Instruction : Des pierres dans un sac. Culture : une graine dans un pot. Si grand le sac et nombreuses les pierres, rien n'y pousse. Si modeste la graine et petit le pot, cela germe, croît et fleurit. Et c'est parce que les esprits sont ou des sacs ou des pots, qu'il arrive qu'on rencontre plus de culture chez un cordonnier de village que sous la toque d'un professeur en Sorbonne.
Séduction des hommes mûrs : Savent enfin, peuvent encore.
Les agneaux n'ont jamais converti les loups en égorgeurs.
Le romantisme est un état d'âme ; le classicisme, un état d'esprit.
J'écris pour me surprendre, c'est-à-dire à la fois pour me découvrir et pour m'étonner.
Penser est beau ; prier est mieux ; aimer est tout.
Un livre de maximes est une confession pudique.
Il est un certain état que j'éprouve trop souvent, où absolument incapable de penser, dégoûté de tout, impatienté de tout, voulant agir sans le pouvoir, la tête lourde, l'esprit nul, je suis modifié de la manière la plus désagréable.
Qui me conteste m'atteste.
La chair et l'esprit ne sont conciliables que par le cœur.
Le but importe moins que la marche, et la marche que la démarche.
La poussière, qui couvre la tête de chacun des livres de ma bibliothèque, n'est enlevée que par moi, d'un souffle, quand je dérange l'un d'eux, dont j'ai besoin. L'absence de cette poussière, ou les différentes épaisseurs de sa couche, selon les auteurs et les titres, témoignent assez justement de mes goûts, de mon savoir, de mes lacunes, de mes ferveurs et de mon mépris.
Cela m'est égal que d'autres aient écrit avant moi ce que je suis en train d'écrire, car c'est à la vie et non dans les livres que je prends mon bien.
Si le style ne vous a pas été donné sans qu'il y ait eu pour vous de problème, c'est un travail long et difficile que de résoudre le problème du style. Mais la plupart de ceux qui écrivent n'en savent rien.
J'aime à faire des réussites avec les mots.
J'aime assez que le cœur dicte, que l'imagination écrive et que l'esprit corrige.
Ce qui me charme le plus, en rouvrant les Pensées de Goethe, ce sont les feuilles et les petites fleurs des bois desséchées que j'avais mises un jour entre leurs pages.
Bien penser, c'est d'abord bien écrire, et l'acquisition préalable de cet outil, qu'est le style, est le seul moyen de pouvoir défricher ensuite les étendues de notre cerveau.
Je suis, tu es, il est, nous sommes tous des vaniteux, et sans vanité, la vie fade.
Il y a des sots si divertissants que leur compagnie m'enchante. Mais quand la sottise est drôle, pourquoi ne pas la considérer comme une façon tout involontaire d'avoir de l'esprit ?
Le bégueulisme des gens, même cultivés, est increvable.
L'amour-propre ne choisit pas entre l'orgueil et la vanité, il s'habille à sa taille.
D'un certain âge, qui vient vite, la vieillesse c'est l'âge qu'on n'a pas encore.
Il y a les femmes avec qui on fait l'amour, et celles avec qui l'on en parle.
Je vous aime : que vous me plaisez ! vous m'avez déplu.
L'absence est un arsenic : un peu fortifie l'amour, beaucoup le tue.
Les chagrins d'amour sécrètent un poison qui le tue.
On ne possède vraiment que par l'esprit, même une femme.
L'intrigant partout voit l'intrigue : il la porte dans son œil.
L'air de franchise est impénétrable, on ne sait jamais ce qu'il cache.
L'hypocrite est peut-être le premier à se prendre pour ce qu'il voudrait qu'on le prît.
L'âge, qui raréfie, aiguise.
Il faut beaucoup d'amour pour aller jusqu'au bout d'un peu.
S'étendre est plus facile que s'entendre, et s'étreindre que s'atteindre.
Plus de gens meurent ou tuent par amour-propre que par amour.
Je t'aime avec délire, je t'aime avec le cœur dont on aime à quinze ans.
La simplicité a toujours été l'attribut de la vérité.
Que le bonheur qu'on prend ne soit pas du malheur qu'on donne.
Je t'aime, tu t'aimes, on sème.
Le bonheur est du sable entre les doigts du vent.
La volupté, au même titre que l'ascétisme, est un devoir du corps envers l'esprit.
De toutes les philosophies, la seule véritablement profonde, qui mérite le nom de sagesse, enseigne à l'homme de vivre au présent.
Le drame d'aimer une femme beaucoup plus jeune que soi, et d'en être aimé, tient à la différence, non des âges, qui rend cet amour merveilleux, mais des vitesses auxquelles le temps l'emporte et vous emporte.
Jeune, on pense à la mort sans l'attendre ; vieux, on l'attend sans y penser.
Le ramollissement du sexe durcit le coeur.
L'homme le plus ferme par nature est poltron, quand ses idées sont flottantes.
Il est facile de deviner chez les hommes leur pensée sous-entendue, ils sont si bêtes.
Il y a des chagrins qui aident à dépouiller une certaine partie de soi qu'ils ont tuée.
Le mensonge est l'oxygène de la respiration sociale.
Le bonheur divise, seul le malheur fait la communion des hommes.