Même devant un Tsar aveugle, il faut s'incliner.
Parler mal d'un Tsar, même mort, est dangereux.
Le génie est une longue patience, plus une occasion.
Une mauvaise habitude ne meurt jamais ab intestat.
Le cheval qui a une fois été monté par le Tsar hennit sans cesse.
Le Tsar est bien puissant, mais non le Tout-Puissant.
Le Tsar peut bien ébranler le globe terrestre, mais non le faire dévier de son axe.
Apprendre par cœur est bien, apprendre par le cœur est mieux.
Toute amitié rompue d'un côté l'est des deux.
La beauté est la clef des cœurs, la grâce le passe-partout.
Le Tsar est bien un cousin de Dieu, mais non son frère.
Le Tsar a le bras long, mais pas jusqu'au ciel.
L'amour est l'escalier qui mène au ciel, la foi en est le garde-fou.
Pour que l'amitié succède à l'amour, il faut que l'estime soit pourvue d'un legs important.
La poule de la Tsarine elle-même ne pond pas des œufs de cygne.
Où le Tsar veut tailler des courroies, les paysans doivent fournir leur peau.
Une plaie qui intéresse les poumons d'un blessé intéresse surtout ses héritiers.
Tout cœur qui bat trop fort s'expose à des représailles.
En matière de calomnie on se partage la besogne ; la loi frappe les coupables, l'opinion les victimes.
Les vieillards, dit-on, retombent en enfance, mais pas de bien haut !
Le propre des grandes passions est de rendre l'idée de la mort indifférente.
La véritable amitié se reconnaît à ce qu'elle ne guette dans notre coeur aucune succession à prendre et qu'elle trouve toujours, pour y faire son entrée, des voies semées de fleurs et l'arc de triomphe tout dressé.
Pour étendre son horizon le cœur le plus froid n'a besoin que d'une habile attitude. Pour agrandir une perspective à l'infini, il suffit de deux glaces placées en face l'une de l'autre.
Une femme n'est jamais plus grossière qu'une lettre, qui, si cavalière qu'elle soit, commence et finit toujours par un demi-compliment. Même quand elle ne veut plus rien de nous, elle tient encore à ce que son visage et son pied nous plaisent.
Quand la femme se marie, elle dit : « Oui. » C'est la dernière fois qu'elle prononce une phrase d'une syllabe.
On aurait tort d'envier aux sots une vanité qui leur sert d'utile dérivatif. C'est comme la crête qui en se gonflant prémunit les dindons contre l'apoplexie.
On recommande d'éviter l'esprit facile ; quant à l'esprit difficile, son nom seul le condamne. À quel genre alors se vouer ?
La plupart des lettres qu'écrivent à leurs derniers instants ceux qui recourent au suicide semblent prouver qu'ils auraient pu employer utilement encore quelques belles années, tout au moins à feuilleter des grammaires.
À la porte du Paradis terrestre fut placé un ange armé d'une épée. Rien ne peint mieux la déchéance de l'humanité que l'apparition de ce premier factionnaire.
Si l'on formait pour chaque homme un dossier des lettres d'amour qu'il a écrites pendant sa vie, il en est peu qui n'obtiendraient, grâce à ce certificat, leur entrée dans une maison de santé.
Le monde a deux poids et deux mesures, si encore il s'en servait !
Certains dévots se rendent à l'Église comme à un moulin à prières.
Toute maladie du corps social trouve plus vite des avocats que des médecins.
Un amour qui meurt de ses blessures était au moins anémique.
Quand le Tsar a la petite vérole, le pays en porte les trous.
Un seul peut être Tsar, mais beaucoup peuvent l'aimer.
Qui peut traire les vaches du Tsar en trait aussitôt le beurre et le fromage.
Si l'inconduite consiste à courir de la brune à la blonde, le plus grand débauché est le monogame, puisque pour lui une femme les résume toutes.
La logique n'est qu'une escrime. À quoi bon l'apprendre quand on ne veut pas se battre ?
Le sage est le roi de l'humanité, les autres rois ne gouvernent que des patries.
Dans la vie du cœur on est toujours volé quand on s'abandonne à aimer, toujours richement rémunéré quand on se regarde aimer.
Pas plus que la fraîcheur du gant ne dénonce la propreté de la main, la douceur des manières ne prouve la bonté du cœur. Mais c'est une grave présomption.