Philippe-Auguste de Sainte-Foy (2)

Les citations célèbres de Philippe-Auguste de Sainte-Foy :

Qui veut faire le vrai bien de l'État doit plus songer à peupler les campagnes qu'à former de grandes villes. Se réduire à donner le spectacle d'une grande ville à l'étranger, c'est lui dire, voilà toutes nos richesses.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Il faudrait un hasard bien extraordinaire pour qu'après avoir bouleversé une maison elle se trouvât rebâtie à neuf ; c'est ce qu'on attendait du système ; mais il n'a fait que mettre en haut ce qui était en bas, et en bas ce qui était en haut.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Les révolutions dans un État sont comme les faiblesses à un malade : il en soutient quelques-unes, mais à la fin il y succombe.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Les esprits forts sont comme les gens ivres, qui veulent toujours faire boire ceux qui sont de sens froid.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Qui n'a qu'une sorte d'esprit n'a point d'esprit.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Qui ne cause que pour faire causer un sot, et rire ensuite à ses dépens, ne ferait-il pas mieux de se taire ?

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

L'entendement est une activité de l'âme qui aperçoit plusieurs objets d'un seul regard. Il est à l'âme ce que les yeux sont au corps.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

L'émulation est extraite de l'envie comme certains remèdes sont extraits de quelques poisons. L'utilité de ses effets nous ferme les yeux sur son principe.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Être digne d'une place qu'on sollicite devrait être le moyen le plus sûr pour l'obtenir ; puisque c'est celui d'avoir le moins de concurrents tels que soi.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Dans les affaires l'éloquence est un piège de plus qui peut faire chanceler l'équité. Elle entraîne par la voie de la persuasion, et mène souvent à l'erreur, même en montrant la vérité.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Pour avoir de la considération à la Cour, il faut ne rien demander, ou tout obtenir.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

L'habitude de voir arriver des malheurs que nous n'avons jamais essuyés, et que rien ne nous annonce, nous endurcit pour ceux qui en sont accablés.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Nous ne sommes jamais si peu occupés de l'adversité d'autrui qu'au moment où elle nous est commune.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

La compassion, ce sentiment qui honore tant l'humanité, est aussi de tous le moins durable. II fuit avec l'objet qui l'a fait naître.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Le luxe est à la suite du commerce comme le mal est à la suite du bien.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Avant de savoir commander, il faut, dit-on, savoir obéir. Ne serait-il pas plus juste de se dire qu'il faut et savoir ce qu'on commande, et savoir se faire obéir ? Le Grand Condé ne savait trop obéir et ne commandait pas mal.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Le plus sûr moyen de réprimer la colère dans les grandes âmes, c'est de lui opposer une résistance noble et vigoureuse ; mais dans les âmes faibles, il est presque également dangereux de la heurter de front ou de lui céder tout-à-coup : ce n'est qu'en se battant, pour ainsi dire, en retraite, qu'on parvient à la calmer.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

La colère a presque les mêmes effets que ce qu'on prend pour l'amour. Elle s'allume par la présence de l'objet qui l'excite, et s'affaiblit par son éloignement : elle se modère lorsqu'elle s'est exhalée ; enfin, elle s'éteint par l'habitude de voir l'objet qui l'avait fait naître.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Un homme caustique n'est pas encore méchant, mais il n'a plus qu'un pas à faire. Il a déjà le pied en l'air, c'est le moment de le fuir.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

On ne se laisserait pas d'être véritablement heureux, mais on se lasse de tout ce qu'on a cru qui devait rendre heureux.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

L'absence du mal est un état de médiocrité dans le bonheur que les gens que l'on croit heureux ne voient pas toujours sans envie.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Le bonheur et le repos résultent l'un de l'autre, et ne sont, pour ainsi dire, qu'une même chose ; mais il ne faut pas confondre le repos avec l'inaction. Le repos de l'âme est dans un mouvement régulier, que rien ne suspend, et que rien ne précipite.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Nous cherchons à découvrir le bonheur comme un astronome cherche à découvrir une étoile. Imbéciles que nous sommes ! Baissons les yeux : il est bien souvent à nos pieds, et nous passons dessus chaque jour sans daigner le regarder.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Il n'est personne qui ne se dise : Je veux être heureux ; mais presque tout le monde se met en chemin pour arriver au bonheur, sans s'informer seulement quelle route il faut prendre. Est-il surprenant que tant de gens s'égarent en ce monde ?

