Où l'égalité ne se trouve pas, il ne peut y avoir de république.
Il est bien difficile d'extirper l'amour du cœur de l'homme lorsqu'il y a jeté de profondes racines : s'il parvient à l'en bannir, il ressemble au fer rouge, qui conserve longtemps sa chaleur.
– Qui es-tu, toi, qui ne parais pas une femme mortelle, tant le ciel t'a ornée et comblée de ses grâces ? Pourquoi ne te reposes-tu point ? Pourquoi as-tu des ailes à tes pieds ? – Je suis l'Occasion ; et bien peu me connaissent. La raison en est que je suis toujours en mouvement, et que je tiens un pied sur une roue. Il n'y a point de vol si rapide qui puisse égaler ma course ; et je ne garde des ailes à mes pieds que pour éblouir ceux qui me regardent courir. Je réunis sur le devant de mon front tous mes cheveux épars, et je m'en recouvre le sein et la figure, pour qu'on ne puisse me reconnaître lorsque j'arrive. Derrière la tête je n'ai pas un seul cheveu ; et celui qui m'aurait laissé passer, ou devant lequel je me serais détournée, se fatiguerait en vain à me saisir. – Dis-moi : Qui est celui qui marche sur tes pas ? – C'est le Repentir. Ainsi, fais-y bien attention : Celui qui ne peut me retenir ne saisit que lui. Et toi, tandis que tu perds ton temps à me parler, livré tout entier à tes vaines pensées, tu ne t'aperçois pas, malheureux, et tu ne sens pas que je me suis déjà échappée de tes mains.
Un pourceau ne tourmente pas un autre pourceau, un cerf laisse le cerf en paix : il n'y a que l'homme qui massacre l'homme en ce monde, qui le crucifie, et qui le dépouille.
On a vu, on voit, et l'on verra toujours le mal en ce monde succéder au bien, et le bien remplacer le mal ; et toujours l'un sera la cause de l'autre.
À chose faite, il faut bien qu'il y ait commencement.
Celui qui ne ressent pas ton pouvoir, ô Amour, espère en vain éprouver réellement quel est le bien le plus précieux qui nous vienne du ciel : il ne sait ni comment l'on vit et l'on meurt ensemble, comment on fuit le mal, comment on fait le bien, comment on s'aime moins que l'objet aimé, comment la crainte et l'espoir glacent tour à tour et consument le cœur ; il ne sait pas non plus jusqu'à quel point les hommes et les dieux redoutent les armes que tu portes.
Un mari est la règle vivante de sa femme, et pour ainsi dire son miroir.
Dieu a donné à l'homme ce qui manque à la femme, afin de suppléer à ses défauts dans tout ce qui n'est pas de son ressort ; mais c'est comme un bon maître, et non comme un tyran.
Le temps nous échappe, à quoi peuvent servir les délais ?
Prends celle qui veut bien de toi, et fuis celle qui te fuit.
On ne peut faire deux fois le même don, s'il ne nous revient entre les mains.
Un premier amour a tout pouvoir sur le cœur de la jeunesse.
Un chagrin qu'on épanche devient moins violent.
Il n'y a pas de fardeau plus pesant au monde que d'obéir à quelqu'un qui ne peut vous souffrir.
Jamais les hommes ne font le bien que par nécessité.
Qui perd ses aises pour les aises d'autrui perd les siennes.
On appréhende beaucoup moins d'offenser celui qui se fait aimer que celui qui se fait craindre ; car l'amour tient par un lien de reconnaissance bien faible pour la perversité humaine, et qui cède au moindre motif d'intérêt personnel ; au lieu que la crainte résulte de la menace du châtiment, et cette peur ne s'évanouit jamais.
Quiconque aime une belle chose a de nombreux rivaux qui lui causent d'infinies douleurs.
Plus l'homme est proche de son désir, plus il le désire, et ne le possédant pas, il souffre d'autant plus.
Toujours on désire plus ce que l'on peut avoir le moins.
Il est plus glorieux d'en avoir beaucoup retenu que d'avoir beaucoup lu de livres.
Se connaître soi-même et savoir mesurer ses propres forces et celles de son État est une chose, en ce monde, d'une extrême importance ; et celui qui se sait peu capable de faire la guerre doit s'efforcer de régner en usant de l'art de la paix.
Le devoir d'un capitaine est d'être le premier en selle et le dernier à descendre de cheval.
Le blâme suit l'erreur.
Il faut estimer comme un bien le moindre mal.
