Toute pensée est immorale. Son essence même est la destruction. Si vous pensez à quoi que ce soit, vous le tuez. Rien ne survit après qu'on y a réfléchi.
La pensée devrait commander aux désirs et elle leur obéit.
La pensée des grands hommes est une courbe que l'on n'embrasse bien qu'après qu'elle est décrite : il arrive même à de bons yeux de ne la voir d'abord que brisée et morcelée, comme elle l'est souvent dans le détail et comme elle peut l'être dans l'ensemble par des accidents plus forts que le génie.
La pensée naît avant l'action, et l'action naît de la pensée. Il faut donc repousser les mauvaises pensées si l'on veut éviter les mauvaises actions.
La pensée est semblable au compas qui perce le point sur lequel il tourne, quoique sa seconde branche décrive un cercle éloigné. L'homme succombe sous son travail et est percé par le compas.
Une pensée bien formulée et une femme bien faite n'ont pas besoin d'ornements ; elles brillent, l'une dans sa concision, l'autre dans sa nudité.
Quand on met sur la pensée un couvercle de plomb, elle s'y condense et fait sauter la marmite.
Une pensée peut être juste et vraie et n'être pas heureusement exprimée ; mais elle n'est complète qu'à cette dernière condition.
La pensée d'hier est l'instinct de demain.
La pensée, c'est le sang de l'âme, sang blanc comme le lait d'une nourrice.
La pensée fait mal aux reins. On ne peut à la fois porter des fardeaux et des idées.
Singulier remous des idées : nos vieux maîtres de la libre pensée remontent à l'orthodoxie, et les plus brillants élèves du spiritualisme officiel s'en vont à la dérive de la libre pensée.
Que celui qui n'a jamais forcé sa pensée pour lui donner du relief jette la pierre aux moralistes.
Trop ou trop peu : deux pôles entre lesquels flottent incessamment la pensée et l'action humaines.
Une pensée qu'on ne confronterait pas à sa contradiction serait une pensée inachevée.
Quand on a fait du bien, on doit s'attendre au mal qui en est la récompense ordinaire : (c'est dur, mais malheureusement trop vrai). Si la brutalité produit des êtres vivants, comment la pensée ne produirait-elle rien ?
Une nouvelle pensée n'est le plus souvent qu'une vieille pensée sous une nouvelle forme.
Quand deux bons esprits se rencontrent dans une même pensée, c'est une preuve arithmétique de sa grandeur et de son utilité.
Chacun suit sa pensée née hier et qui mourra demain.
Je suis la trousse de secours de la pensée populaire.
Le talent, dans l'art, la science ou la pensée, ne s'élève que graduellement à la hauteur qu'il peut atteindre, tandis que le génie y parvient tout d'un trait.
Une pensée heureuse entrée dans une âme féconde est comme un bon grain tombé sur un champ fertile : elle ne peut manquer de porter des fruits.
De même qu'un nuage peut assombrir tout le ciel, une pensée amère peut assombrir toute la vie.
Il y en a qui ne se servent de leur pensée que pour faire leur métier.
La physionomie de l'expression livre presque toujours le secret de la naissance de la pensée. Si elle se dégage des profondeurs d'une méditation lente et prolongée, la pensée se montre pure, achevée, splendide comme un beau marbre, ou délicate comme un bronze charmant ; échappée å l'inspiration soudaine, elle frappera l'ail de l'intelligence comme l'éclair.
Nul homme ne peut savoir quelle pensée occupera son esprit dans quelques minutes.
Ma pensée et ma plume courent malgré moi au contact de ton nom.
Toute pensée est une avant-pensée.
Sans la pensée et le savoir, la décision est orpheline.
Les jours de cafard, peignez votre pensée aux couleurs du soleil.
La pensée est le labeur de l'intelligence, la rêverie en est la volupté.
Celui qui va jusqu'au bout de sa pensée en découvre les limites.
La pensée est la pourpre de l'âme ; le blasphème en est le haillon.
La pensée fait la grandeur de l'homme.
Il faut presser sa pensée comme une olive jusqu'à la coulée de l'huile écrite.
La pensée d'un homme est avant tout sa nostalgie.
La pensée sans poésie c'est comme un paysage sans ciel : on y étouffe.
La pensée est la pire des choses, elle en est aussi la meilleure.
Il ne faut pas vouloir écrire une pensée, il faut que la pensée force notre main.
La pensée est la clef de tous les trésors, elle procure les joies de l'avare sans donner les soucis.
Une extrême liberté de pensée ôte tout danger à la pensée.
La pensée gouverne le monde et la force le fait mouvoir : séparément, elles ne feraient rien de bon.
À force de rouler en notre esprit une pensée, nous émoussons ses aspérités, nous l'arrondissons, ainsi que fait l'Océan d'une pierre qu'il promène incessamment sur les grèves. Elle n'a plus rien bientôt de ses formes premières ni des pointes saillantes qui blessent.
Une pensée n'est guère autre chose qu'une fleur desséchée, mais l'homme a péri et la fleur reste couchée dans son herbier. Ce n'est plus que le témoin d'une vie disparue, d'une sensibilité abolie.
La femme est l'être le plus logique après l'enfant. Tous deux offrent le sublime phénomène d'une pensée unique. Chez l'enfant, la pensée change à tout moment, mais il ne s'agite que pour cette pensée, et avec une telle ardeur, que chacun lui cède, fasciné par l'ingénuité, la persistance du désir. La femme change moins souvent, mais l'appeler fantasque est une injure d'ignorant.
Toute pensée dérive d'une sensation contrariée.
Une pensée brève et précise démontre mieux la vérité que de longs développements.
Une belle pensée heureusement née, avec son expression juste, se grave dans la mémoire, se peint dans l'imagination et reste dans l'oreille comme un chant caractérisé.
La même pensée peut naître dans deux intelligences, mais l'expression est le bouquet du cru.
Si l'on ne regarde un homme que de profil, on ne sait jamais s'il louche ; ainsi de la pensée : il faut la voir de face, et même en faire le tour.
La pensée est l'enfant de l'intelligence, enfant conçu avec joie, et engendré avec joie.
La force de la pensée est la lumière de la connaissance.
La pensée, c'est le nec plus ultra d'un être, c'est la dernière limite de son horizon.
Dans la direction du cœur, le chemin doit toujours faire un détour par la pensée.
La pensée seule a le droit de commander à la pensée.
Dans certains cas, notre pensée est notre plus grande ennemie.
Les hommes qui ont une pensée de derrière la tête et qui ne la disent pas ont plus de chance que les autres de faire leur chemin dans le monde.
Si notre essence est la pensée, la pensée doit demeurer toujours supérieure à la passion, la conduire, la régler, en réprimer les excès et les intempérances. Les passions sont toutes bonnes de leur nature, mais il faut savoir s'en servir, et dès qu'elles sont insoumises, elles sont les plus dangereuses ennemies de notre bonheur et de notre sagesse.
La pensée d'un solitaire est capable de remuer le monde.
On voudrait parfois mettre une sourdine à sa pensée.
La seconde pensée est souvent la meilleure?