L'exacte politesse défend qu'on étale avec hauteur son esprit et ses talents.
La politesse est l'envie de plaire, la nature la donne, l'éducation et le monde l'augmentent.
Rien ne déplaît tant que de montrer un amour-propre trop dominant, de faire sentir qu'on se préfère à tout, et qu'on se fait le centre de tout.
Si on vous a offensé, vous ne devez que du mépris, et c'est une dette aisée à payer.
L'envieux ne loue jamais personne, de peur de se faire des égaux.
Le déshonorant offense moins que le ridicule.
La haine outrée nous met au-dessous de ceux qui vous haïssent.
Songez à vous estimer à bon titre, pour vous consoler de l'estime qu'on vous refuse.
La plupart des femmes prennent l'amour comme un amusement, elles s'y prêtent, et ne s'y donnent pas. Elles ne connaissent point ces sentiments profonds qui occupent l'âme d'une tendre amante.
Être poli c'est de l'habileté, on vous en quitte à meilleur marché.
Il ne faut agir avec autorité que quand la persuasion manque.
La première règle pour bien parler, c'est de savoir bien penser.
La politesse est un des plus grands liens de la société, c'est elle qui contribue le plus à la paix.
Il n'y a que des âmes élevées qui soient touchées de la gloire de pardonner.
La gloire et la vertu ont leurs délices, elles sont la volupté de l'âme et du cœur.
Il ne faut que se prêter aux choses qui plaisent.
L'humanité souffre de l'extrême différence que la fortune a mise d'un homme à un autre.
Il faut commander par l'exemple et non par l'autorité : l'admiration force à l'imitation, bien plus que le commandement ; et traiter rudement ses soldats, c'est être leur tyran, et non pas leur général.
Le plaisir le plus touchant pour les honnêtes gens, c'est de faire du bien et de soulager les misérables.
L'avare est plus tourmenté que le pauvre, l'avare ne jouit de rien. L'amour des richesses est le commencement de tous les vices, comme le désintéressement est le principe de toutes les vertus.
L'argent n'est bon que par l'usage que l'on en sait faire.
Défendez-vous de l'envie ; c'est la passion du monde la plus basse et la plus honteuse : elle est toujours désavouée. L'envie est l'ombre de la gloire, comme la gloire est l'ombre de la vertu. La plus grande marque qu'on est né avec de grandes qualités, c'est d'être sans envie.
La sagesse se sert de l'amour de la gloire pour se défendre des bassesses où se jette la volupté. Mais il faut s'y prendre de bonne heure pour se préserver des passions : dans les commencements elles obéissent, et dans la suite elles commandent ; elles sont plus aisées à vaincre qu'à contenter.
La plus nécessaire disposition pour goûter les plaisirs, c'est de savoir s'en passer.
Dès que votre ennemi se repent et se soumet, vous perdez le droit de vous venger.
La seule vengeance délicate et permise est de faire du bien à ceux qui nous offensent.
Prêtez aux gens qui ont de l'argent, mais donnez à ceux qui sont dans le besoin.
Notre amour-propre nous dérobe à nous-même et nous diminue tous nos défauts. Nous vivons avec eux, comme avec les odeurs que nous portons nous ne les sentons plus ; elles n'incommodent que les autres.
Si belle que vous soyez, soyez modeste : La beauté n'est point de longue durée.
L'amour emporte avec soi toute la vivacité de l'amitié, c'est une passion turbulente, et l'amitié est un sentiment doux et réglé.
La vie est déjà très courte, et nous l'abrégeons par notre légèreté et par nos dérèglements.
Une belle mort donne du relief à la vie, et la mauvaise la déshonore.
Rien de si inutile que de se révolter contre les effets du temps, il est plus fort que nous.
Quand les mœurs sont pures et innocentes dans le premier âge, la vieillesse est douce et tranquille.
Il faut avec docilité se soumettre aux peines de son âge et de son état.
Qui perd la jeunesse les peines doublent, et les plaisirs diminuent.
La récompense de l'amour vertueux, c'est l'amitié.
L'avarice est un des faibles du dernier âge.
La vie n'est pas dans l'usage du temps, mais dans l'usage qu'on en sait faire.
Un des devoirs de la vieillesse est de faire usage du temps : Moins il nous en reste, plus il nous doit être précieux.
La vie n'est pas dans l'espace du temps, mais dans l'usage qu'on en sait faire.
Si vous voulez être une amie aimable, n'exigez rien avec trop de rigueur.
La passion s'augmente par les retours qu'on fait sur soi : L'oubli est la seule sûreté qu'on puisse prendre contre l'amour.
L'amour est le premier plaisir, la plus douce et la plus flatteuse de toutes les illusions.
La valeur, mon fils, ne se conseille point, c'est la nature qui la donne.
L'honnêteté des anciens temps est devenue le ridicule du nôtre.
L'honnêteté consiste à se dépouiller de ses droits, et à respecter ceux des autres.
Il faut bien plus d'esprit pour plaire avec de la bonté qu'avec de la malice.
L'amour se nourrit de larmes.
L'esprit que l'amour donne est vif et lumineux : il est la source des agréments.
Qui dit amoureux, dit triste ; mais il n'appartient qu'à l'amour de donner des tristesses agréables.
Si les honneurs et les richesses pouvaient rassasier, il faudrait en amasser, mais la soif augmente en les acquérant, et celui qui désire le plus est le plus pauvre.
Qu'il en coûte à la sincérité pour se rendre supportable ! et que la politesse en souffre !
L'homme qui donne des mensonges pour des vérités est coupable.
La vérité donne ses leçons dans la solitude.
L'amant désire beaucoup, espère peu, et ne demande rien.
Tous les devoirs de l'honnêteté sont renfermés dans les devoirs de la parfaite amitié.
Quand on aspire à se faire une grande réputation, on est toujours dépendant de l'opinion des autres.
Personne ne souffre plus doucement d'être repris que celui qui mérite le plus d'être loué.
L'honnête homme aime mieux manquer à sa fortune qu'à la justice.
Les richesses n'ont jamais donné la vertu, mais la vertu a souvent donné les richesses.
La vertu rehausse l'état de l'homme, et le vice le dégrade.
Songez que partout ou il y a des hommes tyranniques, il y a des malheureux.
L'amitié adoucit les humeurs farouches, elle rabaisse les glorieux, et les remet à leur place.
Il n'y a d'empire certain et durable que celui de la vertu.
Rien ne déplaît tant que de montrer un amour-propre trop dominant.
Par l'humeur l'on plaît ou l'on déplaît.
Une personne polie ne trouve jamais le temps de parler de soi.