La mort nous paraît toujours comme l'horizon qui borne notre vue ; s'éloignant de nous à mesure que nous en approchons, ne la voyant jamais qu'au plus loin, et ne croyant jamais pouvoir y atteindre : chacun se promet une espèce d'immortalité sur la terre.
Si la nouvelle de telle ou telle mort surprend tant à Paris, c'est que, au milieu du tourbillon où nous vivons, la maladie, sa transition naturelle, y passe presque inaperçue.
Nous pouvons souffrir longtemps, toujours, « à » un être chéri que la mort emporta, comme on dit que les gens amputés d'un bras ou d'une jambe souffrent encore au membre disparu.
Tout le monde redoute la mort : l'égoïste, parce qu'il tremble de se perdre lui-même ; l'homme aimant, parce qu'il craint de se séparer des êtres qui lui sont chers.
Ce n'est rien d'être mort, mais c'est tout de mourir !
Être mort, entre nous soit dit, est un oxymore, puisque la mort est la fin de l'être. On est ou on n'est pas. Il est impossible d'« être mort ». Toutefois, si les mots aiment jouer entre eux, laissons-les faire. Sinon, nous n'en finirions pas.
Contre les infirmités de la vieillesse, il est heureusement un remède souverain ... la mort.
Lorsque la mort frappe au loin une personne qui nous est chère, un pressentiment annonce presque toujours l'événement, et celui ou celle que la mort frappe nous apparaît au moment de sa mort.
Ne faites pas souffrir qui vous aimez : mort, il se vengera.
Les vieillards aiment à mettre la mort de leurs contemporains sur le compte d'une imprudence, espérant bien être plus avisés et ne pas commettre la même faute.
La mort est l'enfantement de la vie véritable, l'aurore du jour qui n'aura point de fin.
À la mort de son troisième mari, ses cheveux, de chagrin, sont devenus blonds.
Il est à peu près évident que ceux qui soutiennent la peine de mort ont plus d'affinités avec les assassins que ceux qui la combattent.
La mort est, de tous les visiteurs, le plus annoncé et le moins attendu.
La mort, cette grande absence, sépare moins de ceux qu'on aime, qu'une de ces fautes qui ne permet plus de les estimer.
Il y a des gens qui ne peuvent supporter la mort d'un être cher et que le chagrin tue en quelques jours.
L'abolition de la peine de mort est à peu près l'équivalent en sottise de la fermeture des bordels.
Une des consolations les plus réelles de la vieillesse est l'espoir d'une mort soudaine et paisible.
La mort n'est à mes yeux que l'aurore d'une nouvelle vie, le passage du néant à l'être.
Vivre encore dans la mémoire des gens qu'on a aimés, c'est n'être pas mort tout entier.
Pour moi, je tiens à ma mort autant qu'à nulle chose au monde et je ne voudrais à aucun prix qu'elle me fût dérobée, escamotée. Un drame sans dénouement n'est pas parfait. L'épreuve est pathétique et c'est là que je m'attends.
Ce qui rend la pensée de la mort si effroyable, c'est d'être seul pour affronter l'inconnu ; si on pouvait aller à la mort avec ce qu'on aime, la mort aurait l'attrait du vertige et semblerait éterniser l'amour.
On a souvent pensé à la mort de ceux qu'on aime, parce qu'on la craint ; à la mort de ceux qu'on hait, parce qu'on l'accueille. La mort des indifférents, qui pourtant n'émeut pas, est celle qui surprend davantage.
Le plus grand bien est le sommeil, nous l'invoquons souvent, et pourtant l'homme craint la mort qui n'est rien de plus.
Le viager – exception française permettant de souhaiter légalement la mort de son prochain – commence par un bouquet et finit par une gerbe.
Les âmes pieuses devraient regarder la mort comme le passage du mal au bien, et les prétendus esprits forts comme le passage du mouvement au repos.
Ceux qui disent qu'ils craignent la mort parce qu'ils craignent l'Éternité, feraient mieux de s'occuper de l'Éternité que de s'occuper de la mort.
Si je vois venir la mort, j'aurai la politesse d'être assez odieux pour qu'on ne me regrette pas trop.
La mort a du bon, elle fait des veuves.
Il est moins cruel de pleurer la mort d'une personne chérie que de voir briser le lien qui nous unit à elle ; car le monde peut nous ravir l'être aimé, tandis que la tombe nous le garde intact pour qu'il puisse recommencer avec nous une plus belle vie.
