La première cause de l'aridité de la vie, c'est la sécheresse du cœur.
La modération amène presque toujours le bonheur à sa suite.
On dit que l'homme est né pour pleurer car il pleure en naissant ; c'est comme si l'on disait qu'on ne va au spectacle que pour payer, car on paie en entrant.
Il y a toujours du dépit dans la colère.
L'homme vertueux et l'homme de génie sont rarement satisfaits d'eux-mêmes, dans leur noble enthousiasme, ils avaient toujours conçu mieux que la réalité.
La modestie sied au mérite comme le voile à la beauté.
On peut réussir sans être un grand homme, mais on n'est un grand homme qu'à la charge de réussir.
Les jugements de la médiocrité sont toujours sans appel et sans plus ample informé.
La nature a réparti l'amour-propre avec plus d'égalité que le mérite.
Il y a des gens qui s'occupent de grandes choses avec de petites idées ; leurs systèmes sont aussi mesquins que leur esprit est étroit : chacun coupe à sa taille l'étoffe qu'il doit porter.
Certains êtres semblent avoir tracé un cercle autour d'eux ; en quelque lieu qu'ils se transportent, l'étendue de ce cercle est leur univers, et ils rapportent tout à leur petite personne, qui en est le point central.
Lorsque la force et le droit sont aux prises, mettez-vous toujours du côté du droit contre la force, mais pariez toujours pour la force contre le droit.
Ce qu'on fait n'est jamais bien, quand on peut en cet instant, trouver mieux à faire.
Quelque restreint que soit le cercle dans lequel il vit, nul n'est dispensé de l'exemple.
Vaincre, ce n'est pas faire reculer l'ennemi, c'est le terrasser ; il ne suffit pas de faire céder l'obstacle, il faut le détruire.
Le devoir est moins ce qu'on doit aux autres que ce qu'on se doit à soi-même.
Il est des douleurs où viennent se briser toutes les consolations humaines.
Un bon cœur a besoin de croire et d'aimer.
Crains les préjugés, mais crains plus encore celui qui affecte de n'avoir aucun préjugé.
L'homme n'est guère plus conséquent dans son incrédulité que dans ses croyances.
Une nouvelle passion peut seule arrêter le cours d'une autre passion ; s'il faut une force pour mettre en mouvement un corps en repos, il faut une force aussi pour arrêter un corps déjà en mouvement.
Un peu d'enthousiasme mène souvent plus loin que beaucoup de raison.
L'esprit et le cœur passent leur vie ensemble bien souvent sans jamais se comprendre.
Se dévouer pour un seul n'est souvent qu'affection, mais se dévouer pour tous est vertu.
La patience est le courage de tous les jours.
La seule volonté ne suffit pas pour changer ses habitudes, il faut encore de la persévérance.
Bien souvent pour corriger son sort, il ne suffit que de se corriger soi-même.
Le courage doit être au-dessus du péril, mais aussi au-dessus de la réflexion.
Le courage naît plus souvent de l'ignorance du danger que de la certitude d'en triompher.
Qui n'est pas maître de lui dans la bonne fortune ne le sera point dans l'adversité.
S'il faut beaucoup de courage pour lutter avec énergie contre la destinée, il n'en faut pas moins pour s'y soumettre ensuite sans se plaindre, lorsqu'on n'a pu en triompher.
L'homme ne peut se dire vraiment heureux que lorsque le passé, le présent et l'avenir promettant concourent ensemble à son bonheur.
La sagesse est l'art de voir les choses sous toutes leurs faces, et d'en tirer toutes les conséquences possibles.
Il y a deux inconvénients à éviter quand on veut connaître réellement les choses : l'un est de ne considérer que l'ensemble sans examiner les détails, et l'autre de ne s'occuper que des détails sans embrasser l'ensemble.
Pour traiter des sentiments et des passions, il n'est pas nécessaire d'avoir tout éprouvé, il suffit souvent d'avoir tout compris.
De l'étude des passions naquit le poète, de l'étude des caractères le moraliste, et de l'étude des mœurs naquit l'historien.
Quiconque a peint l'homme tel qu'il est a fait un livre qui restera.
L'homme a toujours été et sera toujours la constante étude de l'homme.
Pour jeter quelques idées sur le papier, il suffit du plaisir d'écrire, mais pour les publier, il faut de plus l'espoir d'être utile.
De toutes les jouissances que peut éprouver un auteur, aucune ne peut l'emporter sur le plaisir d'écrire.
Il y a des moments où l'on ne peut suffire à l'abondance et à la profondeur de ses émotions, combien on doit envier alors celui qui peut les décrire et les faire partager aux autres !
C'est en se communiquant leurs pensées que les hommes les rendent fécondes.
Celui qui ne pense pas ne sait pas non plus profiter des pensées des autres.
Les gens qui n'ont rien à dire veulent toujours faire croire qu'ils n'en pensent pas moins.
Dans les conversations savantes, si l'ambition d'un homme doit être de bien parler, toute la prétention d'une femme doit être de bien comprendre.
L'art de parler n'est, au fond, que l'art de persuader.
Tous les hommes peuvent dire la vérité, quelques-uns seulement sont assez heureux pour la faire aimer.
Sous quelque forme qu'il se présente l'amour est la vie des femmes, et amour, pour elles, c'est abnégation.
Il n'y a que l'amour d'un sot qui puisse donner une véritable colère à une femme.
Quelques personnes se croient sensibles et ne sont qu'irritables.
Si l'enfant est égoïste, c'est parce qu'il ne connaît des choses que les rapports qu'elles ont avec lui.
Il entre toujours un peu de calomnie dans la médisance.
On dit que l'adversité retrempe les âmes ; cela n'est vrai que pour celles qui sont de fer.
Le préjugé contre les femmes savantes est en général bien fondé ; trop souvent une femme ne trouve qu'aux dépens des devoirs les plus sacrés le temps d'acquérir des connaissances qui paraissent réellement bien frivoles en comparaison.
Les fièvres de l'âme ne sont pas moins contagieuses que celles du corps ; le spectacle de l'amour, de l'amour même qu'on ne partage pas, fait battre le cœur et trouble la raison.
C'est en cherchant de petits plaisirs qu'on se crée de petites contrariétés.
La dernière raison des femmes ce sont les larmes.
Un petit péril intimide souvent plus qu'un grand, parce qu'il laisse plus de liberté d'esprit pour le juger.
Les qualités brillantes peuvent attirer, les qualités solides sont les seules qui attachent.
Telle femme eût résisté à l'amour qu'elle éprouve qui ne résiste pas à l'amour qu'elle inspire.
Dans son intérieur, une femme ne doit désirer que la réputation d'une femme sensée ; dans le monde, elle ne doit chercher que la réputation d'une femme aimable.
Tel résiste aux meilleures raisons d'une femme qui ne trouve rien à opposer à l'éloquence de ses pleurs.
En ne demandant aux femmes que des vertus privées, on réduit presque leurs vertus à leurs affections.
Le vice inspire le mépris, la vertu l'admiration, le crime l'horreur.
On n'aime pas toujours ce qu'on admire.
Quelque sotte que soit une femme, elle comprendra tout ce qu'il y a dans l'amour ; quelque intelligent que soit un homme, il n'en comprendra jamais que la moitié.
Les pensées ont cela de commun avec les femmes qu'elles laissent toujours une grande place à l'imagination.