Laissez un peu faire la Providence ! tantôt de la pluie, tantôt de la sécheresse, vous n'êtes jamais contents !
J'admire comme notre esprit est véritablement la dupe de notre cœur, et des raisons que nous trouvons pour appuyer nos changements.
On ne peut juger les événements à moins de connaître le dessous des cartes.
Je fais toujours un grand honneur aux sentiments du cœur ; on est quelquefois obligé de souffrir les circonstances et dépendances de l'amitié, quoiqu'elles ne soient pas agréables.
Je n'eusse jamais cru qu'une lettre qui m'apprend que vous viendrez cet hiver à Paris, et que je vous y verrai, pût me faire pleurer ! Ce n'est pas toujours de tristesse que l'on pleure ; il entre bien des sortes de sentiments dans la composition des larmes.
Il est si aisé d'escroquer des approbations qu'elles ne peuvent faire autorité.
L'esprit charitable de souhaiter plaies et bosses à tout le monde est extrêmement répandu. Il y a de certaines choses au contraire sur quoi on se trouve disposé à souffler du bonheur, comme du temps des fées.
Quand on ne peut se résoudre la vie se passe à ne pas faire ce que l'on veut.
Si j'avais tenu ce maraud-là, ce coquin, je lui aurais rompu les bras et coupé les oreilles.
Une de mes joies est de ne plus parler de moi, ni d'aucun de mes maux. Avec les gens je sais couper court, et je n'ai pas oublié comme il faut parler sobrement de soi, et presque à son corps défendant.
On ne souhaite l'estime que de ceux qu'on aime et qu'on estime.
Je suis si accoutumée à me voir confondue sur la plus grande partie de mes désirs que je ne parle de l'avenir qu'en tâtonnant.
Il faut toujours avoir de la morale dans les mains, comme du vinaigre sous le nez, pour ne pas s'évanouir.
Il faut vivre avec les vivants sans oublier nos morts.
Il ne faut parler qu'aux gens raisonnables, c'est ainsi qu'on s'entend ; et l'on se trouve toujours bien d'avoir de la sincérité : le temps vous persuadera peut-être de cette vérité !
On ne trompe guère longtemps le monde, les fourbes sont toujours découverts.
Être un dévot, c'est un sentiment qui est bien naturel dans le malheur et dans la vieillesse.
La tristesse est un poison, c'est le chagrin qui la fait naître, et la crainte qui l'entretient.
Je fais souvent des réflexions et des supputations, et je trouve les conditions de la vie assez dures. Il me semble que j'ai été traînée, malgré moi, à ce point fatal où il faut souffrir la vieillesse ; je la vois, m'y voilà, et je voudrais bien au moins ménager de ne pas aller plus loin, de ne point avancer dans ce chemin des infirmités, des douleurs, des pertes de mémoire, des défigurements qui sont près de m'outrager, et j'entends une voix qui dit : « Il faut marcher malgré vous, ou bien, si vous ne voulez pas, il faut mourir, » qui est une extrémité où la nature répugne.
Il est vrai, ma fille, que le temps passe partout, et il passe vite : vous criez après lui parce qu'il vous emporte toujours quelque chose de votre belle jeunesse ; mais il vous en reste beaucoup. Pour moi, je le vois courir avec horreur, et m'apporter en passant l'affreuse vieillesse, les incommodités, et enfin la mort.
La vie est courte, le fleuve qui nous entraîne est si rapide qu'à peine pouvons-nous y paraître.
Ma belle, c'est dans les petites choses que l'on témoigne son amitié. Il est vrai, ma fille, qu'on ne saurait trop les estimer, l'amour-propre a trop de part à ce qu'on fait dans les grandes occasions : l'intérêt de la tendresse est noyé dans celui de l'orgueil.
L'amour, c'est une fièvre trop violente pour durer.
Il faut jouir du bien présent, les chagrins reviennent toujours assez tôt.
L'avenir, en amour, fait oublier le passé.
Il faut être bien exempte d'amour-propre pour n'être pas sensible à des louanges.
L'éloquence et la facilité de parler donnent un certain éclat aux pensées.
Il y a certaines pensées qui égratignent la tête.
Il est des inquiétudes qui ne vous servent de rien, mais qu'il est impossible de ne pas avoir.
Il y a des hommes qui, pour douze sous, font ce que d'autres ne feraient pas pour cent mille écus.
Le temps marche toujours assez sans qu'on le hâte d'aller.
Je regarde l'avenir comme une obscurité, dont il peut arriver des biens et des clartés à quoi l'on ne s'attend pas.
La santé est toujours un solide et véritable bien, on en fait ce qu'on veut.
Il n'est rien de longue durée en ce monde, ni bonheur ni malheur.
Il faut toujours douter de ce qu'on ne sait point par soi-même.
Si quelquefois un peu d'absence fait grand bien, quelquefois beaucoup d'absence fait grand mal.
Rien n'est aussi bon que d'avoir une belle âme, on la voit en toute chose comme au travers d'un cœur de cristal.
Si on pouvait avoir un peu de patience, on s'épargnerait bien du chagrin.
Mon cœur est en repos quand il est auprès de toi, c'est son état naturel, et le seul qui lui plaise.
Quand nous ne pouvons choisir, il faut se soumettre.