La mort est de toutes les choses qui ne se comprennent pas celle que la jeunesse comprend le moins.
Prenez un chemin couvert d'or et de soie, prenez un chemin obstrué par les cailloux et rempli de fondrières, quel que soit celui que vous suiviez, il vous conduit à la mort.
La mort m'arrange quand elle permet de se tirer de situations sans issue. Elle me dérange dès lors qu'elle frappe des individus en bonne santé ou qui ne se méfiaient pas d'elle.
La mort fait vivre beaucoup de monde. Et les factures qu'on présente çà et là aident à oublier qu'en même temps qu'un être fait de chair et de sang, on enterre un pouvoir d'achat.
La mort clinique serait quand même survenue dans un hôpital...
Le jour de la mort est le maître jour, il juge de tous les autres jours.
Une belle mort est plus à souhaiter qu'une longue vie.
Pourquoi condamner à mort, puisque la nature a prévu cela ?
Le dialogue du mort et du prisonnier fut celui d'hommes libres.
Il faut toujours être prêt, et pouvoir, comme le soldat, dire à la mort : Présent !
Il en est de la mort comme de tout : tant qu'on n'y a pas tâté, on s'en fait un monde.
On pleure souvent un mort qui, lui-même, ne se pleurerait pas.
La mort est l'œuvre de Dieu, donc elle n'est pas cruelle.
Un mort remplacé peut ne pas être un mort oublié.
L'hypothèque de la mort : la maladie.
Quel luxe de conscience que de pouvoir attendre la mort tous les jours !
La mort, loin d'être un mal, est une heureuse chance si des maux de la vie elle est la délivrance.
Le tic-tac d'une pendule est odieux, il retentit à nos oreilles comme une continuelle marche à la mort.
Nous connaissons tous quelqu'un que notre mort arrangerait.
La mort, dont le moment est incertain, pendant qu'on songe à vivre arrive un beau matin.
La différence des jugements que nous portons entre la cécité et la mort, dérive de la différente position dans laquelle nous les jugeons : nous préférons la cécité quand nous sommes en compagnie ; la mort est plus heureuse quand nous sommes seuls.
On est injuste envers la mort en la peignant comme on le fait : on devrait la représenter en vieille femme bien conservée, grande, belle, auguste, douce et calme, les bras ouverts pour nous recevoir et nous accueillir : La mort est l'emblème du repos éternel après la malheureuse vie inquiète et orageuse.
Un homme qui craint la mort n'est pas même digne de vivre.
Qui ne craint point la mort est au-dessus de tout.
Il n'y a que la mort qui puisse nous faire convenir que l'homme est bien peu de chose.
À quoi bon se reposer aujourd'hui, sachant que demain, tu dormiras longtemps, éternellement.
La mort d'un barbare est un gain pour la nation.
La pensée de la mort, qui décourage les hommes ordinaires, n'est pour les grands hommes qu'un avertissement de se hâter.
L'heure de la mort, Dieu seul la connaît ; la reculer est impossible, l'avancer est un crime.
La mort n'est pas une souffrance, c'est une loi : tout ce qui commence doit finir.
Être mortelle ne m'offusque pas : la mort me blesse quand elle emporte ceux que j'aime, mais elle ne m'est scandale que lorsqu'elle frappe des êtres jeunes, pas ceux qui, comme moi, sont usés.
Lorsque la mort nous réclame, l'esprit des sens brise le sceau, car la tombe est un nid où l'âme, prend des ailes comme l'oiseau !
La mort c'est la fin du fini, c'est le commencement de l'infini.
La mort n'est pas une résurrection ni une fin, c'est le prolongement de notre existence.
Ce n'est pas la mort qui est triste, mais ce que nous faisons de nos vies.
Quand on est jeune, on croit que la mort ne s'abat jamais que sur les autres.
La pensée de la mort est la plus douce et la plus joyeuse des pensées, et je trouve que les belles heures, ô les heures des bons souvenirs, sont plus propres à la faire naître que les heures de la tristesse.
Ceux qui disent qu'ils craignent la mort parce qu'ils craignent la douleur, ne devraient avoir que la peur d'être malades.
La mort est si habile et si rapide à se glisser dans l'homme et dans tout ce qui lui appartient, qu'elle profite de la moindre fissure pour s'établir tyranniquement dans les endroits secrets où l'on pensait que jamais elle ne pourrait pénétrer.
On ne peut pas voir les douceurs de la mort, elle les présente mal.
La mort n'entend pas celui qui dit non?