare qu'une amitié dure toujours. Les intérêts et les passions viennent à l'encontre, et brisent des liens qu'on croyait durables. L'amitié est le mariage des âmes, et ce mariage est sujet au divorce. Trop souvent les âmes se séparent avec le même empressement qu'elles avaient mis à s'embrasser, et l'amitié se tourne en haine.
On ne peut dire si un ami nous est plus nécessaire dans la bonne ou dans la mauvaise fortune ; dans la mauvaise, pour nous consoler, dans la bonne pour nous avertir. C'est un témoin à la fois bienveillant et austère ; c'est notre conscience personnifiée et rendue visible, dont les conseils doivent être donnés avec fermeté et reçus avec douceur.
La tendresse d'une mère pour son enfant commence à l'instant même où son enfant voit le jour. Mais à mesure que l'enfant grandit, la mère s'attache à lui par tous les liens qui peuvent unir une âme à une autre. Elle l'aime pour les grâces qu'il a réellement, et pour celles qu'elle lui suppose ; elle l'aime pour le bonheur qu'il lui donne, et pour les soins et pour les peines qu'il lui a coûtés ; elle l'aime quelquefois pour ses défauts, ou pour ses souffrances ; elle aime en lui l'image vivante et embellie du père de famille ; elle l'aime comme la consolation et la gloire de son avenir.
La vieillesse sourit aux grâces de l'enfance.
Nous offensons l'amitié quand nous prostituons ce nom aux liaisons éphémères du monde. Ces relations superficielles ne nous donnent que des flatteurs ou des compagnons, et pas un ami.
De nos jours on trouve plus de mauvais fils que de mauvais pères.
Il est si naturel à l'homme de s'attacher à ses enfants, que si la vieillesse arrive sans que nous ayons été pères, nous nous sentons nus et abandonnés dans ce monde ; il nous semble alors que nous l'avons traversé en vain ; la mort n'a plus de consolation ; l'affection la plus vive, l'amour lui-même ne sauraient remplacer un fils au chevet d'un mourant.
Séparer le père et la mère après que l'enfant a été conçu, c'est vouer la femme à la misère, le père au libertinage, et l'enfant à l'abandon. Rendre cette séparation ou trop facile ou trop complète, ce n'est pas ébranler seulement la famille, c'est la détruire.
Dieu a fait l'enfant faible de corps et d'intelligence ; il a voulu qu'il trouvât un appui dans la famille. Il met l'enfant dans les bras de la mère, mais pendant qu'elle l'élève que deviendra-t-elle elle-même, si l'homme n'est pas là, pour la protéger et pour pourvoir à ses besoins et à ceux de son enfant ? Voilà le côté matériel de la famille, et la preuve que l'union de l'homme et de la femme, doit être l'union persistante d'un seul homme avec une seule femme.
L'amour est un sentiment moral qui a pour but et pour effet d'unir deux âmes entre elles ; il choisit un seul objet de ses préférences, et s'y attache avec une ardeur jalouse et toujours croissante ; il a le besoin de l'indissolubilité et de l'éternité des liens qu'il forme.
Aucune passion comme l'amour n'est plus prompte à se rendre souveraine maîtresse de nos âmes quand nous la laissons une fois se développer sans entraves. La passion amoureuse est comme ces feux qui ont longtemps couvé, et qui sont inextinguibles, lorsqu'ils éclatent en plein air, et que le vent les ravive et les agite de toutes parts.
L'amour doit être sans nuage entre deux cœurs qui battent à l'unisson l'un de l'autre.
L'amour trouve mille portes pour s'insinuer dans les âmes.
L'amour, qui commence le plus souvent par les yeux, se nourrit des grâces de l'esprit et des qualités du cœur.
L'amour a souvent pour effet de fausser notre jugement en tout ce qui touche à la personne aimée ; c'est le premier dommage qu'il nous cause, car rien n'est plus désastreux pour une âme que de se tromper sur les caractères du beau et de l'honnête, et d'admirer sous ces noms, le laid et l'injuste.
L'amour conjugal diffère de l'amour par le calme des sens, par la confiance, la sécurité et un sentiment de gratitude mutuelle. L'habitude détruit les enchantements et la poésie du premier jour, mais elle crée à la place un lien plus grave et plus profond qui s'accroît chaque jour de tout le bonheur qu'on a goûté et de tout le malheur qu'on a supporté ensemble.
On ne juge pas un ami, on le supporte tel qu'il est.
La véritable amitié ne comporte pas seulement l'estime, mais le respect ; il faut que l'on sente, jusque dans les épanchements de l'intimité, la présence et la dignité de la vertu.
Hélas ! on s'habitue même à la prison ; on devient un hôte naturel de ces tristes demeures.
Entre l'amour et la raison, il y a la même différence qu'entre la poésie et la science !
L'amitié ne cherche pas l'égalité, mais elle la produit.
La véritable école de l'humanité, c'est le patriotisme.
Il faut songer à être un homme, avant d'aspirer à être un héros.
On apprend à aimer les hommes auprès du berceau de son enfant.
L'habitude détruit les enchantements et la poésie des premiers jours.
On se sacrifie pour un ami, pour un frère, pour un père ; on renonce pour eux à ce qu'il y a de plus fort dans l'amour-propre.
Dieu qui connaît et notre cœur et nos forces, nous a faits en toutes choses pour aller du petit au grand, pour apprendre, en aimant nos enfants, à aimer nos concitoyens, et pour concourir à l'ordre admirable de l'univers, en accomplissant humblement notre petite tâche.
Il faut commencer par être honnête homme pour avoir le droit d'aspirer à être un grand homme.
L'amour de l'humanité comprend tous les sentiments qui nous attachent à nos semblables par leur seule qualité d'hommes. Je rencontre un indigent qui souffre de la faim ; je m'empresse de le secourir. Que m'importent son nom, son pays ? Je ne le reverrai jamais, mais il est homme.
Le lâche a toujours les yeux portés à terre, n'ayant aucun bon dessein à accomplir ; l'homme courageux, mû par une noble résolution, marche la tête haute et le regard assuré ; calme au milieu des écueils, immobile aux revers.
L'irritation qui nous prend à la vue d'une injustice peut, sans doute, si elle est excessive, dégénérer en mauvais sentiments, mais n'est-elle pas louable et honorable dans son origine ?
Il faut obéir aux lois de la conscience, quelque préjudiciables qu'elles soient à nos intérêts ou à ceux des personnes qui nous sont chères ; c'est le principe même de l'inaltérable et inattaquable souveraineté du droit.
De l'éternité du temps suit nécessairement l'éternité du monde, car si le monde a commencé à un certain moment, quel obstacle l'empêcherait d'être une minute plus tôt ? Serait-ce que la toute puissance de Dieu n'a été complétée qu'à l'heure de la création ?
L'amour de l'humanité, qui ne s'appuie pas sur le patriotisme, n'est qu'une illusion ; et l'on ne se vante tant d'aimer tout le monde, que pour se justifier de n'aimer personne.