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Il est un imposteur qui s'empare des traits et du nom de l'amour pour nous séduire. Il nous conduit à la porte du temple de la volupté, mais aussitôt qu'elle s'ouvre il éteint son flambeau, rit et s'envole. Heureux ! quand la raison vient nous donner la main, et qu'elle nous ramène au même endroit où le perfide nous avait pris.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

On va voir comme une curiosité deux personnes qui s'aiment véritablement. On y va une fois, rarement on y retourne ; elles ennuient.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Un homme vertueux, une femme estimable, plus unis encore par le bonheur dont ils jouissent que par leurs serments, se séparent volontiers de la Société pour être entièrement l'un à l'autre ; mais ils ne sont pas perdus pour elle, ils peuvent y servir d'exemple.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Deux choses décèlent les amants, le désir et la jalousie ; car l'un et l'autre sont inséparables de l'amour. L'espèce d'indiscrétion qui en résulte se pardonne entre deux personnes qui s'aiment bien, parce qu'elles en sont également coupables.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Ceux qui ne connaissent pas l'amitié ne connaissent pas l'amour, car l'amour véritable n'est autre chose que l'amitié, plus le désir.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Dans la prospérité un ami est un préservatif qui en empêche l'ivresse ; dans l'adversité, c'est un trésor qui en arrête l'effet.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Qui dit, un tel est mon ami, et dit vrai, fait à la fois son éloge et celui de son ami. C'est comme s'il disait, un tel et moi sommes vertueux, nos caractères se convenaient, et nous nous sommes connus.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Le bon accueil que les Grands font aux petits est un tribut que la grandeur doit à l'humanité. Les Grands l'honorent quand ils s'en acquittent.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

L'intérêt est un maître dont les leçons sont bien rapides. Ce serait un grand maître s'il ne s'aveuglait pas trop souvent sur lui-même.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

La littérature a ses conquérants, ses héros, et ses grands hommes. Les premiers sont funestes à l'humanité, les seconds l'exposent, les derniers seuls la conduisent avec sagesse. On peut d'après cela, se choisir son modèle.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Je suis encore assez imbécile pour croire qu'il est des choses sur lesquelles il ne faut rien innover, et que plus on y a réfléchi, plus on doit garder le silence.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

À force de nous inspirer de l'émulation, ne nous soumet-on pas trop à l'empire de l'exemple ou à celui de l'orgueil ? Car alors on ne fait plus le bien pour le bien même, ce n'est qu'un modèle que l'on fuit, ou que l'on veut donner.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

On ne voit dans l'esclavage que de la faiblesse ou du désespoir, et dans l'indépendance que de l'aveuglement et de la férocité.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

La déclamation est une musique vocale, comme la musique vocale est une déclamation. Chacune a son harmonie, toutes deux naissent des passions, et servent à les peindre.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Il y a bien des ouvrages qui sont comme les ordonnances des médecins, où les plantes les plus communes reçoivent des noms barbares.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Le vulgaire ne s'aperçoit guère qu'il vit qu'au moment où il va cesser de vivre, et ce vulgaire est de toute classe sociale.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Les âmes pieuses devraient regarder la mort comme le passage du mal au bien, et les prétendus esprits forts comme le passage du mouvement au repos.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Ceux qui disent qu'ils craignent la mort parce qu'ils craignent l'Éternité, feraient mieux de s'occuper de l'Éternité que de s'occuper de la mort.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Le grand usage du monde et la connaissance de ce qui s'y passe tiennent lieu souvent dans la société de talents, d'esprit, et même de vertus ; mais lorsqu'il faut causer avec soi-même, cette connaissance, cet usage ne tiennent plus lieu de rien.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Plus l'indignation est juste, plus la modération est admirable.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Haïr tous les hommes est une injustice pour quelques-uns, un excès de sévérité pour quelques autres, et toujours un malheur pour soi-même.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Le mérite ainsi que l'or a sa pierre de touche. Il y a bien autant de fripons sur l'un que sur l'autre.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Le sage ne méprise point les richesses, il les craint.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Ce n'est pas mépriser la vie que de lui préférer l'honneur, c'est l'apprécier tout ce qu'elle vaut.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

L'existence est un malheur pour qui ne mérite que du mépris.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Pour tirer d'un bon esprit tout ce qu'il est capable de produire, il faudrait qu'il eût une mémoire parfaite, ou qu'il n'en eût point du tout.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Les méchants ont cela de commun avec les honnêtes gens qu'ils ne peuvent être trop connus.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

La mémoire n'a pas perdu tout ce qu'on lui demande chaque jour, mais l'attention n'y grave pas tout ce qu'on voudrait qu'elle conservât.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

Le luxe est la ruine des Républicains, l'appui du trône, si l'autorité le contient dans de justes bornes, et le dédommagement des esclaves qui végètent sous le joug du despote.

Philippe-Auguste de Sainte-Foy - Mes loisirs, ou pensées diverses (1755)

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