Nous devons incessamment nous efforcer de vaincre les instincts égoïstes par les instincts sociaux, et lorsque nous serons arrivés à ce résultat, nous arriverons à une harmonie intérieure de toutes nos actions, de toutes nos facultés, et par là à un état de bien-être incomparable, qui trouvera sa confirmation dans la jouissance que nous trouverons dans « l'amour ».
Le plus grand plaisir qu'il puisse y avoir, c'est le sacrifice pour autrui ; on ne se fatigue jamais à aimer.
Aimer, c'est plus qu'être aimé ; donner, c'est plus que recevoir.
L'homme le plus religieux est celui qui est le plus rempli d'amour, qui agit dans le sens de l'amour et qui assigne à toutes ses actions un but social et « humain ». Aussi l'idéal dans la vie, pour le positiviste, c'est « aimer », « penser » et « agir » simultanément.
Parmi toutes les aspirations de l'esprit humain, la « morale » est la première et la plus élevée, et tout le reste ne sert qu'à les perfectionner. Aussi la véritable grandeur de l'homme se trouve également dans le « cœur », et dans l'éducation de celui-ci dans le sens d'une philanthropie qui représente l'ensemble de nos instincts sympathiques ou de nos tendances sociales.
Le « but » de la vie est d'arriver à la perfection physique, intellectuelle et morale, afin de vivre au commencement « pour » les autres, après la mort « dans » et « par » les autres. Il n'y a pas de buts « extérieurs » dans le monde : chaque existence est par elle-même un but.
Le monde n'a pas été créé pour l'homme ; au contraire, l'homme est dominé par le monde et par ce qui l'entoure. On peut se représenter le monde sans la présence de l'homme, mais pas l'homme sans le monde.
L'homme n'est pas une créature de Dieu, mais Dieu est une création de l'homme.
Les imbéciles arrivent généralement à se faire aimer parce qu'ils permettent aux autres de faire montre, en leur présence, de leur supériorité intellectuelle.
La vérité est au-dessus de toutes les choses divines et humaines, il n'y a pas de raisons assez fortes pour la repousser.
Une petitesse anormale du cerveau est toujours un signe d'imbécillité.
Les hommes particulièrement doués possèdent un cerveau particulièrement développé ; les idiots et les crétins, par contre, ont un cerveau incomplet.
Plus les ignorants sont absolument incapables de juger des choses, plus ils croient devoir ouvrir la bouche.
Le paradis, c'est par des progrès lents et continus, à force de peine et de travail, qu'on y atteindra.
Une science n'a d'autres limites que celles qu'elle se trace elle-même ; aussi loin que porte sa vue, elle a le droit imprescriptible de parler, et jamais droit n'a été plus légitime que celui des sciences naturelles, qui peut-être dans l'avenir resteront seules debout de toutes les connaissances humaines.
Ce qui est clair à la pensée s'exprime aussi avec clarté et sans détour.
La classe cultivée a besoin de plus grands chapeaux que la classe ignorante.
Rien de plus facile que de se jeter à la face des mots blessants, tels que ceux d'ignorants, de dilettanti, surtout entre gens irrités, mais rien aussi de plus blâmable, à moins que l'on ne soit en droit de le faire, car il est toujours loisible de rétorquer de pareils arguments, et cela coupe court à toute discussion.
Les ignorants injurient celui qu'ils ne peuvent réfuter.
L'homme instruit sait éviter les obstacles qui le gênent sans violer la loi ; mais l'homme non cultivé n'a d'autre moyen que le crime pour se tirer d'affaire ; il est la victime de sa position. La faiblesse d'esprit, l'indigence et le manque d'éducation sont les trois causes principales des crimes.
Il n'y a rien dans la science qui relève de la théologie ou de l'Église ; et il en sera toujours ainsi, à moins qu'un beau jour la vérité ne nous tombe du ciel, apportée par quelque messager divin, ou que, par une fortune inespérée, le télescope fasse pénétrer nos regards profanes jusque dans les assemblées des anges.
Il vaut mieux, lorsque la connaissance nous fait défaut, avouer notre ignorance que d'appliquer notre intelligence à créer des rêves qui s'évanouissent au premier souffle de la réalité.
La spéculation est la philosophie en ivresse. Que la philosophie en revienne, et elle sera à l'esprit ce que l'eau de source est au corps.
Les sciences naturelles doivent être la base de toute philosophie sincère. Nature et expérience, voilà le mot d'ordre du temps.
Les meilleurs moralistes qu'il y ait au monde, sont, à mes yeux, l'enseignement, la diffusion des connaissances, la saine éducation, le développement des lumières par la science. L'expérience est le seul guide qui conduise à la vérité.
L'expérience prouve, depuis que le monde existe, que ceux qui ont toujours la morale sur les lèvres, la portent le moins dans le cœur, et que la vertu ne demeure pas là où brille son enseigne.
Le bonheur de la société humaine est l'unique autel sur lequel doit sacrifier la véritable morale.