Gouverner c'est mettre vos sujets hors d'état de vous nuire et même d'y penser.
Il importe plus de délibérer sur ce qu'il faut faire que sur ce qu'il faut dire.
Il est de mauvais exemple de ne pas observer une loi, surtout de la part de ceux qui l'ont faite.
Contenter le peuple et ménager les grands, voilà la maxime de ceux qui savent gouverner.
Une pensée est toujours enchaînée à une autre pensée.
Il est difficile de vaincre celui qui connaît bien ses forces et celles de l'ennemi.
Ce n'est pas le titre qui honore l'homme, mais l'homme qui honore le titre.
À la guerre, le courage vaut mieux que la multitude.
Interrogez beaucoup de gens sur le parti que vous avez à prendre ; ne confiez qu'à très peu d'amis le parti que vous avez pris.
La discipline vaut mieux à la guerre que l'impétuosité.
Tout ce qui sert votre ennemi vous nuit ; tout ce qui lui nuit vous sert.
Mieux vaut une mauvaise paix que la meilleure guerre.
Les bonnes mœurs, pour se maintenir, ont besoin de lois ; les lois pour être observées, ont besoin de bonnes mœurs.
À la guerre, la ruse mérite des éloges.
L'amour de la patrie doit faire oublier à un bon citoyen les inimitiés particulières.
Le riche désarmé est la récompense du soldat pauvre.
Les bons conseils ne sont dus qu'à la sagesse.
La guerre fait les voleurs, et la paix les fait pendre.
Qui porte trop loin le désir de se faire aimer provoque le mépris.
Deux grands mobiles font agir les hommes : L'amour et la crainte.
Le hasard gouverne un peu plus de la moitié de nos actions, et nous dirigeons le reste.
J'aime mieux rester seul que de me trouver en mauvaise compagnie.
La bonté ne saurait être payée par aucun don.
Les choses qu'on veut tenir secrètes, il ne faut jamais les révéler sans nécessité.
Pécher tient à la nature de l'homme et se repentir est la vertu des anges, mais persévérer dans le crime n'appartient qu'au démon.
Les femmes sont si bavardes qu'elles ne peuvent garder un secret.
Quand le commencement d'une journée est bon, d'ordinaire la fin n'est pas mauvaise.
Un paresseux est comme un chien qui n'aboie que quand il a faim.
Mieux vaut vivre du travail de ses mains que de voler.
Tout est permis lorsqu'il s'agit de l'existence, d'autant plus qu'un métier serait trop pénible.
La nécessité ne connaît point de loi.
L'imbécile est celui qui se laisse séduire par les prières d'autrui, et ses promesses trompeuses.
Il est trop dur de restituer le bien d'autrui lorsqu'il est devenu notre propriété.
Le mal se dérobe souvent sous l'apparence du bien.
Un bon cœur meurt cent fois le jour pour un être qu'il chérit plus que lui-même.
Il n'y a rien de si caché sous le ciel qui ne se découvre à la fin.
Les amants couvrent toujours du voile de l'honnêteté leurs desseins les moins honnêtes.
Le sort du jaloux est de redouter l'orage dans un temps calme, et d'être plein de sécurité pendant la tourmente.
La femme peut tout ce qu'elle veut : sa malice est si grande qu'il vous en faudra toujours passer par où elle voudra.
Rien n'est impossible à qui veut fermement.
Le récit de nos maux nous soulage, et celui de notre joie ajoute encore à notre contentement.
Il n'y a que les trompeurs qui se méfient des autres.
Sous prétexte de nous plaindre on nous fait parler quelquefois, afin de mieux se moquer de nous.
La fortune et la nature tiennent nos comptes en balance : il ne nous arrive jamais un bonheur qu'il ne surgisse aussitôt quelque infortune en compensation.
La miséricorde de Dieu est grande et quoiqu'un homme soit grand pécheur, il ne lui faut qu'un moment pour s'en repentir.
On voit souvent qu'à un homme de mérite échoit une sotte, tandis qu'au contraire une femme sage a un fou pour mari.
Il n'y a jamais rien de si désespéré qui ne laisse encore une lueur d'espérance, quelque vaine et faible qu'elle soit.
La noblesse courtisane est un poison qui carie la liberté des peuples.
La nature fait peu de braves : on les doit le plus souvent à l'éducation et à l'exercice.
Il est plus sûr d'être craint que d'être aimé.
La calomnie irrite les hommes et ne les corrige pas.
On ne chemine jamais qu'entraîné par la force de son naturel.